𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐗𝐗

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𝚁𝙾𝚂𝙴



Une vive douleur me lacère le bas du ventre lorsque je me réveille. Mes jambes se replient contre ma poitrine dans un infime souffle d'espoir de diminuer l'algie mais rien y fait, les crampes s'intensifient et le supplice continue.

Je me lève alors, avant de courir aux toilettes dans la conviction que cela n'est juste qu'un problème de digestion, malgré le fait que je n'ai rien avalé la nuit dernière.

Le mouchoir entre mes mains est imbibé de sang.

Merde.

La dernière fois que j'ai eu mes règles, remonte à la semaine avant la cérémonie de mariage et je pensais m'en être débarrassé, surtout que mon poids ne fait que diminuer de jour en jour. Et puis elles ont toujours été irrégulières. Elles vont et viennent comme bon leur semblent, amenant avec elles une souffrance que j'abhorre tant. A vrai dire, tout ce sang qui s'écoule depuis des années, n'est en réalité qu'une cicatrice qui me rappelle à chaque cycle la manière dont j'ai été délaissé durant mon adolescence.

Personne ne m'est jamais venu en aide lorsque la douleur sévissait avec tyrannie mes entrailles toutes les fois où elles sont arrivées. Je n'avais que quatorze ans la première fois. J'ai dû apprendre à mes dépends pourquoi du sang sortait en abondance de mon vagin.

Au début, je pensais que j'allais mourir. Puis, une domestique m'a expliqué — j'avais espéré que ma mère le fasse mais c'est sans espoir — que chaque femme, arrivé à un certain âge, a ses mentruations. Le cycle de la vie.

Alors elle m'a laissé des serviettes hygiéniques, assez pour les trois jours de souffrances qui m'attendaient, et elle est partie sans atténuer les maux de ventre qui me tourmentaient.

Chaque cycle me faisait détester d'être en vie. Cette même vie qui haïssait mon existence.

Je tire la chasse d'eau et quitte la salle de bain, qui me rappelle amèrement la veille. Enfin, c'est le contact de ses doigts froids contre ma peau qui ne cesse de revenir dans mon esprit.

Je le déteste.

Les crampes qui m'avaient laissé un peu de répit reviennent à la charge alors que je suis en train de descendre les escaliers. Je n'y prête pas attention, continuant de marcher vers la cuisine comme si de rien n'était. Une assiette de crêpes repose au centre de l'îlot en marbres gris. La faim dans laquelle je me noie me supplie de manger et je finis par céder à la tentation. J'en avale trois, mais très vite cela me procure des hauts le cœur, même si j'adore ça. Je suppose que je suis incapable de me nourir parfaitement. Quelque chose cloche chez moi. Malgré l'envie qui me tord l'estomac, l'appétit n'est jamais au rendez-vous. C'est comme si mon corps refusait tout ce que je lui donne, comme s'il refusait de se nourrir.

J'ai un réel problème.

Les pieds de la chaise grincent sous mon poids quand je décide de partir. Lorsque je passe devant le salon, mes yeux se dérobent vers le mercenaire qui est en train de regarder un match de football à la télé. J'ignorais qu'il aimait ça, le foot.

Il ne me remarque pas malgré le bruit sourds que font mes pas, alors je ne m'arrête pas. La douleur sans nom qui se répand dans le bas de mon ventre est insupportable, et j'ai envie de vomir. Je retiens comme je peux les remontées acides qui menacent de s'échapper. Seulement, deux pas plus tard, je vomis.

Mes mains sur mes genoux, j'ai l'impression de recracher tous mes organes pendant que mes cheveux disparaissent de mon champ de vision. J'ignore la main d'Arès qui s'est posée sur mon dos, espérant plutôt que le calvaire s'arrête.

ROSE | 1 & 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant