CHAPITRE XV

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r o s e


Je suis cloitrée entre les quatres murs de ma chambre depuis l'incident. Les volets clos empêchent un quelconque rayon de lumière infiltrer la pièce, la plongeant dans une pénombre inquiétante. Mes journées se résument à rester recroquevillée sous ma couverture et à ressasser mon passé aux nuances moroses.

Toute mon enfance défile sous mes yeux. Je me revois face à eux, face à ma famille. Je revois la petite fille stupide que j'étais. Cette même petite fille qui voulait à tout prix être comme les autres pour être acceptée. Cette enfant délaissée par l'univers.

Je n'ai pas revu Arès. L'aversion que je ressens à son égard n'a fait que s'intensifier à chacune des larmes que j'ai versé par sa faute. Il ne m'a certes pas poussé dans l'eau mais par sa faute je me suis retrouvée au bord de ce bassin aux milles tourments.

La porte fermée à double-tour, il n'a pas pu entrer dans ma chambre et ce malgré ses supplications pour y entrer.

L'illusion que je m'étais faite de notre mariage dépeint une fois de plus mon insouciance. Comment ai-je pu croire que ce mariage soit une échappatoire ? Chaque jour, je tombe un peu plus bas jusqu'à atteindre les profondeurs des enfers.

Je ne crois plus. Je n'espère plus. Je survis juste.

Peu importe si je souris ou que pendant un instant je sens mon coeur battre un peu plus fort que la moyenne parce que je savoure le moment présent en compagnie de Chavy et Ryan. Dès qu'ils franchissent le pas de la porte, tout s'envole, s'éloigne et disparaît dans le ciel de mon amertume. Rien n'est éternel.

Le bonheur qui fleurit en moi finit toujours par faner tel un tournesol qui attend désespérément que le soleil se lève pour briller à ses côtés.

Je suis l'une de ces fleurs. Celles qui ne sont pas assez belles pour être cueillies et trouver une place au sein d'un bouquet de roses. On préfère m'écraser parce qu'on ne m'a pas vu.

Je ne suis jamais assez.

Marisa avait raison, personne n'est stupide pour m'aimer. Maintenant, j'arrête d'y croire. Et j'aurais dû le faire lorsque j'ai su que ma propre famille ne m'aimait pas.

Une tâche. Une erreur. Une ébauche délaissée par son artiste parce qu'elle n'en valait pas la peine.

Je suis toutes ces choses-là, ces choses qu'on ne nomme pas puisqu'on oublie souvent qu'elles ont un nom.

Trois coups sont frappés à la porte de ma chambre. Mes doigts se crispent autour du drap de mon lit, en pensant qu'il est encore venu. Je pensais qu'il abandonnerait. Les paupières closes, j'attends qu'il parte mais deux autres coups résonnent et une voix calme transperce le mur de bois, se frayant un chemin jusqu'à mes oreilles.

—    Rose, c'est moi, Ryan. Tu veux bien m'ouvrir ?

Lentement, je retire la couette qui me couvre le visage avant de me redresser. Je marche pied nu jusqu'à la porte et murmure avec le peu de volonté qu'il me reste :

—    Ry-...

Je m'éclaircis la gorge et tente une nouvelle fois.

—    Ryan, c'est toi ?

Sa réponse fuse instantanément.

—    Oui, tu m'ouvres ?

Ma main tremblante déverrouille avec hésitation la porte. Une lumière étincelante déborde de l'ouverture qui s'agrandit peu à peu, inondant la pièce de sa splendeur aveuglante. Ryan contraste dans le décor avec sa tenue sombre qui aurait pu parfaitement harmoniser avec l'obscurité de ma chambre.

ROSE | 1 & 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant