ENTRE 4 MURS

ENTRE 4 MURS partie 49

Nina ! Marc n'a jamais entendu parler de Nina...

- « Qui est Nina ?

- Un vrai courant d'air. Elle traîne dans la rue depuis plus de 2 ans. Une gamine sans histoire.

- Où je peux la trouver cette Nina ?

- Je n'en sais rien, en fait c'est elle qui nous trouve, jamais l'inverse ; un vrai courant d'air je te dis, même moi je ne sais jamais quand je vais la voir.

- Tu lui as déjà parlé, qu'est-ce que tu sais sur elle ?

- Elle a le cœur sur la main cette petite. Souvent je retrouve un croissant près de moi. Je ne la vois jamais le déposer, pourtant je sais que c'est elle. L'année dernière, j'ai été malade, j'avais de la fièvre. Une nuit, j'ai senti une main sur mon front. Lorsque j'ai ouvert les yeux je l'ai vu partir, c'est là qu'elle m'a dit qu'elle s'appelait Nina. Le lendemain, j'avais des médicaments près de moi.

- Et ce matin tu l'as vu ?

- Le bruit du camion des éboueurs m'a réveillé et je l'ai aperçu tourner au coin de la rue du Docteur Massenat juste avant de voir votre Lucie.

- Il était quelle heure ?

- Peu après 6 heures. Je ne peux rien t'apprendre d'autre, je n'en sais pas davantage.

- Merci Dédé, si jamais tu la vois fais-moi signe.

- Si je peux aider..."

Je me suis assoupie, lorsque je me réveille, elle est là, assise à côté de moi, elle me sourit. C'est bizarre, cette fille me fait penser à moi, la pièce dans laquelle elle vit, sa solitude. Elle aussi se cache. Pour la toute première fois je me sens en sécurité. Elle est bien plus jeune que toutes les personnes que j'ai rencontrées jusqu'à maintenant.

- « Je nous ai préparé un vrai festin, j'espère que tu aimes les fraises ? En fait ce sera soupe et fraises à la chantilly.(Elle a fait la soupe et moi je n'ai rien entendu. Ça faisait longtemps que je n'avais pas aussi bien dormi.)

- je t'ai préparé la soupe de ma grand-mère, c'est ma soupe préférée. On a eu de la chance, j'ai pu récupérer tous les légumes à la fin du marché. Les marchands jettent toujours les invendus en fin de vie.

J'ignore de quoi elle me parle mais je l'écoute. Mes yeux parcourent la pièce je remarque une double porte que je n'avais pas vue. Elle a suivi mon regard.

- « Derrière celle-ci il n'y a que des pièces vides qui donnent sur la rue principale. Je n'y vais jamais je ne veux pas me faire repérer. Par contre derrière celle-là, il y a mon trésor ! »

Elle ouvre la porte et là, surprise ! une bibliothèque remplie de livres.

Je m'approche et parcours les tranches. Beaucoup de livres de médecine, des atlas et des romans. Et là au milieu de tous, un qui attire particulièrement mon attention : Robinson Crusoë.

- « c'était mon livre préféré lorsque j'étais plus jeune, me dit-elle.

- C'était mon seul livre ! »

Combien de jours, combien de nuits j'ai passés avec Robinson. Il était toute ma vie jusqu'à ce que je découvre qu'il y avait autre chose. Que la vie ne se résumait pas à une pièce, ne se résumait pas à attendre le retour de papa.

Je ne peux retenir les larmes qui coulent sur mes joues, je me sens désemparée.

Marc remonte la rue du Docteur Massénat dans l'espoir de trouver un indice, mais quoi ?  Que chercher ? Qui est cette Nina ? Il croyait connaître tous les SDF. Il patrouille tous les jours dans Brive, pourquoi ne l'a-t-il jamais remarqué ? Ce qui le rassure c'est qu'apparemment elle est stable, elle vit sur Brive depuis 2 ans. Si elle est avec Lucie, elles ne doivent pas être loin.

- « Didier, c'est Marc. Prends un gars avec toi et faites le tour des associations qui s'occupent des SDF. Il faut retrouver une certaine Nina, qui traînerait dans les rues de Brive depuis deux ans. Lucie est peut-être avec elle. C'est la seule piste que nous avons pour l'instant.    Les grands-parents sont arrivés ?

- Oui, Christelle les fait patienter. La mèche de cheveux est entre les mains du labo. »