24. #Zaddy

157 30 3
                                    

À la fin de la semaine, il était pratiquement impossible d'avoir Eliakim sans Oshady, et Oshady sans Eliakim. Cela amusait beaucoup Kahu de se retrouver subitement avec deux stagiaires au lieu d'un seul, mais il comprenait ce qu'Oshady ressentait. Après tout, c'était pour la même raison que Malaki s'était peu à peu retrouvé intégré à l'équipe, des mois plus tôt.

Puisqu'on était dimanche, le programme était beaucoup plus calme et ils n'étaient même pas particulièrement censés travailler, à ceci près qu'un endroit comme Odysseis ne s'arrêtait jamais de tourner. Il fallait toujours nourrir les pensionnaires, s'occuper des soins et de la maintenance, et faire tout un tas de petites choses qui passaient à la trappe dans la semaine.

— Mele a une mission pour vous, les jeunes, annonça Kahu en arrivant au bord du bassin.

Il était accompagné non seulement de Mele, mais aussi de Malaki, et ils sourirent tous les trois en voyant Eliakim nager souplement vers le bord en entraînant Oshady à sa suite. Un peu plus loin, Rahiri et Unutea leur firent signe depuis la zone plus profonde où elles se trouvaient avec les dauphins. Il n'y avait pas forcément de quoi les occuper beaucoup tandis qu'elles attendaient que leur fils se rétablisse, mais elles avaient commencé à travailler avec Eeva et ses petits, et finalement il avait été décidé de leur confier tous les dauphins nouveau-nés du parc. Et aussi les requins, et les raies, et elles étaient devenues par la force des choses les babysitters des bébés de l'année, ce qui soulageait l'équipe d'une grande part de travail.

— Je sais qu'on est dimanche et tout, continua Kahu lorsque les deux garçons furent arrivés au bord, mais...

— L'océan ne dort jamais, et Odysseis non plus, compléta Eliakim avec un grand sourire. Qu'est-ce qu'on peut faire ?

— M'aider à préparer les publications de la semaine pour les réseaux sociaux, répondit Mele. Il faut choisir les photos, et écrire les textes. Ça vous branche ?

— Toujours !

Souplement, Eliakim se hissa hors de l'eau et changea presque aussitôt, ce qui tira un petit sourire à Kahu qui voyait bien que leur stagiaire était en train de copier ses mauvaises habitudes. Sans rien dire, il lui tendit une serviette, qu'Eliakim accepta avec un signe de tête reconnaissant avant d'enfiler son short et son t-shirt pour s'asseoir auprès de Mele sans mettre d'eau partout. Quant à Oshady, il se contenta de s'installer dans la partie peu profonde de la plage pour pouvoir regarder sur leurs écrans sans avoir à se changer ou à quitter le bassin. Il semblait avoir décidé de suivre sagement leurs conseils en évitant de se transformer trop souvent, et de toute façon cela devait être encore affreusement douloureux pour lui.

— On te laisse avec tes deux assistants, déclara Kahu en tapotant l'épaule de Mele. Appelle-nous si tu as besoin de quoi que ce soit, nous repasserons vous voir d'ici une ou deux heures.

— J'ai hâte de découvrir ce que vous aurez préparé, ajouta Malaki avec un clin d'œil.

Ils les laissèrent travailler pour aller vaquer à leurs tâches de la journée, et Kahu était quand même bien content de ne pas avoir à s'occuper des publications pour une fois. Non pas qu'il n'aime pas ça, mais il manquait parfois d'inspiration, et il était heureux de laisser à Eliakim et Oshady une occasion de s'exprimer comme ils le voulaient.

— Kahu ?

L'interrogation douce de Malaki le ramena à la réalité et il frissonna lorsque son compagnon entremêla leurs doigts en s'arrêtant pour l'embrasser sur la joue.

— Je me disais... le bassin des raies est à côté de l'appartement, et tu viens de t'assurer qu'Eliakim allait être occupé pendant au moins deux heures alors...

Il ne fallut qu'une seconde à Kahu pour comprendre où il venait en venir et il étouffa un ricanement en glissant deux doigts sous son menton pour l'embrasser réellement.

— J'aime ce que tu suggères, souffla-t-il. Un peu de temps libre rien que toi et moi... ça m'a l'air franchement formidable.

Complètement charmé par le rose sur les joues de Malaki, il l'embrassa une dernière fois pour faire bonne mesure et ils bifurquèrent dans le premier couloir destiné au personnel qui se trouvait à leur gauche pour revenir plus rapidement vers leur appartement.

Ils riaient tous les deux lorsqu'ils en franchirent la porte et Kahu était à bout de souffle quand Malaki le poussa contre le mur pour l'embrasser profondément avant de reculer, le regard étincelant.

— Travail d'abord, souffla-t-il. Plaisir ensuite.

Nourrir les raies et les bernard l'hermite ne leur prit pas beaucoup de temps et Kahu souriait d'une oreille à l'autre en se laissant tomber sur les coussins de la terrasse, Malaki au-dessus de lui. Leurs vêtements disparurent entre deux baisers, remplacés par la sensation si délicieuse des mains sur la peau nue et surtout des bras forts de Malaki enroulés autour de lui.

— J'ai envie de toi depuis ce matin, avoua ce dernier.

— Et tu n'attendais que le moment de me ravir, on dirait...

Avec un sourire plus grand encore, Kahu accrocha ses jambes autour de sa taille pour l'attirer plus près encore, tellement excité que son amant n'eut besoin que du minimum de préparation avant de pouvoir glisser tout doucement en lui. Un bref instant, ils restèrent parfaitement immobiles, pour le plaisir de ressentir leur proximité et la chaleur de leur étreinte, puis Malaki bougea légèrement et Kahu gémit incontrôlablement en se raccrochant à lui.

— Tu es si bon, hoqueta-t-il. Allez, fais-moi l'amour hani !

Les mots coulaient sans qu'il ne puisse les retenir, entrecoupés de baisers et de petites plaintes alors que Malaki se mettait enfin à bouger pour le prendre réellement, avec sa force tranquille qui rendait Kahu complètement incohérent de plaisir et d'amour. Parce qu'ils avaient un moment devant eux, la pieuvre ne précipita rien et il eut l'impression de fondre complètement dans son étreinte, désespérément amoureux.

Deux heures plus tard, après un plongeon dans le bassin, une petite sieste et un rapide déjeuner dans la cuisine, ils retrouvèrent Mele et leurs deux petites sirènes pour s'enquérir de leur travail. À leur arrivée, Eliakim se redressa brusquement et pointa Kahu du doigt avec insistance alors qu'Oshady haussait un sourcil et que Mele étouffait un rire.

— Vous voyez ! s'exclama Eliakim. C'est exactement ce que je veux dire ! Le hashtag Zaddy est complètement valide, vous ne pouvez pas prétendre le contraire !

Kahu ne comprenait pas un traître mot de ce qu'il disait, et visiblement Malaki encore moins, mais Mele semblait trouver ça hilarant et Oshady souriait de plus en plus alors qu'Eliakim continuait à s'agiter. Et lorsqu'il entreprit d'expliquer qu'ils étaient en train de choisir les hashtag des publications Instagram et que Kahu illustrait parfaitement celui de zaddy, ce ne fut guère mieux. Il lui fallut préciser encore plus, montrer d'autres publications pour illustrer ce qu'il voulait dire, et Kahu se sentit rougir bien malgré lui face à certaines comparaisons.

— Il n'a pas tort, remarqua alors Malaki. Ça convient plutôt bien...

Et cela suffit à sceller le sort de Kahu, tandis qu'Eliakim fredonnait d'un air victorieux en ajoutant son nouveau mot-clef à tous les autres en s'extasiant de pouvoir commencer à teaser son spectacle estival. À vrai dire, Kahu était suffisamment heureux de le voir si fier qu'il n'accorda pas la moindre importance à cette histoire de hashtag et de ce que cela pouvait bien dire du regard que les autres portaient sur lui.

Odysseis (1&2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant