CHAPITRE V

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r o s e

Assise dans le couloir depuis qu'elle m'a congédier du bureau de William, mes pensées divergent. Mes souvenirs ne peuvent s'empêcher de me pourrir la vie, tout comme les mots de celui que j'aurais aimé appeler papa. Et irrémédiablement, les images de mon sixième anniversaire, qui a viré au cauchemar, me reviennent.

Parce que je n'avais que six ans lorsque le monde entier s'est mis à me blâmer pour ce que je n'ai pas commis.

Je n'avais que six ans lorsque mon destin funeste s'est imposé à moi.

Je n'avais que six ans lorsque j'ai sacrifié ma vie pour survivre...



     Aller, fais un vœu, ma rose, susurrait maman, un sourire étincelant aux lèvres.

Mes pupilles fixaient les flammes sinueuses des bougies à la recherche d'un souhait. Je fermais les yeux, inspirait une goulée d'air puis d'un coup, je recrachais tout en faisant éteindre les flammes. Une vague d'applaudissements émerge. Mon regard divaguait entre les silhouettes attroupées dans la pénombre, jusqu'à ce que je croise le regard ténébreux de Marisa qui applaudissait l'air blasé.

Je souhaite me rapprocher de mes frères et sœurs.

Mon vœu résonnait dans ma tête, et j'espérais du fond du cœur qu'il se réalise. Il ne me manquait qu'eux à mon bonheur. Seulement, la répulsion qu'ils portaient à mon égard était visible dans leurs yeux et particulièrement dans ceux de Marisa et Logan. Ils me haïssaient et ce depuis ma naissance.

Mais la présence de maman a effacé leur absence et celle de papa. A vrai dire, papa travaille beaucoup. Tellement que nous ne le voyons que très rarement. Et même lorsqu'il est présent, il reste enfermé dans son bureau.

Soudain, la lumière qui jaillissait du lustre pendu au plafond m'extirpa de ma torpeur. Papa venait d'entrer. La mâchoire crispée et les sourcils froncés, son torse gonflait par intermittence au rythme de sa respiration. Il a l'air en colère. Ses cheveux blonds, habituellement plaqués au gel, étaient ébouriffés et quelques mèches lui tombaient sur le front.

Toute l'attention l'encerclait tandis que lui me fixait de son regard aussi noir que les profondeur de l'océan. Il fonça vers moi et une fois à sa portée, il m'empoigna l'avant bras et me tira violemment sans aucune explication.

     Qu'est-ce que tu fais ? osait dire maman.

Son silence me tord l'estomac pour une raison que j'ignore.

    Réponds-moi, William ! insistait-elle en criant.

Papa s'arrêta et lança un regard à l'attroupement derrière nous.

    La fête est finie, vous pouvez rentrer chez vous.

Il reprenait sa route sans rien n'ajouter, me tirant toujours plus fort sans se soucier du mal qu'il pouvait me faire. Les muscles figés, je ne pouvais pas me débattre. J'étais pétrifiée par son comportement soudain agressif, alors je me contentais de le suivre.

Et lorsqu'un élan de courage me prenait les tripes, je lançais hésitante :

    Papa...qu'est ce qui ce passe ?

Silence.

J'abandonnais vite l'idée qu'il me dise quoi que ce soit dès lors qu'il resserrait sa main autour de mon poignet. La douleur était insupportable. Mais une fois arrivée devant ma chambre, il me jeta à l'intérieur et m'enferma à double tour. Assise au sol, je regardais la porte blanche, encore effarée par la succession des événements qui venait de se dérouler sous mes yeux.

ROSE | 1 & 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant