𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐑 𝐗𝐗𝐗𝐕𝐈

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𝚁𝙾𝚂𝙴

Assise à même le sol, j'observe le cadavre de mon père se faire porter par les hommes qui se tenaient près de lui. Du revers de ma main, j'essuie les dernières perles salées qui ont coulées sur mon visage alors mes ongles s'enfoncent dans ma peau afin d'étouffer la vive douleur qui sévit mon organe vital.

Toutefois, j'ai beau me procurer toute l'affliction du monde, la peine qu'endure mon pauvre cœur n'égale à aucune autre sentence que je pourrais m'infliger. Je suis condamnée à souffrir. Et tout ça par la faute d'un homme. Un homme que j'aimais.

Arès se tient debout derrière moi. Depuis qu'il a tiré, il n'a pas dit un mot, comme moi. Le choc a été d'une dureté sans nom et... J'ai du mal à croire qu'il ait pu le tuer sous mes yeux, même si je n'ai pas vu la balle perforé l'espace entre ses yeux.

Chavy avait raison.

La ligne qui se dresse entre la haine et l'amour est fine mais celle entre l'amour et la haine l'est encore plus.

— Lève-toi, on y va, ose-t-il ordonner.

J'étouffe un sanglot, désobéissant à son ordre. Mais lorsque qu'une lueur dorée scintille près de l'endroit où Nate est mort, je me redresse sur mes pieds et m'avance jusqu'à l'objet. De plus près, la forme du collier se distingue. Une rose rouge pend à la fine chaîne en or. Je m'accroupis pour le saisir et l'enfoncer vulgairement dans la poche de mon jean.

Mon corps pivote dans la direction du mercenaire, qui m'observe marcher vers lui, les mains fourrées dans les poches de son pantalon. Sa posture nonchalante accroît la haine que j'éprouve à son égard, le voir aussi détendu après le meurte qu'il vient de commettre m'agace d'autant plus.

Ses pupilles croisent les miennes lorsque je lève la tête pour le dévisager.

— Ramène moi voir ma mère.

Un soupir lui échappe, et il secoue la tête.

— Je t'emmène demain si tu veux, là on rentre.

Contrarié par sa réponse, je le contourne, me dirigeant vers la sortie. S'il ne veut pas m'emmener j'irais seule. Tant pis si je me perds, où que je meurs au milieu de la route. Je n'ai plus rien à perdre.

Pensant que j'ai abandonné ma quête, il me suit sans un mot. Cependant, dès lors qu'il remarque que je n'avais pas l'intention de monter dans la voiture, il se dépêche de me saisir le bras.

— Lâche-moi, crié-je.

Je tente de m'extirper de son étreinte qui me brûle, mais il n'est pas du même avis.

— Où est-ce que tu crois aller comme ça ? demande-t-il, en m'obligeant à le regarder.

— Chez ma mère, maintenant lâche moi, rétoqué-je, sèchement.

Ma réponse est la source d'un nouveau soupir qu'il pousse. Et j'imagine qu'il abandonne la confrontation inutile qu'il mène contre moi puisqu'il renonce à sa prise.

— Monte, je t'emmène, cède-t-il avant de me tourner le dos.

J'ignore s'il bluff ou non, pourtant je le suis. Dans le pire des cas, je fuierai au moment venu. En attendant, je préfère quitter cette campagne perdue au milieu de nul part.

Le moteur démarre, alors que j'attache ma ceinture de sécurité, la tête posée contre la vitre tremblante. La détonation se joue en boucle dans mon esprit telle une mélodie destructrice qui ne cesse de nous hanter pour le restant de nos jours.

A travers le rétroviseur, je remarque ses coups d'œil répété.

Je repense aux paroles de mon père, les dernières qu'il a dites avant de sombrer dans un éternel sommeil. Ne pas lui en vouloir. Mais comment ? Il pouvait choisir de ne pas le tuer devant moi, ou juste de ne pas le tuer...

ROSE | 1 & 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant