𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐗𝐗𝐈𝐈

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PRÉ-NDA : 💨💨💨



𝚁𝙾𝚂𝙴

Arès frappe trois fois contre le bois blanc de la porte et attend que la voix roquailleuse de son père nous autorise à rentrer. J'essaie de lui soutirer un geste, rien qu'un regard de compassion mais la distance qu'il installe entre nous complique l'affaire.

Les souvenirs qu'il me reste de son père amplifient l'angoisse qui me tord le ventre depuis une trentaines de secondes.

Ses yeux noirs. Sa peau fripée sous ses yeux. Son aura.

Tout chez cet homme m'horrifie. Il inspire le mal incarné, et si jusqu'ici je considérais le mercenaire comme un monstre, son père, lui, est bien pire. La tête baissée, je marche derrière Arès, n'osant pas lever les yeux.

Pensavo che saresti venuto da solo, gronde la voix rauque de mon beau-père. ( Je pensais que tu devais venir seul. )

Mes mains se crispent à l'intérieur des poches de la veste. Je déteste ne rien comprendre. J'ai l'impression d'être une idiote.

— Je devais mais j'ai eu un empêchement.

Je lève la tête au même moment où Giovanni se retourne vers son fils qu'il fixe sans une once d'affection. Ses pupilles sont vides de tout sentiment, comme s'il regardait l'un de ses soldats.

Questo ostacolo ti ha fatto venire con lei ? ( Cet empêchement t'as fait venir avec elle ? )
Arès acquiesce en silence, les bras ballants.

Questo ostacolo ti ha fatto venire con lei ? continue le père du mercenaire, en s'asseyant sur le siège derrière son bureau. ( Pourquoi tu ne l'as pas laissé dehors ? )

— Parce que tes hommes risquent de la toucher, rétorque la voix grave de Arès.

Giovanni tourne son regard vers ma silhouette pour la première fois, me reluquant sans gêne. Ma gorge se serre, comme ce premier jour où j'ai rencontré Arès. C'était le même regard.

— Comment va votre père, Rose ?

J'avale de travers ma salive et tousse bruyamment.

— Hum... Je-... Je pense qu'il va bien, bafouillé-je, embarrassée.

Il hoche la tête, un fin sourire accroché aux lèvres. D'un signe de la main, il m'invite à m'asseoir sur l'un des fauteuils qui font face à son bureau. Je jette un rapide coup d'œil vers Arès qui reste sans réaction, alors pas à pas, je rejoins le siège face à Giovanni qui observe la scène silencieusement.

Vai a prendere quello che ti serve e torna quando hai finito. Tua moglie resta con me. ( Va chercher ce dont tu as besoin et reviens quand tu auras terminé. Ta femme reste avec moi. )

Refusant de lui offrir la moindre attention, encore vexée qu'il ne m'accorde pas la sienne, je ne le vois pas quitter la pièce et seul le claquement de la porte contre le chambranle m'indique qu'il n'est plus là.

— A nous deux, Rose, articule Giovanni, croisant ses bras sur la table en chêne noir.

Je déglutis tandis que la peur saisit de fil en aiguille chaque cellule de mon corps. Mes pieds tapent frénétiquement contre le sol, sans que je puisse arrêter le mouvement incessant. Il m'angoisse.

— Alors, comment se passe la cohabitation avec mon fils, pas trop dure ? demande-t-il.

En attendant ma réponse qui prend du temps à se former, il allume un cigare qu'il porte à sa bouche presque violette.

ROSE | 1 & 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant