Chapitre 33 - Manipulation

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* Point de vue d'Ethan *



Je crois bien que j'ai entendu les fissures se créer, s'étendre, s'élargir, et lacérer mon cœur, ce matin, quand j'ai vu Sam courir se jeter dans les bras de son blondinet en arrivant au lycée.

J'observais les lycéens affluer, juché du haut du troisième étage du bâtiment principal, appuyé contre la fenêtre de la salle des profs, un café à la main. Je n'avais cours qu'une heure après, aussi pouvais-je patienter tranquillement au chaud, et pour me distraire, j'avais décidé de surveiller la cour. Je ne voyais qu'un fouillis de têtes, de bras, de sacs qui se mouvaient, et pourtant, lorsqu'elle arriva, elle m'apparut nettement. Moi qui regardais vers le préau, je relevai mon regard immédiatement sur les marches, à l'instant même où celle que j'aime les montait. C'est comme si j'avais senti qu'elle arrivait, que la connexion que je ressentais entre nos deux âmes avait pris possession de mon esprit et s'était concentrée sur l'entrée à l'approche de celle qui en détient la moitié.

Un sourire est aussitôt venu étirer mes lèvres, en l'apercevant. Nous avons convenu de ne plus nous parler, afin de ne pas être tentés de nous revoir, mais j'avais au moins le plaisir de la regarder chaque jour. La voir égayait ma journée, bien que je ressentais à chaque seconde le vide qu'elle avait laissé entre mes bras, ce manque d'elle, de la serrer contre moi, de l'embrasser, de l'entendre rire, de voir ses iris claires ne s'illuminer que pour moi.

Aussi, mon sourire s'était figé et ma main avait lâché ma tasse de cappuccino, répandant son liquide noir sur le sol immaculé, en voyant ses bras s'accrocher au cou de ce Mathis. Elle le serrait comme si sa vie en dépendait, et j'ai senti tout mon corps se raidir. J'aurais tellement voulu être ces bras qui l'entouraient, cette épaule sur laquelle elle avait posé sa tête, ce murmure dans ses cheveux qui la rassurait. J'aurais tout donné, oui, pour être à la place de Mathis. De toute évidence, il s'était passé quelque chose de grave ou d'affligeant pour que Sam soit si triste toute la journée. Car même si je ne pouvais discerner les expressions de la multitude de visage que je contemplais, y compris la sienne, certains gestes ne m'avaient pas échappé. Mathis avait doucement apposé une de ses mains sur les boucles blondes de mon ange, et les avait caressées avec tendresse, tout comme il le faisait avec son dos. Il la consolait, mais de quoi ? Le fait d'être contraint à rester dans l'ignorance m'a dévoré sans répit aujourd'hui ; je ne supportais pas de savoir Sam au plus mal, sans pouvoir lui faire comprendre que j'étais là pour elle, sans avoir l'occasion de la croiser pour l'étreindre de mon regard, lui caresser discrètement la main, lui offrir quelqu'un pour l'écouter. Et cette rage qui me consumait donc depuis ce matin n'était que plus aggravée par la jalousie que je ressentais malgré moi à l'égard de son ami.

Quelques minutes à peine après cela, la cloche sonnait et les élèves se dispersaient en tous sens pour rejoindre leurs cours. Samantha et Mathis marchaient vers l'entrée du bâtiment, certainement en direction des casiers, et la dernière vision que j'eus de celle qui accaparait mes pensées fut la manière soulagée dont elle s'est blottie dans les bras de Mathis avant de disparaître de ma vue.

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17 ans mais je t'aime (1ère version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant