Chapitre 31 : Besoin de s'évader

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Le regard dans le vide, je fixe mon assiette de brocoli. Je sais que mon père et Giuseppa conversent ensemble, mais je ne les écoute pas du tout. Ces dernières heures, beaucoup de choses se trament dans ma tête. À ma droite, Illona se resserre de la salade.

— Je vais retourner à Paris, lâché-je soudainement.

Je ne m'attendais pas à ce que tout le monde s'arrête de manger.

— Attends, quoi ? balance Illo.

Maintenant que je me rends compte que toute l'attention est rivée sur moi, j'ai du mal à trouver mes mots.

— ... Je pense que j'ai besoin de faire un séjour à Paris. Jules m'a proposé d'aller le voir une semaine pour l'anniversaire de Nathan.

— Non, intervient mon père.

Je le fixe :

— Alors toi, tu n'as pas le culot. Hier tu m'as littéralement balancé à la gueule de retourner en France si je n'étais pas contente de vivre ici.

Giuseppa regarde mon père avant de me regarder de nouveau :

— Joseph, si Eve veut partir quelques jours en France, pourquoi tu ne la laisses pas partir ?

— Je parlais d'aller chez sa mère, pas avec ses amis. J'adore Jules, vraiment. Mais, avec lui, je sais que vous allez faire que des conneries.

Je soupire et m'enfonce dans mon siège :

— J'avais oublié que ces derniers temps, il n'y avait que ta petite personne qui comptait.

Mon père tape du poing sur la table en plantant son regard dans le mien :

— Je m'efforce de ne pas m'énerver avec toi, Evelyne, mais ça commence à être vraiment compliqué.

— Eve, déclarai-je.

— Evelyne. On t'a appelé EVELYNE à ta naissance, c'est ton prénom que tu le veuilles ou non.

— C'est vrai que si tu ne contrôles pas ma vie de A à Z, tu n'es pas content, craché-je en posant mes couverts.

Il en fait de même :

— Tu cherches à faire quoi, hein ? Dis-moi Evelyne, tu attends quoi de moi ? Que je te coupe les vivres ? Que je te dégage de la maison ? Dis-moi, vas-y. Parce que tu as tendance à oublier que tu ne travailles pas, que tu n'as pas un rond. Sans moi, tu serais sûrement en train de traîner dans les rues de Paris à faire la pute.

— Joseph, intervient Giuseppa.

— Wow, alors c'est comme ça que tu me vois ? Comme une sangsue qui vit à ton crochet. Tu n'es pas croyable toi. Qui a vécu sur le dos de l'autre pendant un an ? Tu essaies de te faire passer pour le petit ami modèle, mais tu oublies vite d'où tu viens et dans quelle galère tu nous as foutus.

— Et j'essaie de me rattraper pour ça, déclare-t-il.

— En te fiançant et en attendant un autre gamin ?

— Qu'est-ce que tu attends de moi alors ?

— Je voulais que tu reprennes tes esprits, je voulais que tu te réconcilies avec maman. Pas que tu nous embarques dans un autre pays pour en épouser une autre.

— On ne va pas revenir là-dessus.

— Tu me dois la vérité. Après tout ce que tu as fait, tu me dois au moins ça.

— Je ne te dois rien. Tu as tendance à l'oublier. Alors, tu veux te casser à Paris, vas-y, mais ne va pas me dire comment je dois gérer ma nouvelle vie.

Dis-moi que tu m'aimes [ TERMINÉ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant