Chapitre 6 : cena della vergogna

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Installée sur la terrasse, la nuit est déjà tombée et la légère brise fraîche me caresse le visage, apportant un léger soulagement après la chaleur accablante de la journée. Le soleil d'aujourd'hui a été impitoyable, mais rien par rapport à ce que je viens de découvrir. Dante est installé entre moi et sa cousine. Je repasse en boucle les événements de la soirée chez Giorgia, me demandant pourquoi Illona ne m'a pas présenté son cousin.

Avait-elle oublié qu'il serait là, ou bien l'avait-elle intentionnellement omis ?

Pourtant, malgré l'appétissant repas, je reste sceptique depuis que j'ai vu le chef préparer cette vinaigrette. J'ai l'impression qu'il y a mis tout ce qui lui passait sous la main : huile d'olive, jus de citron, herbes aromatiques, moutarde, ail, et bien d'autres encore. Malgré ma méfiance, je dois admettre qu'elle est délicieuse, imprégnée des saveurs ensoleillées de l'Italie.

Je porte machinalement mon verre d'eau à mes lèvres, le buvant d'une traite pour tenter d'apaiser la chaleur étouffante qui m'a accablé depuis notre retour du centre-ville. Mais à force de boire autant, cela m'a coupé l'appétit, et je peine à terminer ma salade.

— Ne te force pas si tu n'as plus faim, intervient soudainement Dante.

Je le fixe brièvement, surprise qu'il ait remarqué mon malaise. Mes yeux s'attardent sur lui, c'est un homme plutôt grand, mesurant un peu plus d'1m87. Ses yeux bleu clair, évoquent les profondeurs de l'océan, me fixent avec une intensité qui me déstabilise. Sa chevelure blonde est soigneusement coiffée. Je remarque encore ce parfum citronné, une odeur fraîche et vibrante qui semble flotter autour de lui. Sa posture est droite et assurée, chaque mouvement révèle une certaine grâce qui, malgré moi, attire mon attention.

— Je n'aime pas le gaspillage, j'enchaîne, tentant de masquer mon trouble.

Je mâche un morceau de salade, mais j'ai l'estomac en ébullition, je peine à avaler chaque bouchée. Serena, de l'autre côté de la table, m'adresse soudainement la parole, me sortant de ma torpeur.

— Tu devrais goûter le poulet, il est succulent.

Je lève les yeux vers elle avant d'ouvrir la bouche :

— Je suis végétarienne.

Mon intervention a le mérite de m'attirer le regard de Giuseppa, qui n'était visiblement pas au courant. Je pensais qu'elle s'en serait douté avec les derniers repas que nous avons mangé. Je n'ai pas touché une seule fois à la viande. Son expression devient curieuse, mais je ne lui laisse pas le temps de poser d'autres questions, enchaînant rapidement sur un autre sujet de conversation.

La soirée avance, et je sens le poids de l'inconfort grandir en moi.

— Et sinon, Eve, quelles études as-tu fait ? me demande Serena pour faire la conversation.

Je détourne le regard, hésitant sur la manière de répondre à sa question, avant de finalement murmurer :

— ... Je n'ai pas terminé mes études. J'ai abandonné le cursus scolaire peu après avoir eu 16 ans.

— Pourquoi ?

— La flemme, je réponds d'un ton désintéressé.

Elle regarde ma belle-mère avant de boire une gorgée de son Beaujolais, un vin français qui se marie parfaitement avec leur plat d'après mon père.

— Sinon, Serena, vous n'avez qu'un seul enfant ? je m'empresse de demander pour changer de sujet.

— Oui, malheureusement, après Dante, je n'ai jamais réussi à avoir d'autres enfants.

Dis-moi que tu m'aimes [ TERMINÉ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant