ROSE | 1 & 2

𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐗𝐗𝐗𝐈𝐈𝐈

𝚁𝙾𝚂𝙴

Mes yeux ne quittent pas le hublot tandis que mes doigts s'amusent avec les veines qui ressortent naturellement des mains du mercenaire.

C'est la première fois que je voyage au-delà des frontières de Los Angeles. Mais surtout, c'est la première fois que je prends l'avion.

Le ventre noué, je contemple les nuages que nous survolons, hypnotisée par la beauté du ciel nocturne.

Contrairement à moi, Arès s'est endormi depuis que l'avion a décollé. Sa tête repose sur mon épaule depuis une quinzaine de minutes, et je n'ose plus bouger par peur de le réveiller.

Rare sont les fois où il trouve le sommeil. Cela fait déjà plus de quelques jours que ses insomnies refusent de lui laisser la paix. Et lorsque ce n'est pas l'envie de dormir qui l'en empêche, ce sont ses cauchemars.

A plusieurs reprises, Arès s'est réveillé en pleine nuit, la respiration lourde et les tempes pleines de sueur. J'ai beau essayer de lui soutirer une quelconque information de sa part pour l'aider mais il n'accepte qu'une fois sur deux de m'expliquer le contenu de ses frayeurs nocturnes.

Arès est du genre à ne demander de l'aide à personne. Peu importe si ce qu'il confronte au quotidien est au-dessus de ses forces, il a l'habitude de porter un lourd fardeau sur ses épaules. Et ça ne changera jamais.

Il marche seul malgré ma présence et celle des autres.

Mais tant pis s'il ne veut pas de mon aide, je veux juste le comprendre lui et son coeur.

Je ne veux pas qu'il se croit seul alors que je suis là.

Mon attention converge vers la chevelure brune qui repose sur mon épaule. Lorsqu'il dort, tous ses traits s'adoucissent et il a presque l'air d'un ange.

Je me répète sûrement, mais il n'a pas le physique pour être le monstre qu'il incarne. Il a plus l'air d'être un artiste. Un peintre peut-être ?

Qui sait, il me cache tellement de détails sur sa personne que je ne serais pas surprise d'apprendre qu'il aime la couture ou bien la sculpture. Il est si spécial.

Inconsciemment, mon doigt se lève jusqu'à sa joue où l'un de ses cils noirs est tombé. Je le retire en le frôlant et cela suffit à le faire sursauter.

- Mh, on est arrivé ? demande-t-il en se redressant.

- Non, pas encore, dis-je. Je ne voulais pas te réveiller, désolée.

Il s'étire avant de laisser son dos s'avachir sur son siège.

- T'excuse pas, je dormais pas, m'assure sa voix, pourtant, fatiguée.

- Mon épaule est toujours disponible si tu veux.

Il secoue la tête, refusant mon offre avant de vérifier l'heure sur la montre qui habille son poignet.

- Il nous reste moins de quinze minutes avant d'atterrir. Je dormirais quand on sera à l'hôtel.

J'opine, avant de tourner mon attention vers le paysage qui défile à travers le hublot.

Nous allons rester trois jours à Las Vegas pour l'une de ses missions. Je n'étais pas sensée participé au voyage, mais Arès a insisté pour que je vienne.

Pour lui, c'était trop dangereux de me laisser seule sans sa protection personnelle. Mais il a aussi dit qu'il avait du mal à se détacher de ma présence, que j'étais addictive et tout plein d'autres adjectifs qu'il a soufflés alors que ses lèvres s'occupaient volontiers des miennes.