Chapitre 36 - Mon ange...

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Les larmes aux yeux, je fuis. Je cours, je cours sans m'arrêter en direction de mon casier, mes talons à la main. Je m'en veux tellement ! Comment est-ce que cela a pu arriver ? Comment ai-je pu faire ça ?

Mathis m'a embrassée.

Mathis. M'a. Embrassée.

MATHIS M'A EMBRASSÉE !

Putain.

Jamais je n'aurais pensé qu'il serait attiré par moi ! Je croyais qu'on était juste meilleurs potes ! Je n'avais jamais remarqué quoi que ce soit, un signe, un geste une parole qui aurait pu me faire douter de ses sentiments à mon égard et de sa vison de notre relation. Personnellement, je nous voyais uniquement comme des meilleurs amis, voire comme un frère, mais pas une seule fois je ne me suis imaginée avec lui, en couple. Malgré mes sentiments eux-mêmes incertains, cette idée ne m'avait pas effleuré l'esprit une seule seconde. Et moi... J'en sais rien... La conversation que j'ai eu avec Kiara il y a deux semaines me revient en mémoire et je m'affaisse contre un range-bazar pour reprendre mon souffle. Je suis perdue, complètement déboussolée. Que signifiait ce baiser ? Est-ce que... Est-ce que je ressens réellement quelque chose pour lui ? En réalité, je crois qu'une part de moi est vraiment attirée par lui, mais au fond, je suis sûre de ce que j'éprouve pour Ethan. C'est lui qui fait mon bonheur. Mathis le fait aussi, mais différemment, en tant qu'ami.

Voilà c'est exactement cela. Mathis n'est qu'un ami, et notre relation ne dépassera pas cette limite.

Ce moment était une erreur. Quelques secondes d'égarement. Rien de plus. Rien d'important. Rien qui ne signifie quoi que ce soit. Et ça ne se reproduira pas.

Je ferme les paupières et penche la tête, mes mains plaquées contre le métal froid de mon casier, derrière mon dos. Calme-toi, Sam... Bien que je me sente coupable, je me console en me rappelant que ce sont mes derniers jours ici. Plus que deux jours de cours à passer et après j'aurais deux semaines pour parfaire mes révisions de français avant le bac. Deux jours avant de ne plus voir Mathis jusqu'aux examens, où nous ne pourrons pas vraiment parler, hormis aux heures du déjeuner, puis trois mois de grandes vacances avant de le revoir forcément au campus, puisque nous allons au même. D'ici là, nous aurons oublié. Nous resterons amis, sans ambiguïté et nous vivrons aussi complices qu'avant.  Et heureusement pour moi, les deux jours de cours qu'il nous reste à passer ensemble, il y a pas mal de matières que nous n'avons pas en commun. Des heures en moins avec lui de gagnées.

Dans deux semaines, Avril touchera à sa fin. Et nous fêterons mon anniversaire, le 20. Et je serai majeure. Dans deux semaines, après le bac, nous déménagerons à l'autre bout du pays pour aller nous installer dans notre nouvelle maison, et préparer ma rentrée au campus. Je partirai loin. Je ne reverrai plus personne.

Je ne reverrai plus Ethan. Alors qu'on aurait enfin pu être ensemble. Après 7 mois d'attente, nous aurions pu nous aimer sans avoir peur de la police, mais uniquement de nos parents, qui n'auraient pas eu le choix.

C'est putain injuste !

Nous le savions déjà depuis longtemps, nous en étions conscients lorsque nous avons couché ensemble dans sa voiture. Mais ça paraissait encore si loin, et aujourd'hui, je suffoque à l'idée que ce moment arrivera plus vite que je ne le voudrais. Si seulement je pouvais ralentir le temps, rallonger les secondes et les manier comme je le souhaite... Mais ce genre de miracle n'arrive que dans les films ou dans les rêves, et  malheureusement, nous sommes dans la réalité. Une réalité frappante, foudroyante, à laquelle nous ne pouvons pas échapper, sur laquelle nous n'avons aucun contrôle. 

Une vague de souvenirs déferle dans mon esprit, je revois, je revis tous les instants que j'ai passé avec lui, des meilleurs aux pires, dans n'importe quel ordre, je sens encore l'odeur de son corps contre le mien, je ressens encore la chaleur de sa peau, de son regard, de ses lèvres. Toutes ces sensations demeurent si fraîches dans mon esprit, c'est déstabilisant et un frisson me parcourt le dos.

17 ans mais je t'aime (1ère version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant