CHAPITRE VI

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r o s e


La nuit est tombée depuis quelques heures maintenant, pourtant, ils discutent toujours à l'intérieur du bureau de William.

Après le retour de Giovanni et William, j'ai dû quitter la pièce. Ils parlaient affaires et je n'étais pas invité à écouter leurs conversations. Seulement, je suis restée cachée au bout du couloir, guettant les allées et venues de la domestiques qui leur apportait du thé ou encore du café.

Je ne sais pas pourquoi je campes ici, peut-être pour trouver des réponses à mes questions ou alors, pour rester loin de ma chambre dans laquelle j'ai été longtemps enfermé. Mais je n'entends rien mise à part le silence continu qui m'accable depuis des heures. Au fond de moi, j'espère qu'une dispute éclate, qu'un désaccord les convainc d'annuler le mariage, d'oublier cette alliance et de tirer un trait définitif sur l'union de nos deux familles.

Parce que je n'ai pas envie d'être la femme de cette homme. Je n'ai pas envie d'être seule avec lui, dans la même maison, dans la même pièce, dans le même lit. Il me terrifie à m'en faire vomir mes tripes, à empêcher mes poumons de respirer.

Mes jambes commencent à chanceler sous mon poids, tenir plus de trois heures debout derrière cette colonne m'épuise énormément, je me décide alors à quitter ma cachette et de rejoindre ma chambre. Cependant, le cliquetis d'une serrure m'immobilise. Je dirige à nouveau mon attention sur la porte, où je découvre avec surprise Arès en sortir.

La silhouette nonchalante de ce dernier longe le couloir plongé dans la pénombre, où seule la faible lumière de la lune d'un reflet bleuté nous éclaire. L'écho de ses pas brise le silence longtemps maintenu par moi-même et lorsqu'il s'apprête à descendre les escaliers, ses yeux perçants croisent mes iris verts.

Je ne respire plus.

Comme s'il avait deviné ma présence depuis le début, qu'il avait entendu les battements de mon cœur s'affoler dès lors qu'il est apparu dans le couloir. La netteté de son regard me trouble, et le nom qu'il m'a attribué surgit dans mon esprit.

Rosa.

Je ne l'ai pas corrigé.

Je n'en ai pas eu le temps.

Non.

J'aurais eu trop peur de le faire.

Un doux accent émergeait en même temps qu'il articulait mon nom dans une langue étrangère, ça collait parfaitement tel une symphonie. Néanmoins ça m'irritait, je déteste ce surnom.

Il finit par couper le contact visuel et tourner le dos, ignorant ma présence. Ses pas s'éloignent progressivement, et bientôt je n'entends plus que le silence assourdissant qui règne dans ce troisième étage.

Un pas après l'autre, je quitte ma planque pour le suivre. Il m'intrigue. Sa froideur apathique et son ton arrogant lorsqu'il lève la voix pour prononcer ne serait-ce qu'une syllabe, m'agace. A vrai dire tout chez lui m'agace. Même sa façon de respirer. Parce que la répulsion que je voue à ce mariage se matérialise sous sa forme, sous celle d'un homme qui est condamné à être mon époux. Je me demande pourquoi est-ce qu'il a accepté, il aurait pû refuser mais au lieu de ça, il me blâme.

Un cri d'effroi m'échappe lorsqu'une main m'agrippe l'épaule et que mes plaintes sont étouffées par un torchon. Mon corps se tortille dans tous les sens pour se libérer mais la force brute de l'inconnu m'accule à lâcher prise, et me pompe mes dernières forces.

La peur me tord l'estomac tandis que mon pouls accélère à toute vitesse. J'ai beau essayé de regarder autour de moi, d'entrevoir une silhouette, un visage mais l'obscurité annihile les formes qui m'entourent, me plongeant dans un décor vide de vie.

ROSE | 1 & 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant