Chapitre 3 - Juste une danse

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Je rentre chez moi en claquant la porte, et tapant des pieds dans les escaliers. Dans les marches, j'entend ma mère me réprimander, mais ne répond rien et vais m'enfermer dans ma chambre. Je ne suis pas en colère. En fait, j'en sais rien ! Je ne sais pas ce que je ressens, là, en ce moment, et ça m'énerve ! J'ai envie de détester M. Davis, mais j'y arrive pas ! Je ne parviens pas à lui en vouloir ! Que c'est agaçant ! Raaah ! Toujours à occuper mes pensées, celui-là ! Pour tenter de l'oublier, je décide de sauter sur mon lit, d'attraper mon carnet de dessins dans le tiroir de ma table de chevet, mes trousses et d'allumer ma playlist. C'est une autre manière pour moi de me détendre que le théâtre. Je m'installe en tailleur, arrange mes oreillers derrière moi, respire un coup, et laisse mon crayon valser sur la feuille et dessiner au fil de mes pensées. Le seul moyen que j'ai trouvé lorsque quelqu'un m'embête ou prend trop de place dans ma vie et que je veux l'oublier, c'est de le dessiner sur une feuille et de la chiffonner ensuite. En général, je la déplie après et observe le visage déformé par la maltraitance, et cela me donne envie de rire. Deux, trois crayons coincés dans mon chignon, je m'applique donc à bien retracer les traits de la mâchoire du stagiaire, à reproduire les lignes délicates de ses lèvres, et l'expression énigmatique qui fait briller ses yeux.  

Les minutes passent, les musiques défilent, et mon œuvre prend forme. J'ai toujours eu un certain talent pour le dessin, mais mes parents trouvent cela encore plus idiot que la comédie, il m'a donc fallu faire un choix. J'ai donc développé une préférence pour  l'art du drame à force de m'y consacrer et de délaisser mes crayons. Néanmoins, je n'ai pas perdu la main ! Le portrait est bientôt achevé, et je reste bouche bée devant. Jamais je n'avais aussi bien dessiné de toute ma vie ! Les traits sont parfaits ! J'ai presque envie de ne pas le gâcher et de le conserver... Non, Sam, retire cela immédiatement ! Massacre ce bout de papier ! 

Soudain, la poignée de ma porte se clenche, signe que quelqu'un entre dans ma chambre. Paniquée, je cache vite ma feuille dans mon cahier de textes de pièces, et tente de reprendre contenance malgré crayons et gommes que je n'ai pas eu le temps de dissimuler. Néphélé, vexée, saute du lit et me jette un regard lourd de reproches. Mon père entre alors dans ma chambre, et s'avance. Mais quand est-ce que ma famille apprendra à toquer ? Je le vois qui grimace à la vue de mon matériel et qui se pince le haut du nez, un signe d'impatience et de désapprobation chez lui.

_ Samantha, commence t-il. Range moi vite ces sornettes avant que je ne m'énerve, je te prie.

_ Mais, papa, soupirai-je avant de m'exécuter à contrecœur. Je ne faisais rien de mal.

_ Samantha, on a déjà eu cette conversation des centaines de fois, ce n'est pas le moment. Je venais pour te demander ce qui te tracassait.

Je l'interroge du regard ; depuis quand mon père se souciait-il de ce que je ressentais ?

_ Eh bien oui, ajouta t-il en s'asseyant près de moi, tout-à-l'heure tu es rentrée en furie, alors ta mère et moi nous demandions ce qui avait bien pu t'arriver.

_Oh, ça... Non, tout va bien, j'avais juste hâte de retrouver mon lit !

Papa me regarda, arquant un sourcil ; il ne me croyait pas. Il croise les bras et m'explique que ce n'est pas au vieux singe que j'apprendrai à faire la grimace. Sa remarque me fait doucement rire, mais je ne tiens pas à parler de M. Davis à mon père. Je le rassure, je lui dis que tout va bien, que la porte a claqué à cause du vent, et que j'ai couru dans les marches, mais rien n'y fait, il est catégorique ; je lui mens, il en est certain. Il continue de me demander ce que j'ai trois fois, et trois fois je lui réponds "rien", mais il insiste !

_ Bon papa, je n'ai RIEN ! je m'énerve. Maintenant, sors de ma chambre, s'il te plaît, et laisse-moi tranquille !  

Mon père tressaute devant mon audace ; il est vrai que dans la famille Foster, les enfants n'ont en aucun cas le droit de parler de la sorte aux parents. Cependant, là, papa me saoule trop ! C'est vrai quoi ! J'ai 17 ans, j'ai bien le droit d'avoir mes secrets, non ?! Agacé, il se lève et me gronde un peu pour le ton que j'ai employé, et sort enfin en fermant la porte. Tranquille ! J'entreprends donc de me faire couler un bain bien chaud et de me détendre une vingtaine de minutes dans l'eau bouillante en écoutant mes chansons. Malgré cela, mon esprit ne peut s'empêcher de se remémorer tous les eyes contact, toutes les sensations et le passage sur la plage avec Ethan...  

17 ans mais je t'aime (1ère version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant