CHAPITRE VII

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r o s e

Parce que l'amour réside dans la souffrance la plus pure et la plus brutale.


—    Aujourd'hui est un jour spécial, s'écrit la voix rocailleuse du prêtre. Les liens du mariage lient pour notre plus grand bonheur, nos deux enfants : Arès et Rose.

Un silence religieux s'abat sous la tente de réception levée en notre honneur, toute l'attention est sur nous et chacuns de mes mouvements sont épiés par des personnes dont j'ignorais l'existence jusqu'à aujourd'hui.

Mes yeux ne quittent pas ceux d'Arès. William m'a demandé de le regarder avec amour, pour que chaque convive croit en une histoire à l'eau de rose mais je suis une mauvaise comédienne. C'est impossible pour moi de faire semblant. Je suis face à un homme dénué de toute émotion, ses iris ébènes me troublent tellement que je croirais tomber dans un profond ravin bercé par les ténèbres.

—    S'aimer ne suffit pas, vous devrez vous entraidez, vous soutenir, vous relever l'un l'autre et avant tout, panser vos blessures de l'âme. Parce que l'amour réside dans la souffrance la plus pure et la plus brutale, prenez chaque malheur comme une épreuve de Dieu pour vous rapprocher de vos cœurs.

Ses doigts se resserrent autour de mes mains et je ne peux réprimer le frisson qui me parcourt l'échine. Une bourrasque de vent me passe sous le nez, et je manque d'éternuer. J'essaie tant bien que mal de me concentrer sur les paroles du prêtre mais mon attention s'envole tel des feuilles mortes lorsqu'une brise les fait s'envoler loin du sol qui les a recueillis. La chaleur de mes mains contraste avec le froid de ses paumes qui me brûlent la peau, le moindre contact me brûle.

Je crois que je n'ai jamais été aussi vide qu'à ce moment. J'ai comme l'impression que mon âme s'envole, s'éloigne, disparaît dans le ciel nocturne qui recouvre Los Angeles mais pourtant je suis toujours là, sous cet autel. Comme un cauchemar qui n'a pas de fin, je continue d'espérer que le scénario change, et qu'on m'attribue un autre rôle. Parce que je déteste le mien.

Je déteste être la fille qui reçoit toute la haine des autres personnages.

Je déteste être la fille qui est toujours mise à l'écart.

Je déteste être la fille qui passe inaperçue dans le décor lorsque les autres brillent tellement qu'elle devient une petite étoile insignifiante.

Je déteste être la fille qui n'a jamais été désirée.

Je déteste être moi.

C'est facile pour les autres de choisir qui ils veulent être. C'est facile parce qu'ils ont le choix et j'ai beau retourner ciel et terre, mon destin m'amènera inévitablement sous cet autel qui m'illumine de mille feux.

-    Alors, Arès, dit-il en le regardant avant de pivoter légèrement vers moi. Rose, vous devrez vous aimer pour le meilleur et pour le pire et ce, jusqu'à ce que la mort sépare vos deux âmes qui ont longtemps cheminé pour se retrouver.

Ma poitrine se soulève et s'affaisse inégalement, sentant l'échange des consentements arrivés.

-    Arès, Rose, consentez-vous à vous engager dans ce mariage en promettant d'être fidèle l'un à l'autre ? demande le prêtre.

Nos voix se lèvent simultanément, sous le coup de la chance.

-    Oui.

-    Vous engagez-vous à vous aimer et à vous respecter dans un foyer chaleureux ?

-    Oui.

Est-ce grave de mentir ?

Est-ce pécher si nos vœux ne sont qu'une illusion servit comme amuse-bouche aux invités pour qu'ils ne se lassent pas de ce spectacle ?

ROSE | 1 & 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant