Bien, bien plus tard dans la journée, lorsque le parc eut enfin fermé ses portes et que la majorité du personnel et des intervenants fut rentrée soit chez eux, soit à l'hôtel, Kahu franchit la porte de l'appartement. En l'attendant, Malaki avait embauché ses trois petites sirènes pour préparer le dîner, et les cookies bleus de Jesse étaient en train de cuire dans le four, tandis qu'Oshady mettait le couvert avec ce qu'Eliakim lui avait apporté. Relevant la tête des brochettes qu'il allait amener vers le grill, Malaki remarqua que Kahu s'était figé dans l'entrée, l'air un peu perdu ou stupéfait.
— Que se passe-t-il ? souffla la pieuvre en le rejoignant pour passer un bras autour de sa taille. Est-ce que ça va ?
Lorsque Kahu s'appuya de tout son poids contre son épaule, il ne flancha pas et se contenta de l'enlacer de plus belle, inquiet de voir ses yeux briller un peu trop.
— Oui... oui, ça va... murmura Kahu en se lovant tout contre lui. C'est juste... de vous voir tous comme ça dans l'appartement, ça me donne l'impression d'être une famille...
— Oh, Kahu...
Le cœur soudain serré par une émotion qui menaçait de déborder, Malaki se tourna pour regarder avec lui les garçons qui se chamaillaient en riant dans la cuisine. Jesse était évidemment à l'aise, le plus humain des trois avec un peu de chocolat qui barbouillait encore son sourire, Eliakim était presque chez lui après avoir passé quatre mois dans l'appartement, et Oshady rayonnait de joie simple. Il était si loin de la petite chose grise et mourante qu'Aizen avait ramenée un mois plus tôt que c'en était aveuglant, et même si ces trois-là avaient leur propre famille, Malaki comprenait exactement ce que Kahu ressentait.
— Merci d'être avec moi, hani, chuchota celui-ci. Je te l'ai déjà dit mais... je t'aime vraiment de tout mon cœur.
Malaki aurait pu lui répondre qu'il l'aimait en retour, creuser un peu plus cette histoire de famille, mais il décida qu'un baiser ferait aussi bien l'affaire et il repoussa tendrement les cheveux qui obscurcissaient le visage de son compagnon avant de se pencher pour l'embrasser lentement. Avec un petit fredonnement, Kahu fondit contre son torse et ils ne furent ramenés à la surface que par un discret raclement de gorge.
— Les cookies sont prêts, annonça Jesse dont les yeux pétillaient d'amusement. Est-ce que vous voulez qu'on gère les brochettes pendant que vous... discutez ?
— Non, on arrive, rit Kahu. Nous continuerons cette... conversation plus tard.
Après un dernier baiser, bref et souriant, il se redressa sans vraiment s'écarter, entremêlant leurs doigts. Simplement heureux, Malaki l'entraîna à sa suite vers la terrasse où le couvert était mis, et lui enjoignit de s'asseoir.
— Tu as besoin de te poser un peu, tu n'as pas arrêté de courir toute la journée. Tes jambes vont finir par lâcher, et Oshady ne te pourra pas te prêter son fauteuil.
Pour lui donner raison, Kahu s'affala sur sa chaise préférée avec un soupir de bonheur, ses jambes étendues devant lui. En riant, Malaki lui tapota le dessus de la tête puis continua vers le barbecue pour faire griller les brochettes.
— On a une surprise pour toi, annonça Eliakim en se perchant sur une autre chaise. Tu es le dernier à ne pas les avoir vues...
En réponse à son signe de tête, Jesse s'approcha en tenant religieusement la boîte dans laquelle les poupées personnalisées avaient été rangées, et Eliakim expliqua avec enthousiasme comment s'était déroulé l'atelier avant de le laisser soulever le couvercle.
— Oh non, c'est adorable ! s'exclama Kahu en sortant les poupées pour les installer au bord de la table. Est-ce que je peux garder Malaki ?
— Martha a dit que vous pouviez garder les vôtres pour les poser sur l'étagère du salon, rit Eliakim. Et elle nous a laissé prendre les nôtres aussi, en souvenir. Mais on va les laisser ici, pour que la famille reste au complet.
Au bref regard que Kahu lui lança, Malaki sut exactement ce qu'il allait dire, avant même qu'il n'ouvre la bouche, et il hocha doucement la tête pour lui assurer qu'il était d'accord pour le leur dire maintenant.
— Vous les retrouverez quand vous reviendrez, dit alors Kahu. Je sais que ton stage n'est pas tout à fait terminé, Eliakim mais... si ça te dit, il y aura une place pour toi dans l'équipe l'été prochain. Et après, même, si tu le souhaites.
La bouche entrouverte, il avait l'air stupéfait, et Malaki dissimula son sourire en retournant les brochettes alors que Jesse passait un bras autour des épaules de son petit ami pour l'embrasser sur la joue. Et puis Kahu adressa un clin d'œil à Oshady.
— Ça vaut pour toi aussi, si tu en as envie tu pourrais revenir travailler avec nous pour la saison estivale par exemple. C'est un peu loin de chez toi, mais on pourrait trouver un moyen de s'arranger...
— Ça me plairait beaucoup ! s'extasia Oshady. J'aime participer au spectacle et j'ai adoré encadrer les ateliers des enfants aujourd'hui. Ça me ferait très plaisir de continuer.
— Nous en parlerons à tes parents lorsque nous te ramènerons chez toi, promit Kahu. Ce serait top de t'avoir avec nous l'été prochain.
Attendri par la joie qui rayonnait sur le visage d'Oshady et celle de son compagnon, Malaki secoua doucement la tête en apportant les brochettes sur la table. Il n'était pas impossible que leurs discussions à venir avec la JONAS amènent également Jesse à travailler avec eux, d'une manière ou d'une autre, et c'était agréable de voir ces beaux projets se dessiner peu à peu.
Après ça, une fois le repas terminé et les petites sirènes parties se coucher, Malaki entraîna Kahu avec lui vers la plage qui se trouvait en contrebas du parc, de l'autre côté de leur appartement. Ils n'avaient plus l'énergie de nager, ni l'un ni l'autre, mais c'était agréable de s'asseoir dans le sable et de plonger leurs pieds dans les petites vagues. C'était l'une des heures préférés de Malaki, celle où tout était bleu autour d'eux, depuis le ciel nocturne où souriait la lune jusqu'à l'océan qui dansait paisiblement sous les étoiles.
— C'était une bonne journée, chuchota-t-il en posant la tête sur l'épaule de Kahu. Épuisante, mais d'une bonne façon.
— C'est la même chose chaque année, rit doucement Kahu. La Journée des Océans, c'est quelque chose à Odysseis. Le capitaine Hampton m'a fait beaucoup de compliments à ton sujet, il paraît que tu as géré la table ronde comme un chef.
— J'ai fait de mon mieux, mais j'ai aimé ça. Et je suis vraiment heureux de voir qu'Oshady a adoré sa journée. Il était en larmes quand je suis allé les trouver, avec sa poupée dans les mains.
Avec un léger rire, Kahu l'embrassa sur la tempe avant de resserrer l'étreinte de son bras autour de lui, la tête posée sur la sienne.
— C'est un vrai soulagement de le voir en si bonne santé, après tout ce qu'il a traversé. Et ce serait sympa de l'accueillir à nouveau l'an prochain, mais pas comme pensionnaire...
— À croire que ça devient une tradition, d'intégrer à l'équipe chaque sirène que l'on sauve... rit Malaki. Dans tous les cas, tu restes ma sirène préférée de tout le parc, promis.
Le rire de Kahu s'échoua contre ses lèvres lorsqu'il l'attira à lui pour l'étendre dans le sable et l'embrasser sans retenue, juste pour le plaisir de pouvoir partager cette tendresse. Ils se fondaient tous les deux dans le bleu de la nuit, bercés par le chant des vagues, et Malaki ne s'était jamais senti aussi heureux.
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Odysseis (1&2)
ParanormalKahurangi est une sirène, mais pas que. Depuis quelques années, il travaille comme soigneur animalier au parc Odysseis qui recueille et protège des animaux marins blessés ou en danger. Il adore son travail, apprécie sincèrement ses collègues, et n'h...