Épilogue

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L'air frais de Paris m'envahit alors que je sors de l'aéroport, les mains posées sur les accoudoirs du fauteuil roulant, comme pour m'ancrer dans le présent. 

Gabriel pousse le fauteuil avec douceur, et ma mère marche à mes côtés, veillant sur moi comme si je risquais de disparaître à tout moment. 

Le ciel parisien est gris, presque métallique, un contraste saisissant avec le bleu éclatant de Sorrento. Tout semble plus terne ici, plus figé, comme si la lumière de l'Italie ne m'avait pas suivie. Sorrento. Cette ville au charme envoûtant, avec ses ruelles pavées, ses falaises plongeant dans la mer, et cette ambiance presque intemporelle. 

Au début, j'avais cru que ce serait un séjour simple, une parenthèse loin de la routine, de quoi me ressourcer. Mais rapidement, tout avait déraillé. Mon accident, cette chute qui m'avait laissée clouée dans ce fauteuil.

 Et puis Dante. Surtout Dante. Je ferme les yeux un instant, laissant les souvenirs refaire surface. Le visage de Dante m'apparaît avec une clarté douloureuse. Ses yeux bleu, son sourire énigmatique, et cette façon qu'il avait de masquer ses sentiments derrière une façade de contrôle. Mais avec le temps, j'avais vu au-delà de cette façade.

 J'avais vu ses blessures, ses doutes, sa solitude qui résonnait étrangement avec la mienne. Nous avions été comme deux aimants, irrémédiablement attirés l'un vers l'autre, mais incapables de rester proches sans nous blesser. 

Je me demande s'il pense encore à moi, s'il ressent ce vide que je porte depuis notre dernière conversation. 

Je l'imagine, debout sur les falaises de Sorrento, regardant l'horizon avec cette mélancolie silencieuse qui le caractérisait. Peut-être essaie-t-il d'oublier, ou peut-être qu'il se bat, tout comme moi, contre cette impression que quelque chose de profond nous reliait, malgré les circonstances. 

La voiture s'éloigne de l'aéroport, et je laisse mon regard errer sur les rues de Paris qui défilent par la fenêtre. Des passants pressés, des cafés bondés, des taxis klaxonnant pour se frayer un chemin. Tout est tellement familier, et pourtant je me sens étrangère, comme si je n'appartenais plus totalement à cet endroit. Je suis revenue, mais une partie de moi est restée à Sorrento, perdue dans les souvenirs de ces jours où tout a changé.

 Ma mère me lance un regard inquiet, mais je lui offre un faible sourire. Je sais qu'elle s'inquiète pour moi, qu'elle se demande si j'arriverai à me reconstruire après tout ça. Elle ne connaît pas tous les détails de ce que j'ai vécu, de ce que Dante et moi avons partagé, mais elle devine qu'une tempête intérieure fait encore rage en moi. 

Le trajet semble durer une éternité, et pourtant, lorsque la voiture s'arrête enfin devant notre maison, un étrange sentiment de soulagement m'envahit. Je retrouve ce lieu familier, cette maison où j'ai grandi, mais je ne peux m'empêcher de me demander si je peux véritablement recommencer ici.

 Gabriel m'aide à descendre du véhicule avec délicatesse, tandis que ma mère s'affaire à décharger nos bagages. Je reste un instant immobile, observant la maison. Rien n'a changé. Les volets blancs sont toujours ouverts, les jardinières débordent de fleurs colorées, et l'odeur des pins dans le jardin me rappelle les jours d'été de mon enfance. Mais moi, j'ai changé. Profondément.

 Gabriel me pousse lentement vers l'entrée, et ma mère se place à mes côtés, toujours inquiète, toujours présente.

— Ça va aller, ma chérie ? demande-t-elle, sa voix douce, mais empreinte d'une véritable inquiétude.

Je la regarde, et pour la première fois depuis longtemps, je me sens capable de répondre sincèrement. Peut-être parce que, malgré tout, revenir ici m'offre une forme de stabilité. Peut-être parce que je sais que, même si tout semble brisé, je peux me reconstruire.

Je hoche doucement la tête et lui offre un sourire, cette fois plus sincère, plus assuré.

— Oui, maman, dis-je calmement. Ça va aller. Tout va aller pour le mieux.

Je sais que le chemin de la guérison sera long, tant sur le plan physique qu'émotionnel. Mais, je sens, au fond de moi, que ce retour à Paris marque le début d'une nouvelle étape. Un nouveau départ. Dante restera toujours une part de mon histoire, une part de moi, mais je dois désormais apprendre à avancer sans lui, à trouver ma propre voie, ici, dans cette ville où tout est à réécrire.

Je prends une profonde inspiration. Oui, tout ira bien. Pas immédiatement, mais un jour.

À suivre

Dis-moi que tu m'aimes [ TERMINÉ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant