Chapitre 39 - Et une année s'écoula ainsi entre mes doigts

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* Point de vue de Samantha *



Nous y sommes.

Après un jour et demi de route, maman gare la voiture dans une cour. Notre nouvelle cour. La cour de notre nouvelle maison. Il est bientôt midi et je n'ai quasiment pas dormi cette nuit, angoissée à l'idée de me retrouver seule dans une nouvelle ville dont je ne connais rien, loin de Mathis, de Kiara, Alex, d'Ethan et de mon grand-père.

Nous étions allés le voir quelques jours avant de partir et, à mon grand soulagement, il était en pleine forme ; jamais je n'aurais pu quitter la ville en ayant bonne conscience si je l'avais laissé derrière moi malade. Mais il se portait en effet à merveille et nous assuré que tout irait bien pour lui. Avant de nous en aller, il m'avait serrée très fort dans ses bras en me caressant les cheveux.

_ Tu vas me manquer, Pap's...

_ Toi aussi, ma petite étoile, toi aussi. Mais ne t'inquiètes pas pour moi. Aujourd'hui, je suis un très vieux papi, et toi tu es une belle jeune fille, et tu pars voler de tes propres ailes. Tu pars toucher les étoiles à ton tour et tu vas réussir, m'avait-il promis dans le creux de l'oreille. Alors, chaque jour, je regarderai toutes mes taches brunes, celles que nous comptions ensemble autrefois, et je penserai à toi.

J'avais souri en l'entendant reprendre les mots qu'il me disait lorsque j'étais enfant, et je l'avais alors serré un peu plus fort avant de m'en aller.

Si j'avais pu revoir mes amis et mon grand-père, en revanche je n'ai pas eu l'occasion de voir Ethan. Je n'ai que sa lettre, que j'ai soigneusement cachée dans mes affaires, pour me tenir compagnie et me rappeler que là-bas, il m'attendra.

 Il me l'a promis.

Et on ne rompt pas les promesses.

Il m'attendra, c'est sûr. Il ne m'oubliera pas, j'en suis certaine.

N'est-ce pas... ?

Rooh, ce n'est pas le moment de douter. J'inspire et regarde par la vitre. Mon frère et mes parents sont déjà sortis de la voiture et se dirigent ensemble vers la porte. Théa est paisiblement endormie dans son siège, serrant son doudou très fort dans ses petites mains. J'ouvre doucement ma portière, pose un pied au sol et m'étire. Le soleil tape sur la ville, comme dans celle où j'habitais encore il y a quarante-huit heures, mais une chose différente me frappe. Ici, je n'entends pas de loin le murmure rassurant de la mer, le chant des mouettes planant au ras du sable et le léger vent qui agite la houle. Je ne les entend pas. Seul un vague bruit de circulation résonne.

D'extérieur, notre nouvelle maison me paraît aussi grande que l'ancienne, sans doute même plus, et spacieuse. J'aperçois de grandes fenêtres et baies vitrées qui doivent certainement baigner les pièces de lumière une grande partie de la journée. Tout en jouant machinalement avec le bracelet en cuir de Mathis, je m'approche de ma famille et nous entrons après que mon père ait inséré la clé dans la serrure. Nous faisons face directement à un grand escalier en colimaçon, en bois massif, qui semble desservir bien deux étages. A sa droite, des placards insérés dans le mur nous serviront sans doute à ranger nos chaussures et nos vestes. Nous allons donc vers la gauche, et pénétrons dans une immense pièce lumineuse comprenant à la fois le salon et la salle à manger. Puisque la pièce est disposée en L, la cuisine n'est pas visible de là où nous sommes, mais elle est bien présente et semble très fonctionnelle.

Papa nous laisse continuer la visite seuls et part chercher ma petite sœur. Précédés par maman, Arthur et moi montons donc au premier étage, se composant d'une salle de bain et de trois chambres, ainsi que d'une buanderie. Arthur ouvre la porte de la première chambre, vide, et l'inspecte. Enfin, quand je dis "inspecte", j'entends surtout "compte le nombre de prises".

17 ans mais je t'aime (1ère version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant