_ Samantha ! Arthur ! Venez, vite !!
Ma porte claque alors qu'un bel homme brun me prenait dans ses bras. En une seconde, cette image disparaît, mon rêve et mon sommeil avec. Avec difficulté, mes yeux s'ouvrent et s'accoutument au rai de lumière que crée l'ouverture. Papa est debout sur le seuil, en pyjama, décoiffé. C'est la première fois depuis trois semaines qu'il entre dans ma chambre. Il n'y est pas venu depuis que Papi et moi sommes sortis ; j'ai refusé de lui dire de quoi nous avions parlé et il s'est vexé.
_ Samantha ! Debout, allez ! Ta mère a besoin d'aide ! me houspille t-il avant de repartir et de dévaler les marches.
Une minute plus tard, je l'entend démarrer le moteur de notre voiture. Pour l'amour de Rostand, il est 3h12 ! Qu'est-ce qui leur prend ? Alors que je me lève, le visage d'Arthur apparaît derrière l'embrasure de ma porte. Lui non plus ne comprend pas.
_ Sam, tu sais ce qu'il se passe ?
_ Non, j'sais pas, mais...
_ LES ENFANTS ! appelle maman en hurlant à l'autre bout de l'étage.
Oh punaise. Un regard, et Arthur et moi nous précipitons dans la chambre de notre mère. Elle est allongée dans son lit, mais les draps sont défaits et trempés. Mon Dieu, mais c'est quoi ça ? Maman est toute rouge, essoufflée.
_ Maman, que se passe t-il ? demande Arthur, paniqué.
_ Aidez-moi à me lever, vite ! Et à descendre les escaliers ! Vite ! Le bébé arrive !
Le... bébé... arrive... Nom de Molière ! LE BÉBÉ ARRIVE ! Pris d'adrénaline, mon frère et moi nous hâtons de maintenir maman et de l'aider de notre mieux à se lever et à revêtir une robe, puis à descendre les vingt-et-une marches. C'est incontestablement cela le plus compliqué. Maman est lourde, épuisée et passer à trois dans des escaliers s'avère être plus facile à dire qu'à faire. Nous descendons chacune des marches une par une, pied par pied, très lentement mais en essayant d'aller le plus vite possible. Il nous faut bien au moins trois minutes pour enfin arriver et nous dépêcher d'aller l'installer dans la voiture, à l'arrière afin qu'elle puisse s'allonger un peu, suivis par papa.
_ Les enfants, vous restez là, allez vous recou...
_ Non, on vient ! m'opposai-je, approuvée par Arthur. Hors de question qu'on vous laisse, maman ne vivra pas ça seule.
_ Mais Samantha, il est...
_ Tôt, je sais, mais maman a 43 ans et c'est dangereux, une grossesse à son âge ! Alors, pas de blabla, je veux être là !
Joignant le geste à la parole pour ne pas laisser le choix à mon père, je monte à l'arrière en prenant soin de ne pas la bousculer et m'attache. Il y a une trentaine de minutes pour nous rendre à la maternité la plus proche. Arthur l'appelle pour prévenir de notre arrivée tandis que je me ronge les ongles en regardant par la fenêtre. La ville est encore endormie, bien sûr, et une pâle brume plane au ras du sol. Seuls quelques réverbères sont faiblement éclairés, dont certains qui clignotent, usés par le temps, conférant aux lieux une atmosphère fantomatique de ville abandonnée.
A côté de moi, maman a les yeux fermés et crispés, elle se tient le ventre en pinçant les lèvres. Soudain, elle pousse un hurlement de douleur en se tordant, des larmes perlent aux coins de ses paupières. Arthur se retourne immédiatement, papa raffermit sa prise sur le volant comme si cela pouvait nous faire accélérer. Ma mère crie et pleure, je suis tellement perdue, désemparée ; je ne sais pas quoi faire d'autre que de saisir sa main pour exprimer mon soutien. J'ai tellement peur... Je suis du genre assez pessimiste, et tout de suite j'imagine que l'accouchement pourrait très mal se passer, mal se finir surtout... J'appréhende tellement que les médecins nous disent que c'est soit elle, soit le bébé, ou.. ou aucune... C'est tellement angoissant d'attendre comme ça, dans le doute !
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17 ans mais je t'aime (1ère version)
Romance[1ère version, en réécriture : la version 2 sera très différente et améliorée !] Pourquoi ? Pourquoi elle ? Pourquoi lui ? Pourquoi eux ? Tout les oppose : elle mineure, lui majeur, elle lycéenne, lui professeur, elle déterminée, lui souvent dans l...