ENTRE 4 MURS Partie 41

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Toc toc

      - « Es-tu prête ?

Véro vient de rentrer dans ma chambre. Oui je suis prête (enfin je crois), il faut que je me concentre sur mon objectif : repérer tout ce qui pourra m'aider dans ma fuite et ma survie à l'extérieur.

      - Oui.

      - Je suis heureuse que tu parles enfin. Tu sais si tu as besoin de parler ou de quoi que ce soit, je suis là .

Je ne dois rien montrer, personne ne doit se douter de mes intentions. Dans le doute, je dois tous les considérer comme des ennemis potentiels.

      - En fait, il y a bien quelque chose...mais je ne sais pas si...

      - Demande, on verra bien.

      - J'aurais aimé visiter l'hôpital, pouvoir m'y repérer pour le jour où je serai prête à sortir de ma chambre seule.

     - Allez, suis-moi ! On a 10 min devant nous, le docteur n'aime pas les retards. Je te montre vite fait cet étage puis l'accueil et les boutiques. Ici tu es dans le pôle rééducation, cette porte que tu as prise avec le policier est en fait une issue de secours, normalement tu ne dois jamais sortir par là mais par l'accueil . Donc ici ce sont des chambres, elles sont toutes occupées par des patients."

On traverse un long couloir jaune, chaque couloir a une couleur différente. Plusieurs chambres ont la porte ouverte. Dans celle-ci, un vieux monsieur ; dans celle-là, un homme, la quarantaine, puis une jeune femme, je ralentis le pas, observe. Elle a à peu près la même taille que moi. Chambre 32, couloir jaune, il faut que je retienne, chambre 32, couloir jaune, ch...

      - « Lucie, ça ne va pas ?

      - Si, tout va bien, ça me fait toujours un peu peur de sortir de ma chambre.

      - Ne t'inquiète pas, il ne peut rien t'arriver et puis je suis là !

      - Ici c'est un petit salon avec une télé et des magazines. Tout le monde peut y aller, les patients, leur famille et toi si tu le veux. Il y a un distributeur d'eau, viens je te montre comment il fonctionne. (Elle glisse un gobelet sous le « robinet » et appuie sur un bouton.) Celui-là pour l'eau tempérée, celui-ci pour l'eau très froide."

Elle me tend le verre et nous ressortons du petit salon puis continuons notre excursion. Nous passons devant le bureau des infirmières et nous dirigeons vers l'ascenseur. Lorsque la porte s'ouvre une désagréable sensation me saisit...Je ne peux pas, c'est plus fort que moi...tout mon corps se met à trembler et Véro remarque mon angoisse.

      - "Nous pouvons aussi passer par l'escalier mais c'est plus long. Tu sais, tu vas d'abord allez à ton rendez-vous et ensuite, ce sera ma pause, je viendrai te chercher et t'amènerai à l'accueil principal.( Nous empruntons un nouveau couloir, bleu clair celui-là, passons devant de grandes vitres.)Ici c'est le centre de rééducation, il y a une piscine, des salles d'exercices."

Une piscine, comme ce doit être agréable de savoir nager ! Encore une chose que je ne sais pas faire. Je m'arrête un instant devant la vitre. Un monsieur sort d'une salle en maillot de bain, un autre y entre tout habillé, pas en pyjama comme tous les patients que nous avons vus.

      - "Ce n'est pas un patient ?

      - Si, mais il vient de l'extérieur. Quand les patients vont mieux, ils rentrent chez eux mais continuent à venir en rééducation tant qu'ils en ont besoin. Il vient d'entrer dans le vestiaire pour se changer."

Moi, ce que j'ai surtout remarqué, c'est qu'il était rentré avec une sacoche et je sais que sans argent, je ne pourrais pas survivre à l'extérieur. Mais comment accéder aux vestiaires sans me faire remarquer. Et puis la nuit, il doit y avoir personne ! Je dois trouver une autre solution.

      - "Tu es encore dans la lune ?

      - Les infirmières aussi ont des vestiaires ?

      - Quelle drôle de question ? Bien sûr, nous avons une salle avec des casiers au sous-sol."

Des casiers ! Sûrement fermés à clé...

      - "Là tu as un distributeur de boissons et un de friandises."

Des personnes sont devant. L'une d'entre elle, une patiente introduit des pièces dans la machine, appuie sur des touches et obtient un paquet de gâteaux.

      - Je n'ai pas de pièces moi !

      - Je sais Lucie, mais tant que tu es ici, tu n'en as pas besoin.

      - Et après ?

      - Tu vas bientôt rencontrer une assistante sociale. Elle t'aidera à préparer ta sortie.

      - Bientôt ? C'est quand ?

      - Je ne sais pas encore.

Je ne la crois pas, je sais que je suis leur prisonnière, jamais ils ne me donneront de l'argent et me feront sortir. Je dois me débrouiller seule et continuer à faire semblant.

      - Voici le bureau du docteur, assieds-toi dans la salle d'attente, ici. Je le préviens que tu es là. Je reviens te chercher tout à l'heure. »

Il reste juste un siège de libre. J'ai l'impression que tous les regards se tournent vers moi. Surtout ne pas les regarder, je sens la peur m'envahir à nouveau. Il faut que je pense à autre chose. Chambre 32 couloir jaune, chambre 32 couloir jaune....

      - « Lucie ! Tu peux entrer. »

Je n'ai pas envie de lui parler et rien ne m'y oblige d'ailleurs.

      - « L'infirmière m'a dit que tu lui avais enfin parlé, c'est super ! Tu fais de gros progrès. Et je suis très heureux que tu aies demandé à sortir de ta chambre. C'est un pas vers ta liberté ...»

Il vient de confirmer malgré lui que je suis bien prisonnière puisque je ne suis pas libre. Je ne l'écoute plus, j'observe. Derrière lui, à droite un porte-manteau sur lequel est pendue une veste. Dans la poche je vois dépasser un portefeuille.

      - « Lucie ! Tu m'écoutes ?

Je me ressaisis et le regarde.

      - je crois que tu as eu beaucoup d'émotions pour aujourd'hui. (son bip sonne) . Attends ici, j'ai une urgence, je demande à l'infirmière de venir de raccompagner. »

Il sort du bureau et laisse la porte légèrement ouverte. C'est maintenant ou jamais...je me précipite sur le portefeuille et en retire 2 billets avant de me rasseoir.

ENTRE 4 MURSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant