CHAPITRE VIII

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r o s e

Une main sur ma poitrine, j'écoute les pulsations de mon cœur effréné taper contre ma cage thoracique. Encore ce fichu rêve...

Ces dernières nuits, mes souvenirs resurgissent pour me hanter durant les quelques heures où je trouve enfin le sommeil. Je pensais que ma première nuit dans cette maison m'empêcherait peut-être d'y repenser mais j'avais tort, ils me suivent comme mon ombre.

Un soupir s'évade d'entre mes lèvres avant que je ne décide de me lever vers la salle de bain de ma chambre, hier soir j'ai découvert que nos chambres étaient belles et bien séparées, je n'aurai donc pas à partager quoi que ce soit avec lui mise à part son nom. Ça me soulage. J'ignore ce dont il est capable ou ce qu'il peut me faire, c'est pour cette raison que je préfère rester loin de lui. Après tout, rien ne nous engage à rester près l'un de l'autre.

Lorsque j'affronte mon reflet, mes pensées divergent vers les boucles qui ont pris forme le long de mes longueurs, j'ai beau les faire lisser depuis des années, leur nature ne changera jamais et maintenant que je n'ai plus personne pour les rendre raides, ils risquent de rester comme ça pendant longtemps. J'ai toujours détesté mes cheveux. Ils attisaient les moqueries de Marisa et Logan, mais ça renforçait aussi un peu plus la différence physique entre nous. Les rumeurs qui sévissaient notre famille étaient souvent tournées vers l'enfant différent, celui qui n'est sûrement pas un Adams. Et qui d'ailleurs ne l'était pas.

Je finis par les attacher en chignon pour ne plus y penser avant de quitter la salle de bain. Debout face à l'armoire adjacente de mon lit, j'ignore ce que je dois porter.

Lorsque ma présence était requise par William, une robe et des parures étaient choisies pour moi, tout était choisi pour moi et il contrôlait ma vie dans ses moindres détails. Seuls les moments où j'étais emprisonnée dans ma chambre me permettaient de faire usage de mon libre arbitre, seulement à part choisir le livre que je voulais lire, je n'avais pas énormément de choix.

Alors, maintenant que j'ai la liberté de choisir, ça me semble nouveau et étrange mais ça me plaît. C'est satisfaisant d'avoir le contrôle sur sa vie, même si ça concerne des décisions futiles. Être la poupée d'une quelconque personne est humiliant, tout comme ces animaux mis en cage, il n'y aucun respect pour ma personne. Ma dignité a été mise à néant par ces gens.

A vrai dire cette armoire ne contient que des robes, celle que je portais lorsqu'ils me maltraitaient. Je devrais peut-être changer ça, j'aimerais me détacher définitivement de l'influence de ma famille et oublier définitivement les horreurs qui marquent mon âme.

Une robe noir me tape à l'oeil, je crois ne l'avoir jamais porté. J'enfile de nouveaux sous-vêtements ainsi que la robe en espérant ne pas être enfermée mais je suppose qu'Arès n'est pas rentré depuis qu'il est sorti hier soir, ce qui veut dire que je suis seule. Ça m'a surprise qu'il ne reste pas mais je comprends à présent que je ne suis qu'un contrat et qu'il n'en a rien à faire de moi alors il se contente de m'ignorer. Notre mariage n'est fondé que sur un accord permettant la gloire de nos deux familles et l'extension de leurs pouvoirs à travers le monde. Rien d'autre.

Une main sur la poignée, je compte trois inspirations avant d'ouvrir la porte en découvrant que je suis vraiment libre. Mes yeux lorgnent le couloir qui s'étend sur plusieurs mètres, et aucune présence humaine n'est à signaler, je longe les murs jusqu'au pied de l'escalier. Il n'est donc vraiment pas rentré, même le salon est vide.

Je m'arrête brusquement lorsque je découvre une femme dans la cuisine, elle n'a pas l'air d'être une domestique, loin de là. Ses longs cheveux bruns attachés en une queue de cheval flottent dans les airs pendant qu'elle remue soigneusement le contenu d'une casserole, mes pupilles s'attardent sur son pantalon en jean bleu délavé qui lui colle la peau et son top à manche longue noir. Je m'approche d'un pas bruyant et elle se retourne aussitôt. Ses yeux noisettes s'accrochent à mes billes émeraudes et un sourire se dessine sur ses lèvres vernies d'un gloss couleur cerise.

ROSE | 1 & 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant