Épilogue

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[Musique + Photo en média]

Dans les rangs, des chuchotements se faisaient entendre, emprunts d'excitation et d'impatience. Des effluves de roses fraîches et d'iode flottaient dans l'air. Mêlées aux rires d'enfants, les vagues chantaient doucement leur mélodie apaisante, laissant l'écume s'échouer au bord du sable dans un soupir. Un orchestre joignait ses symphonies à l'atmosphère légère qui régnait sur la plage. Si une petite fille se penchait de sa fenêtre, là-haut dans les grandes maisons qui surplombaient la mer, elle distinguerait sans mal les nombreuses chaises d'ébène, alignées là sur les grains dorés, contrastant avec les bouquets de roses blanches dont elles étaient décorées, eux-même ficelés d'un joli ruban carmin, ainsi que toutes les personnes présentes. Elle détaillerait le tapis couleur nacre entre les deux rangées, ainsi que la sublime arche fleurie à son arrivée, plantée sur une estrade, composant ainsi une magnifique allée. Enfin, derrière les chaises, elle pourrait voir une seconde arche, toute aussi fleurie mais fermée par de soyeux rideaux crème qui ondulaient lentement. Derrière eux, elle remarquerait cette jeune femme aux longues boucles dorées, dans sa robe blanche.

Debout sur cette estrade, un homme dans la trentaine attendait là, le regard rivé sur l'horizon marin. Il écoutait l'eau, il écoutait la brise : ça lui permettait de ne pas laisser le stress l'envahir. Ce jour-là était un grand jour pour lui, sans doute le plus beau. Il avait hâte qu'elle arrive enfin. Son attention fut attirée par les convives qui lui faisaient face. Aux premier rang et parmi toutes les chaises présentes, seulement deux demeuraient vides. Une simple rose blanche avait été posée sur la première, mais l'homme savait combien elle était symbolique. Cette rose représentait Sylvie Foster.

Parmi les autres sièges du premier rang, sur la rangée de gauche, Louis et Julie Davis. Cette dernière adressa un sourire encourageant à son fils, qu'elle observait depuis dix minutes tordre ses doigts. Elle aimerait tellement se lever et aller le rejoindre, sur cette estrade, pour le serrer dans ses bras. Mais elle savait que rien que ce petit sourire qu'elle venait de lui offrir l'aidait déjà à se sentir mieux. Près de ce couple, une femme et son fils ; la tante et le cousin. Derrière eux, le reste de la famille Davis, et quelques amis, dont notamment une jolie rousse au visage expressif, dont la main était posée sur la cuisse de son compagnon. Cette jeune femme, cétait Elisa, l'amie et collègue de l'homme. Il y a quelques années, un malentendu les avait éloignés pendant plusieurs mois, avant qu'ils ne parviennent de nouveau à se parler, puis qu'Elisa retrouve l'amour dans les bras d'un autre. Aujourd'hui, plus aucune gêne n'existait entre eux.

De l'autre côté du tapis, auprès des deux chaises vides, étaient assis Louis, Marguerite et Léon, les grands-parents de la jeune femme qui retenait son souffle derrière les rideaux. Puis, calés entre eux et les deux fauteuils vides, un adulte au regard rieur, accompagné par une belle créole, ainsi qu'une fillette d'à peine 8 ans qui ne tenait pas en place ; le frère, sa conjointe et la sœur. Naturellement, derrière eux, d'autres membres de la famille et des amis avaient pris place. Juste au deuxième rang, un jeune homme à l'épaisse chevelure blonde attendait impatiemment, les yeux rivés vers l'arche aux rideaux ; c'était Mathis. A sa droite, un autre homme, brun lui, l'imitait, ses doigts jouant avec son éternel bandana paisley. Alex. D'autres jeunes siégeaient dans les rangs suivants, tels que cinq hommes en costume, c'étaient les ex-coéquipiers et amis de Mathis : Andréa, Rob, Eden, Thomas et Léo.

Derrière les rideaux mouvants, la jeune femme n'était pas seule. Un homme, pas moins âgé que cinquante ans, demeurait avec elle. Le regard perçant par-dessus ses lunettes, l'air froid au premier abord ; en réalité, sous ses apparences impassibles, se cachait un père au cœur tendre, qui s'apprêtait à mener sa fille à l'autel. L'annonce des fiançailles l'avait cloué sur place et il était resté bouche bée. D'abord réticent à ce que son enfant épouse son ancien professeur, qui plus est de sept ans l'aîné, il leur avait accordé sa bénédiction après maintes discussions argumentées. Le soir qui l'avait fait céder a été marqué par de nombreux éclats de voix ; sa fille s'était furieusement levée de sa chaise, la renversant sur le carrelage en damier, et avait appuyé un poing sur la table, pointant un doigt menaçant vers son père de l'autre main.

17 ans mais je t'aime (1ère version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant