CHAPITRE XVI

42.5K 2K 7K
                                    





r o s e


Le bruit incessant d'une sonnerie me réveille en plein milieu d'un rêve. J'ouvre lentement les yeux, éblouit par un faible rayon de lumière qui illumine la pièce qui m'est étrangère. Il me faut quelques secondes pour me remémorer la veille ; j'ai dormi dans la chambre de Arès. De longs frissons me parcourent l'échine. La frayeur de l'inconnu m'avait tellement paralysée que je n'avais que d'autre choix que de rester à ses côtés.

Mon corps bascule de l'autre côté, découvrant l'espace vide qu'il a laissé en se levant. Entourée de ses draps, sa fragrance boisée infiltre mes narines à chaque inspiration, m'imposant sa présence contre ma volonté. Je me redresse et lentement, je m'étire les bras.

Le cliquetis de la serrure de la salle de bain résonne et je m'enfonce contre le matelas qui s'affaisse sous mon poids. Arès apparaît derrière la porte vêtu uniquement d'un jogging gris, ses cheveux charbonneux suintent sur son torse nu parsemé de dessins à l'encre noir tandis qu'une serviette blanche vaque autour de son cou. Mes joues chauffent inéluctablement alors que j'agrippe fermement la couverture pour ensevelir mon visage sous cette dernière.

Les secondes défilent et je commence à manquer d'air. Lorsque je sens sa présence sur le lit, je retire la couette qui m'étouffe avant de me redresser subitement. Dos à moi, il ne fait pas attention à ma présence. J'en profite pour m'éclipser dans ma chambre. Un pas après l'autre, je finis dans le couloir, mais je n'ai pas le temps de faire un pas de plus que je croise le regard tiré de Chavy. Ses iris bruns me lorgnent, les sourcils haussés. Puis je me souviens que je ne porte qu'un débardeur accompagné de son short noir.

Merde, j'ai oublié mon pull...

—    Tu as oublié ton pull, m'apostrophe la voix grave du mercenaire.

Chavy et moi nous tournons vers lui simultanément, je ferme les yeux quelques secondes consciente du malaise qu'il vient d'ajouter à la situation. Elle nous regarde tour à tour, ses lèvres arborent un léger sourire qu'elle tente de cacher alors qu'elle lance d'une voix pleine de malice :

—    Dites vous deux, vous avez couché ensemble ?

Mes yeux manquent de sortir leur orbite alors qu'Arès soupire ennuyé avant de retourner à l'intérieur de sa chambre, me laissant seule face à Chavy que je n'ose même pas regarder.

—    Ce n'est pas ce que tu crois... soufflé-je, à mi-voix.

Je me griffe les bras, quittant le pas de la porte pour rejoindre Chavy et la conduire jusqu'à ma chambre.

—    Mh, et qu'est-ce que vous avez fait alors, tous les deux dans sa chambre ? Jouer aux cartes ?

—    Non, on a juste dormi ensemble, dis-je avant de me reprendre, enfin il y avait un coussin entre nous.

—    Oh autant pour moi, c'est vrai que ça change tout s'il y avait un coussin entre vous, ironise-t-elle.

Je lui lance un regard noir comprenant qu'elle se moque de moi comme il la fait juste avant elle. La gêne se dissipe lorsque j'entre dans ma chambre, bien décidé à oublier cette nuit qui ne se reproduira plus jamais.

Hier c'était exceptionnel, je me devais de faire taire la haine que je lui voue si je ne voulais pas mourir aux mains d'un agresseur dont j'ignorais la présence jusqu'à cette soirée. Certains systèmes ont des failles, et c'est ce qui nous est arrivé. Une simple faille.

Je regarde Chavy s'allonger sur mon lit pendant que je choisis des vêtements dans mon armoire.

—    Je suis sûre qu'il a dû profiter de la situation ce vaurien, insinue-t-elle, m'adressant un sourire.

ROSE | 1 & 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant