CHAPITRE XIV

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r o s e

Une douce chaleur enveloppe mon corps et malgré les courbatures qui accablent mes muscles, je réussi à dégager le plaid d'un mouvement vif. La lumière du soleil m'aveugle m'obligeant à refermer les paupières le temps de m'adapter à l'éclairage diurne. 

Mes sourcils se plissent tandis que j'observe avec attention le salon où j'ai dû passer la nuit.

Les souvenirs de la veille ressurgissent dans mon esprit, me rappelant le sommeil qui m'avait saisi alors que je regardais une rediffusion de The Vampires Diaries. Cependant, je pensais avoir laissé la télé allumée et le plaid... je ne sais pas d'où il vient. Peut-être que Chavy est là.

Et si c'était Arès.. ?

Je grimace à cette pensée. Il est la méchanceté incarné, l'antagoniste de n'importe quel film d'horreur. Impossible que ce soit lui.

Après maintes hésitations, je me redresse enfin. J'enfile les pantoufles qui jonchent au pied du canapé avant de filer dans la salle de bain. Mon reflet n'est plus aussi déplaisant qu'il y a deux mois, la perception de moi-même à changer et je n'espère plus leur ressembler. Sans les moqueries redondantes de Julia et Noah, je me sens beaucoup mieux. Bien que Arès reprend entre autres ces railleries, ce n'est pas aussi conséquent que ce qu'ils ont pu me faire.

« Arrête de te regarder dans le miroir, t'es encore plus laide que d'habitude. »

Je devrais ne pas prendre en considération ses commentaires mais c'est plus fort que moi et dire que ça ne m'affecte pas serait un mensonge. C'est contradictoire mais j'aimerais plaire, lui plaire malgré la haine que je lui voue. Enfin, j'aimerais juste plaire à tout le monde.

C'est un besoin qui me réconforte. Peu importe le sentiment de rancœur qui réside en moi, mon estime dépend de l'avis des personnes qui m'entourent et ce même si chaque parcelle de mon âme la hait. 

Je jette un dernier coup d'œil à mon reflet avant de quitter définitivement la salle de bain et de descendre. Mes pupilles croisent sa silhouette debout face à l'îlot central dans la cuisine, sans le vouloir mon regard lorgne son dos nu aux multiples tatouages. Un serpent longe sinueusement son épaule tandis qu'une ligne de mots écrite dans un alphabet étranger s'étale le long de son épine dorsale et d'autres motifs aléatoires se joignent à ces dessins.

Je n'y ai jamais fait attention avant, mais ses muscles sont impressionnants. Ses épaules larges et saillantes m'hypnotise d'autant plus que ses cheveux noirs corbeau qui brillent sous la lumière. Ça me fait mal de l'avouer mais... Il est terriblement beau.

—    Le spectacle te plait ? demande-t-il, sentant ma présence derrière son dos.

Mon pouls accélère alors qu'il me fait à présent face. Je déglutis. Les poings serrés, je m'efforce d'avoir l'air indifférentes et lance d'une voix sûre :

—    J'aurais préféré m'en passer, c'est loin d'être agréable à voir.

Il tire sur la serviette autour de son cou, et s'approche lentement. Je me fais violence pour ne pas baisser les yeux vers son torse, mais chaque pas aggrave la difficulté de la tâche. 

—    Je suis presque vexé, Rosa.

Un pas après l'autre, je recule. Seulement, le plan de travail m'arrête très vite et la distance entre nous diminue d'autant plus rapidement.

—    J'espère que la prochaine fois tu le seras, rétorqué-je, la boule au ventre.

Plus que quelques vulgaires centimètres nous séparent, et je suis contrainte de lever la tête pour éviter de rencontrer ses lèvres charnues. Je déteste être plus petite que lui. Je déteste devoir lever les yeux pour croiser ses billes noires. Je déteste cette situation autant que je le déteste.

ROSE | 1 & 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant