Chapitre 38 - Notre histoire dans son regard

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Quand je ressors du bar avec mes cinq amis, tous mes tracas ont disparu. Il est presque trois heures du mat' et on a fait que rire et boire pendant une heure. Je ne sais même plus pourquoi on est venus ici à la base, mais peu importe ! Deux cigarettes en même temps dans la bouche et un verre encore plein d'absinthe dans la main, je me mets à danser ou à tourner sur le trottoir en riant. Je ne sais pas trop ce que je fais, mais peu importe, j'ai envie de décompresser encore un peu avant de ramener mes potes au lycée. J'avale cul sec le reste de ma boisson, pose le verre sur le rebord de fenêtre le plus proche et remets mes clopes dans ma bouche avant de déverrouiller ma voiture.

_ Allez, en route, les coupains ! annonçai-je aux gars en entrant dans le véhicule.

Par la fenêtre, je les vois se chuchoter des choses à l'oreille et me regarder bizarrement. Je ne sais pas ce qui leur prend mais peu importe. Par contre, ce serait bien qu'ils se dépêchent de monter, faut pas qu'on rentre trop tard. Mais leur discussion dure encore deux minutes et personne ne se décide à venir s'installer. Un peu agacé, je ressors et reviens auprès d'eux.

_ Bon les gars, vous venez aujourd'hui ou dans trente ans ?

_ Mec... Le prend pas mal, mais t'as pas vraiment l'air en état de conduire, on préfère rejoindre le lycée à pieds, y en a pour une quinzaine de minutes, ça va le faire, m'explique Rob doucement. Andréa va rester avec toi.

Ses mots ont du mal à prendre leur sens dans mon esprit. Mais qu'est-ce qu'il raconte ? Quand je comprends enfin que ça signifie qu'ils ne veulent pas monter avec moi, cela m'énerve mais j'explose de rire en crachant de la fumée.

_ Pfff, n'importe quoi ! Je suis parfaitement en conduire d'état ! Euh... En état de conduire ! Allez hop, perdez pas de temps et grimpez.

_ Non, mais on veut vraiment pas en fait. Mais t'inquiètes, on se revoit lundi, ne reviens pas au bahut, ça vaut mieux que vous rentriez vite. Repose-toi et t'as intérêt à bien dessoûler !

Sur ces mots, les gars s'approchent d'Andy et le checkent un par un, comme à notre habitude pour nous saluer. Puis vient mon tour. Eden me tend son poing, je lance le mien, mais je passe à côté de sa main. Je réessaie mais j'échoue de nouveau, à chaque fois je frappe le vide. Pourtant, je suis certain de bien voir ma main toucher la sienne... Avec un rire un peu gêné, Eden me dit que c'est pas grave, frappe mon épaule et s'écarte. Thomas se place face à moi et le même manège recommence, comme ensuite avec les autres. Pas une seule fois je ne parviens à les checker correctement.

L'air un peu dépité, mes quatre amis me regardent et commencent à s'éloigner. C'est quand je les vois tourner au coin de la rue que je réalise vraiment qu'ils partent alors qu'on aurait pu rentrer ensemble, la musique à fond, clopes en bouches. Ils sont vraiment pas drôles ! Saisi par une pulsion, je me mets à courir sur la route pour les rattraper, majeur en l'air, mais je m'essouffle rapidement et m'arrête en plein milieu de la chaussée en hurlant à leur intention :

_ Merci d'être venus, bande de connards, c'était grave sympa ! Wouhouuu !

_ Tais-toi, Mathis ! m'ordonne doucement le grand brésilien qui m'a rejoint. Allez viens, on rentre.

_ Rooh, non, c'est nuuuul ! je proteste en tirant la langue. Viens, puisque ces trouducs sont partis, j'vais compenser leur absence par une dernière binouze ! Retour au bar !

Je crois qu'Andréa tente de me retenir, car je sens une pression sur mon bras essayer vainement de me tirer en arrière. Mais c'est sans compter ma détermination, et nous rentrons de nouveau dans le Black Shark. Fred, le gérant, un gars d'une quarantaine d'années très sympa, est toujours derrière son comptoir, en train d'essuyer un grand verre. Il nous regarde entrer et lève un sourcil amusé.

17 ans mais je t'aime (1ère version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant