𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐗𝐈𝐗

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𝐻𝑒𝑎𝑙𝑖𝑛𝑔 𝑑𝑜𝑒𝑠𝑛'𝑡 𝑚𝑒𝑎𝑛 𝑓𝑜𝑟𝑔𝑒𝑡𝑡𝑖𝑛𝑔

𝚁𝙾𝚂𝙴


Allongée sur mon lit, je fixe le plafond depuis une vingtaine de minutes. Les crépitements de de la pluie contre la baie vitrée translucide m'empêchent de réfléchir correctement, attirant toute mon attention sur le bruit des gouttes qui rencontrent violemment les vitres.

Arès est absent depuis deux jours, j'ignore où il a bien pu partir.

Lorsque Ryan m'a déposé ici, il est aussitôt reparti, me laissant seule. Je crois que ma sécurité n'a plus d'importance, ou du moins je ne suis plus menacé de mort par l'un des ennemis du mercenaire. C'est réconfortant mais je mentirais si je disais que ça me plaît de ne plus être en danger. Toute l'attention était dirigée vers moi. Un drôle de sentiment comprime ma poitrine, je crois que je m'en veux de penser comme ça mais je n'y peux rien, j'aime être le centre de l'attention. Pourtant, je me retrouve une fois de plus seule, dépourvu de tout intérêt.

Et même si je déteste l'avouer, la compagnie de Arès emplit le vide qui occupe mon âme solitaire. Malgré son comportement — souvent lunatique — sa présence est rassurante.

Je me lève regarder à travers la baie vitrée le temps morose. D'énormes nuages recouvrent le ciel devenu gris tandis qu'une pluie torrentielle s'abat sur Los Angeles.

Je déteste la pluie.

Elle me déprime, j'ai l'impression qu'elle attire l'infortune. La pluie est semblable aux larmes d'un enfant qui n'a jamais su comment s'arrêter une fois qu'il a versé ses premières perles salées. L'atmosphère est étouffante..

Un soupir se dérobe de ma bouche alors que je me laisse tomber sur mon lit. Ma main glisse sur mon matelas, saisissant mon téléphone que j'élève au-dessus de moi. L'écran s'allume et affiche la date d'aujourd'hui : 1 mars 2017.

Ce mois commence mal...

Mon regard s'attache au fond d'écran. Les commissures de mes lèvres s'étirent faiblement. Chavy et Aïyana m'entourent, et m'embrassent chacune une joue. Mon sourire rayonne. C'était, il y a deux jours déjà.

Le temps passe tellement vite. Cela fait trois mois que je suis l'épouse d'Arès, trois mois que mon train de vie n'est plus aussi maussade, trois mois qui m'ont permis de rencontrer Chavy et Ryan. Trois mois qui m'ont permis de guérir en quelques sortes, si on omet l'existence chaotique d'Arès.

Une sonnerie retentit une fois puis deux, m'extirpant de mes pensées. Je me redresse tandis que je vérifie l'heure. Qui est-ce que ça peut être ? Chavy est chez sa famille aujourd'hui, et si elle venait à passer, elle m'aurait envoyer un message. Ryan, quant à lui, est en date avec sa nouvelle copine et Arès a les clés. Peut-être que c'est lui ? Je quitte ma chambre sans tarder, contente de mettre fin à mon moment de solitude.

Mes mains lissent les froissements du tissu blanc de ma robe lorsque je m'apprete à ouvrir la porte.

Mon pouls accélère, lorsque mes pupilles croisent, sous un parapluie noir, deux silhouettes qui hantent mes cauchemars depuis la nuit des temps apparaissent sur le perron. Elles arborent toutes deux la même tenue. Telle mère, telle fille.

Trois mois que je ne les ai plus vus.

Mon corps est paralysées. Ma mère est là sous mes yeux.

—    Tu ne nous invite pas à rentrer, Rose ? demande sa voix, dont j'ai oublié le son.

—    Qu'est-ce...

Les mots meurent sur mes lèvres, incapable d'aller jusqu'au bout de ma phrase. Julia, elle, perd patience et me bouscule afin d'entrer. Les iris froids de maman me lorgnent quelques secondes avant de suivre sa fille à l'intérieur.

ROSE | 1 & 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant