CHAPITRE IV

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r o s e

Aucun de mes muscles n'osaient se mouvoir, et je cherchais désespérément de l'air. Depuis que Julia m'a laissée seule ici, je n'ai pas fait un mouvement. Je suis tétanisée.

Ses paroles tournent en boucle dans ma tête, refusant de se taire, comme si ma raison accusait à nouveau mon cœur de s'être montré aussi naïf et désespéré pour croire à une telle prouesse.

« Tu ne comprends jamais rien, Rose, tu es débile. »

Débile.

« Arrête d'être naïve. Tu y croyais vraiment à tout ce cirque ? Tu es ridicule. »

Ridicule.

Ce sont juste ses mots. Ils ne sont pas le reflet de la réalité.

Non.

Ils ne le sont pas.

J'étais juste...rongée par la solitude qui m'accable depuis mon enfance. Rongée par cette solitude qu'ils m'ont infligée.

Je voulais juste savoir ce que ça faisait d'être aimé. Je voulais découvrir ce qu'est un père. Je voulais connaître l'amour fraternel. Je voulais juste une famille.

Alors je me suis jetée la tête la première dans leur mensonge juste pour réaliser mon souhait, sans penser aux conséquences de mes actes dominés par mon désespoir, sans me soucier de ce qui allait suivre lorsque tout serait fini. Parce qu'avec eux, rien n'est jamais sûr. Et je regrette de ne me pas être posée la question.

Pour combien de temps allait-il faire semblant de m'aimer ?

Pour combien de temps je vais être heureuse ?

Pour combien de temps encore ?

J'ai été stupide de croire, rien qu'un millième de seconde, que ça pouvait s'éternisé. Et pour ça, je m'en veux.

Les premières perles salées quittent mes yeux pour mes joues avant qu'un sanglot m'échappe. Mes pleurs inondent le silence jusqu'à le noyer complètement. On n'entendait plus que moi.

Je m'étais promis de ne plus pleurer. Pourtant, je ne fais que ça. Pleurer.

C'est pathétique.

Toute ma vie est destinée à être pleurée, tandis que ma mort, elle, sera célébrée.

Qui pleurera pour moi ? Personne ne tient à moi.

Je finis par sécher mes larmes et me relever. Mes talons écrasent les bouts de verre et le vin couleur sang qui n'a pas fini sur ma robe, lorsque je marche vers la sortie. Le maquillage sur mon visage doit être abominable maintenant, je ne sais même plus à quoi je ressemble et je n'ai pas pris le temps de me regarder dans le miroir. De toute façon, ils ne me laisseront pas atteindre la salle de réception alors je suis restée tout le reste de la soirée cachée dans les toilettes.

La peur que tout soit réel m'empêchait de sortir, je ne voulais pas être confrontée à la réalité, je voulais pouvoir croire que tout allait bien encore un moment. Un soupir m'échappe alors que je descends les escaliers pour rejoindre la salle de réception avant que quelqu'un ne me découvre. Bizarrement, je n'entends ni la musique ni les conversations des convives qui étaient, pourtant, très bruyantes.

Arrivée au pied de l'escalier, mon cœur manque de s'écraser contre ma poitrine. La salle de réception est vide, il n'y a personne, pas même une vulgaire mouche.

Mes pas font échos entre les murs, brisant le silence oppressant tandis que mes yeux se baladent dans l'espoir de trouver une quelconque ombre humaine.

ROSE | 1 & 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant