Chapitre 37 - Besoin d'air

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* Point de vue de Mathis *



" J'aime déjà quelqu'un "

Sam est amoureuse.

Mais pas de moi.

Pourtant... Pourtant, j'y ai cru.

J'ai réellement pensé qu'elle éprouvait quelque chose pour moi. Qu'il y avait des signes dans son regard. Que ses sourires dissimulaient des paroles qu'elles n'osait pas dire. Que ce baiser représenterait quelque chose. Qu'elle m'aimait.

Je me suis trompé.

J'avais faux sur toute la ligne.

Et maintenant, je suis seul au milieu de la bibliothèque, regardant, impuissant, la robe de Sam disparaître précipitamment derrière la porte. J'ai froid, soudainement, comme si sa simple présence maintenait mon corps à température.

Devrais-je la rattraper et lui parler ? Ou la laisser seule ?

Putain, je suis con ! J'ai tout gâché ! Sam va me détester et ne voudra plus jamais me revoir ou me parler ! Et dire qu'on sera dans la même université l'année prochaine ! Et dire que j'étais enfin heureux d'avoir une amie...

Comment ai-je pu être aussi stupide ?! Comment ai-je pu croire qu'elle tomberait amoureuse de moi ? J'ai toujours été le seul qui aimait, celui qui s'attache trop vite, le "bon pote", le "super ami", l' "ami génial toujours là pour les autres". Ou alors, du point de vue des filles pimbêches qui ne m'intéressaient pas, j'étais le trophée, le Graal, l'un des "mecs avec qui sortir pour devenir populaire", l'un des "mecs par qui il faut se faire baiser avant la fin de l'année", un joueur de l'équipe de foot, quoi... mais je n'ai jamais été le garçon. Jamais. J'ai toujours aimé à sens unique. Mon cœur a toujours lâché prise trop vite. 

Je suis sensible, et faible.

Et à présent, j'ai mal. J'ai mal à la tête, j'ai mal au cœur. Je m'en veux. Je n'aurais jamais dû faire ça, je n'aurais pas dû poser mes lèvres sur les siennes. J'aurais dû me rappeler qui j'étais, me remettre dans le crâne que je ne suis bon qu'à gâcher des amitiés et que je ne pourrais me contenter que de mes admiratrices aux seins refaits. 

Je pense qu'il vaut mieux que je la laisse seule.

Une larme chaude coule sur ma joue tandis que je referme les lourdes portes de la bibliothèque et enfile ma veste pour sortir.

J'ai besoin d'air.

Je ne peux même pas partir complètement de la fête, je suis censé ramener Andréa chez lui après le bal. Je suis coincé ici pendant au moins encore deux bonnes heures. J'ai deux heures pour ruminer ce qui vient de se passer. Je pourrais peut-être aller rouler en ville et m'enfiler quelques verres pour oublier, mais je ne peux pas faire ça à mon pote, je ne peux pas prendre le risque de finir soûl alors que j'ai promis à ses parents de le ramener. Et même si, dans le cas où j'aurais été soûl, les autres gars auraient pu le ramener, je n'ai pas intérêt à rentrer chez moi éméché, ou sinon je me ferai assassiner par ma mère.

J'erre quelques minutes dans les couloirs, hésitant entre aller dehors ou me planquer dans une salle de classe et me noyer dans les manuels de cours. La chaleur insupportable qui m'oppresse la poitrine finit de me décider et je prends la direction des escaliers pour redescendre. Les beaux jours se rapprochent, c'est indéniable ; les nuits se réchauffent malgré une petite brise toujours présente, et la pluie a disparu. Afin de m'éviter toute tentation de prendre le volant, je marche vers les petits parterres d'herbe à l'opposé du parking des étudiants et m'assois au sol en tailleur. La lune est pleine ce soir. Elle baigne le lycée dans une pâle atmosphère fantomatique, et ça me détend quelque peu.

17 ans mais je t'aime (1ère version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant