ROSE | 1 & 2

𝐭𝐨𝐦𝐞 𝐈𝐈 | 𝐏𝐑𝐎𝐋𝐎𝐆𝐔𝐄

Tw : meurtre.

𝙰 𝚁 𝙴 𝚂

—    Tu sais ce qu'il te reste à faire, prononce mon père, la main sur mon épaule. Ne me déçois pas, Arès.

Je hoche la tête avec assurance.

—    Je ne te décevrais pas, papa, certifié-je, le cœur battant la chamade.

Papa retire sa main chaude de mon épaule afin de replacer le chapeau sur sa tête et de me tourner le dos après un dernier regard froid.

J'angoisse un peu.

Les mains dans les poches et la tête baissée, je longe les murs jusqu'au point de rendez-vous.

C'est ma première mission. La première que m'a assignée papa. Je n'aime pas vraiment ça mais je veux le rendre fier.

Si je réussis, il me verra peut-être enfin comme son fils et pas seulement comme un soldat qu'il conditionne à être une machine de guerre.

J'ai déjà perdu maman... Perdre papa me tuerai. Il est le seul à qui je peux m'accrocher, ici. Lorsque la lame que je cache dans la manche de ma veste transpercera le cœur de sa victime je sais que j'en aurais des nausées, en plus des cauchemars qui me hanteront durant des nuits entières. Papa sera là pour m'aider à guérir.

Il a tous les remèdes.

Je veux qu'il me considère comme son fils, c'est tout ce que je souhaite.

Les gouttes d'eau qui émanent du ciel m'extirpe de mes réflexions, et je réalise que je suis enfin arrivé. Le souffle court, je tente de calmer les pulsations effrénées de mon cœur. Mon corps, quant à lui, n'oscille plus.

Au loin devant moi, une femme aux cheveux roux quitte une boutique de jouet, les mains occupées à porter deux grands sacs roses.

Anastasia Jones.

Un long frisson me parcourt, cependant cela ne suffit pas pour que je fasse marche arrière. Au contraire, les motivations qui m'amènent jusqu'ici m'invitent à suivre le plan.

"Leçon numéro une : efface la peur de ton esprit. Tu n'as peur de rien, tu es Arès Moretti, fils de Giovanni Moretti."

Telle une vieille mélodie qui refuse de quitter ma mémoire, les mots de papa me reviennent. Je n'ai pas peur.

Mon entraînement a duré cinq ans, et j'en ai onze aujourd'hui. Ça été les pires années de ma vie. Les sacrifices que j'ai dû faire m'empêchent de faillir à ma mission.

Alors je suis désolé.

Désolé d'être égoïste.

Des effluves de parfum s'immiscent dans mes narines lorsque la distance entre cette femme et moi ne dépasse pas un mètre. Mes doigts s'accrochent à son trench tandis que je retire ma capuche.

—    Excusez-moi...

Ses longs cheveux m'effleurent le visage quand elle pivote dans ma direction, et je rencontre ses yeux. De grands yeux bleus aussi profonds qu'un océan froid.

—    Oh, dit-elle surprise. Tu as... besoin de quelque chose ?

Je hoche la tête en prenant un air abattu.

—    C'est ma mère... Elle... Elle est tombée et elle ne se relève plus, comme si elle était morte...

Ses traits se transforment et laissent place à de l'inquiétude.

—    Où est-elle ? Tu as essayé d'appeler les secours ? demande-t-elle en posant une main sur mon épaule, au même endroit que mon père avant elle.