ENTRE 4 MURS

ENTRE 4 MURS Partie 46

      - « Oh ! Qu'est que tu fous là ? Eh debout !!! »

Quelqu'un me secoue. J'ouvre les yeux, tout me revient soudain, le parc, le banc sur lequel j'ai eu tant de mal à m'endormir....Je sursaute, je suis encore un peu dans le flou et cette silhouette penchée au-dessus de moi. J'ai un mouvement de recul.

      - « C'est bon ! J'vais pas t'bouffer ! »

Près de moi se tient une jeune femme. Elle a l'air d'avoir dormi dehors elle aussi. Que me veut-elle ? Qui est-elle ?

      - « Oh ! Faut qu'tu bouges ! Sinon tu vas te faire ramasser ! »

Je ne comprends rien à ce qu'elle me dit et elle le remarque à la façon dont je la regarde

      - « Tu comprends ce que j'te dis ? »

Je fais oui de la tête...

      - « Mais d'où tu débarques toi ! Oh ! Tu pourrais répondre ! »

Je regarde autour de moi, la ville est encore paisible, il n'y a que nous dans le parc.

Les traits de la jeune femme se radoucissent, elle a compris que je suis complètement perdue, que j'ai peur.

      - « Il ne faut pas que tu restes ici si tu ne veux pas te faire remarquer. Il est 6 heures et les jardiniers vont arriver. S'ils te voient, ils vont appeler les flics. Viens suis-moi, c'est ma tournée....Allez ! Bouge ! Je ne te ferai pas de mal ! Après tout c'est toi qui décides !»

Que faire ? Je ne connais rien à la ville, rien à la vie en dehors de ma chambre et à voir ses vêtements, ça doit faire longtemps qu'elle vit dans la rue. Elle aussi doit certainement fuir quelque chose. J'hésite. Elle est déjà à une vingtaine de mètres.

      - « Au fait, moi c'est Nina ! »

Elle ne s'est pas retournée et continue d'avancer. Seule je ne m'en sortirai pas c'est une certitude. Mais puis-je lui faire confiance ? Elle se trouve à une cinquantaine de mètres à présent, elle va bientôt sortir du parc. J'entends un véhicule s'arrêter : sûrement les jardiniers. Je ne dois pas rester ici. Je me lève, attrape mon sac et décide de la suivre....à distance. La ville semble se réveiller. Des volets s'ouvrent, les lumières des rues s'éteignent. Un camion s'arrête régulièrement pour prendre les poubelles. Je sursaute à chaque nouveau bruit. Je rase la façade des habitations, les vitrines des magasins. Je ne pensais pas qu'il y avait tant de chose à découvrir.... La distance qui me sépare de Nina s'est accentuée. Il faut que j'accélère le pas. Elle ne s'est pas retournée, n'a pas vu que je la suivais. La ville me paraît être un vrai labyrinthe, je ne sais pas combien de fois nous avons changé de rue, que des petites ruelles. A vrai dire, je me sens encore plus perdue. Elle vient de tourner à nouveau à droite. Je ne dois pas la perdre. J'accélère encore, arrive au coin de la rue mais ne la vois plus. L'angoisse m'envahit à nouveau, je cours, regarde à gauche, à droite dans les différentes ruelles mais pas de Nina. Ce n'est pas possible ! Je ne sais même pas où je suis. Une porte s'ouvre, une vieille dame sort avec son chien.

      - «  Eh bien jeune fille, ça n'a pas l'air d'aller !»

Je ne dois pas me faire remarquer....

      - « Je suis en retard ! »

J'accélère encore le pas, ne lui donnant pas le temps de m'observer davantage et me réfugie à l'angle de la rue toute proche. Je m'arrête. Que faire maintenant ? J'attends que la dame finisse de sortir son chien et reviens sur mes pas.

Soudain Nina, sortie de nulle part me transit.

      - « Je t'ai dit que c'était ma tournée ! »

Elle me tant quelque chose. Je reprends mon souffle et l'observe.

      - « Ne me dis pas que tu n'a pas senti cette bonne odeur ! »

De quoi me parle-t-elle, quelle odeur ? Je retrouve un peu de calme. Comment j'ai pu ne pas sentir cette délicieuse odeur....

      - « Je connais l'employé, tous les matins il me donne des croissants. Viens, faut pas rester là ! Faut pas que son patron nous voie. Tiens, mange ! »

Elle est déjà repartie. Elle a glissé le croissant dans ma poche sans que j'aie eu le temps de réagir. Cette fois, je la suis de plus près, l'écart entre nous ne dépassera pas 5 mètres. Je ne sais pas où elle va mais je n'ai nulle part où aller.

Marc n'a pas dormi. Il connaît bien cette impression, jamais elle ne l'a trompé. Il a un mauvais pressentiment....Ce n'est pas ce que lui a dit son collègue et ami qui le travaille. C'est autre chose. Mais quoi ? Aujourd'hui les grands-parents de Lucie vont arriver et....son portable sonne.

      - « Oui, c'est bien moi ! Comment ça disparue ? Chercher dans tout l'hôpital, j'arrive ! »