ENTRE 4 MURS partie 20

133 17 0
                                    

Dans une chambre d'hôpital :

Je ne veux parler à personne, le méchant docteur dit que papa est un menteur, qu'il ne sait pas pourquoi je suis restée enfermée pendant 14 ans dans une pièce sans fenêtre à croire que le monde avait disparu. Qu'il n'y a pas de monstre, que nous ne sommes pas en 1960 mais en 2015...Ce n'est pas possible, je suis en train de rêver, je vais me réveiller et papa sera là. Il faut que je me réveille. Je les entends les monstres, ils sont là tout autour, tous ces bruits, toutes ces choses...J'ai si peur. Je veux retourner chez moi.

Toc toc....


- « Bonjour ma puce, c'est Marc, comment vas-tu ? (je ne réponds pas, je ne veux plus leur parler). Le docteur m'a dit que tu ne voulais plus parler, je comprends, tu dois être effrayée. Ce ne doit pas être facile de réaliser tout ce qui se passe (je sers Février encore plus fort contre moi, je me suis réfugiée sous la couverture). Tu sais, j'ai un service à te demander, j'ai besoin d'examiner ton nounours. Tu veux me le prêter ? »


Il ne me prendra pas Février, je ne le laisserai pas faire.

- « Si tu veux que je retrouve ton papa, il faut que tu me laisses examiner ton nounours. Promis je te le ramène dès que possible. Regarde ce que je t'ai amené ! »

Je ne bouge toujours pas. Je n'ai pas envie de lui parler, pas envie qu'il me prenne Février mais je veux papa. Je sens la couverture se soulever légèrement, une main dépose quelque chose puis se retire. On dirait une fraise mais elle est bizarre.

- « c'est un bonbon, moi je les adore. (j'entends un paquet que l'on froisse) hummmm c'est drôlement bon. Je suis sûr que tu n'a jamais mangé des fraises comme ça. Sent comme elles sentent bon ! »

Il glisse le paquet près de moi puis se tait. J'attends, peut-être qu'il est parti ! Le silence, plus rien ! Rien à part cette délicieuse odeur. Je ne peux résister plus longtemps, j'attrape la fraise sur le lit, la goûte du bout de la langue. Je n'ai jamais rien mangé d'aussi bon, et sans en prendre conscience ma main replonge plusieurs fois dans le paquet.

- « Tu vois que c'est bon, toi aussi tu aimes ça. Si tu me prêtes ton nounours, je te ramènerai d'autres friandises en te le rapportant.

- Tu vas retrouver papa ?

- J'essaie ma puce, je fais tout pour. Fais-moi confiance, tous les gens que tu vois ici veulent t'aider et même si ce n'est pas facile, il faut que tu prennes conscience des choses qui t'entourent et du vrai monde dans lequel on vit.


- Papa m'a vraiment menti ? (Je sors timidement la tête de sous la couverture).

- Je suis désolée ma puce, quand nous le retrouverons il pourra nous expliquer pourquoi il a fait ça mais en attendant il faut que tu me fasses confiance.

- Pourquoi tu veux me prendre Février ?

- Je ne veux pas te mentir, je pense qu'il y a une caméra dans son œil.

- Une caméra ?

- Oui, tu te rappelles, tu m'as dit qu'une fois tu avais dansé dans la semaine et le dimanche tu n'avais pas dansé. Ton papa n'était pas là, il ne pouvait pas savoir ce que tu avais fait en son absence, sauf s'il enregistrait.

- Je ne comprends pas ce mot

- La musique que tu écoutais, c'était un son enregistré sur un disque. Et bien papa enregistrait tout ce que tu faisais avec une caméra placée dans l'œil de ton nounours. (je ne comprends vraiment rien et à la façon dont je le regarde, je vois bien qu'il a compris). Tu as déjà vu une télé ? Un ordinateur ? (Je ne connais aucune des choses dont il parle, je me sens de plus en plus étrangère à ce monde) J'ai une idée, veux-tu voir une télévision ? C'est comme une fenêtre dans laquelle tu peux voir plein de choses qui sont enregistrées très loin d'ici, il y en a une dans la salle d'à côté.

Il me tend la main. Dans ces yeux je vois de la douceur, mais est-ce que je suis capable de reconnaître la méchanceté, ai-je raison de lui faire confiance ? J'ai envie, j'ai besoin de me raccrocher à quelqu'un et ce sera lui. Je sens au fond de moi que ma survie dépend de lui et même si j'ai peur, ai-je le choix ?

Je me lève, prête à le suivre, enfin presque...mes jambes se remettent à trembler. Il voit mon air effrayé et m'attrape la main sans que j'aie eu le temps de réagir. Il n'y a que papa qui m'ait pris la main pour valser, mais la sensation est différente, je dirai plus douce, plus.....Ne me lâche plus Marc, ne me lâche plus, ce n'est pas le monde qui s'écroule, c'est moi....

- Docteur, venez vite, la petite a fait un malaise !

Je vous avais dit d'y aller doucement. Elle n'est pas prête. Vous êtes pourtant la seule personne avec qui elle communique, la seule personne en qui elle a entièrement confiance. Je vais lui donner un sédatif, elle est épuisée. Profitez- en pour prendre son nounours et essayez de le lui ramener avant qu'elle ne se réveille.

ENTRE 4 MURSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant