Chapitre 1 : Bienvenue en Italie.

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Juin | Naples, Italie

La musique qui résonne dans mes oreilles et le livre que je tiens entre mes mains agissent comme des portes vers un autre monde, m'arrachant à la réalité que je préfère éviter. — Qui pourrait réellement apprécier cette situation ?

Mon père a eu la brillante idée de nous faire déménager en Italie pour sa nouvelle femme. Il s'est imaginé qu'en mettant notre maison en vente et en nous embarquant à Sorrente, le soleil italien serait notre source de renouveau. 

Nos opinions sur la question sont radicalement divergentes. J'avais mon petit quotidien à Paris, avec mes amis et mes activités, comme m'asseoir dans les jardins des Tuileries pour des discussions sans fin, ou me perdre dans les allées du Louvre à observer les touristes se presser devant la Joconde. 

Je me souviens des soirées passées au café de Flore, où nous parlions de tout et de rien, riant aux éclats. Tout cela m'est arraché par la décision d'un homme qui prétend vouloir mon bien-être.

Cela fait plus de deux heures que je vois la même vue. Un mouvement à ma gauche attire mon attention.

La main de mon père s'agite frénétiquement. Je retire mon casque et reviens à la réalité.

— Nous approchons de Naples, m'annonce-t-il avec un sourire bienveillant qui souligne les rides au coin de ses yeux. Avant de quitter Paris, il est passé chez le barbier. Malgré son sourire, ses yeux bleus trahissent son inquiétude. Je suis sûre qu'il remet en question sa décision dans son esprit.

— Génial, dis-le moi quand nous serons posés, réponds-je avec un sourire bref. Il doit sûrement stresser à l'idée que mon tempérament prenne le dessus. Il sait qu'avec moi, soit cela passe, soit cela casse. — Quelle idée de partir vivre chez des étrangers que je n'ai jamais rencontrés.

— Tu verras, l'Italie te plaira, ajoute-t-il avant de replonger dans sa lecture.

Je l'observe quelques instants, me demandant s'il se rend compte de ce qu'il me demande. Mes amis me manquent déjà, et je redoute de devoir m'intégrer dans une nouvelle famille. L'idée que je ne les apprécie pas doit le tracasser. 

Du moins, je l'imagine. Je persiste à penser que ce déménagement est inutile. Tout cela n'est qu'une grotesque plaisanterie.

— Si tu le dis, je replace mon casque sur mes oreilles, augmentant légèrement le volume de ma musique. 

Les bruits ambiants de l'avion, les annonces du personnel de bord et les murmures des autres passagers se dissipent alors que je m'enfonce dans ma bulle sonore.

 Une hôtesse passe avec un chariot de boissons, et je la regarde distraitement distribuer des jus et des cafés. La chanson change, et les premières notes de "Say Yes To Heaven" de Lana Del Rey résonnent, me plongeant encore plus dans ma mélancolie.

Je pense à la dernière conversation que j'ai eue avec mon meilleur ami, Jules. Il m'a fait promettre de lui envoyer un maximum de photos lorsque je serais enfin installé.

L'avion atterrit enfin, me permettant de déplier mes jambes endolories après deux heures et demie de vol. La rigidité des sièges n'a fait qu'aggraver mon mal de dos.

Cela fait maintenant vingt minutes que je traîne ma valise, tournant en rond dans l'aéroport parce que mon père peine à déchiffrer les indications en italien. 

Les annonces en italien résonnent dans les haut-parleurs, se mêlant au brouhaha incessant des voyageurs. Les panneaux électroniques clignotent de toutes les couleurs, ajoutant au chaos ambiant. 

Je commence sérieusement à douter de la notion de « ressourcement » qu'il avait évoquée il y a quelques jours. Plus nous avançons, plus l'idée de faire demi-tour et de rentrer en France me semble séduisante.

Dis-moi que tu m'aimes [ TERMINÉ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant