CHAPITRE XVII

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r o s e


La tête dans mes bras, j'observe Arès travailler depuis une demie heure. Six jours se sont écoulés depuis l'attaque surprise de cet homme, et il refuse de me laisser seule dans une pièce où il n'est pas. C'est pareil lorsqu'il sort, je suis toujours accompagnée de Chavy ou de Ryan. Il arrive même qu'il m'emmène avec lui lors de mini déplacement.

Ça en devient étouffant.

Cette proximité forcée me dérange plus que tout. Sa bonne humeur à vite disparu, laissant son aigreur et sa taciturnité habituelle revenir à la charge. Depuis que nous sommes rentrés du club il y a une semaine, nos échanges se sont limités à de simples directives — bien qu'ils n'étaient pas assez riches avant — je pensais que notre relation avait évolué de quelques degrés mais j'avais tort.

Il est évident que je me fais de fausses idées. L'attitude désinvolte d' Arès me concernant prouve une fois de plus qu'il me protège seulement pour garantir la validité du contrat conclu entre William et son père.

Ses paroles ont longtemps troublé mon esprit. Mes nuits d'insomnie se sont transformées en un réel calvaire, je cherchais la véracité de ses mots et la valeur à laquelle il m'estimait.

Peut-être qu'il cherche réellement à protéger ma vie.

Ou peut-être qu'il veut seulement protéger le contrat.

Je me souviens comme si s'était hier, cette manière dont il affirmait que j'étais sa femme et que personne ne devait oser me toucher aux risques d'être confronté à lui.

Et j'ai envie de croire une énième fois qu'il cherchait à me protéger, rien que pour être sûr que j'aille bien. Seulement, je m'en veux d'être aussi... pensive ? Pourquoi faut-il que je me ronge l'esprit au point de ruminer l'illusion de mes rêves les plus utopiques ?

Je le déteste, il m'a fait souffrir à maintes reprises. Alors, pourquoi est-ce que je m'accroche toujours ? Malgré les fois où je me suis juré de ne plus espérer, de ne plus croire aux belles paroles  que l'on m'accorde. Je fais toujours la même erreur.

Cette mauvaise habitude refuse de me laisser la paix, je m'attache souvent aux mauvaises personnes et surtout à celles qui me font souffrir. La douleur continuelle qui habite mon pauvre cœur est bercé par mon âme, affreusement peureuse de quitter sa zone de confort. Un paradoxe déroutant. J'ai toujours cherché à m'arracher cette affliction, pourtant je peine à m'en détacher.

Mon attention converge à nouveau vers la peau de son bras où une multitude de tatouages recouvrent la blancheur de son épiderme parsemé de cicatrices plus ou moins voyantes. Je me demande d'où peuvent provenir ses cicatrices, et est-ce qu'il s'est noircit la peau pour les cacher ? Ou bien, il apprécie peut-être ces motifs qui paraissent très aléatoires ?

Seule la ligne de chiffre romain à l'air d'avoir une signification bien précise. Chavy et Ryan ont le même. J'ai découvert celui de Chavy lorsque nous nous changions, il était gravé en dessous de son sein.

12 octobre 2014 ou 13 septembre 2014...

Je suis certaine que l'une de ses dates à une signification particulière. J'espérais trouver une réponse en demandant à Chavy mais je n'ai pas osé lui demander.

La sonnerie d'un téléphone m'arrache à ma contemplation, me contraignant à relèver les yeux vers Arès, qui décroche.

—    Allô ?

Ses pupilles trouvent mes billes vertes tandis qu'il écoute son interlocuteur. J'ignore la raison pour laquelle mes yeux restent ancrés dans les siens, comme captivé par la profondeur de ses iris charbonneux.

ROSE | 1 & 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant