𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐗𝐗𝐗𝐈

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𝚁𝙾𝚂𝙴


— T'éloignes pas trop de moi si jamais quelqu'un me parle, me prévient Arès.

J'acquiesce tout en le suivant de près dans l'immense corridor aux murs blancs garnies de tableaux onéreux. Arès a été invité à un gala de charité organisé par une famille avec laquelle son père entretient des relations professionnelles et peut être même amicales.

En quelque sorte, sa présence est requise. Il représente Giovanni qui n'a pas pu se déplacer.

Il m'a demandé de l'accompagner — enfin je n'avais pas trop le choix non plus — afin d'éviter qu'il s'ennuie des festivités qui le lassent assez rapidement.

Notre image de couple en public n'est plus un fardeau que je dois supporter. Je n'ai plus à faire semblant puisque tout se concrétise réellement.

Officieusement, nous ne sommes pas encore un couple. Je ne suis sûre de rien, Arès n'a rien dit par rapport à ça. Peut-être qu'il ne veut pas de cette appellation pour nous désigner.

Il y a un nous, c'est déjà suffisant. Même si, ça permettrait de me rassurer, j'ai peur qu'il se lasse de moi.

L'esprit absorbé dans une vague de pensées, je ne remarque pas qu'Arès s'est arrêté en plein milieu du couloir jusqu'à ce que je percute son dos.

— Qu'est-ce que tu fais ? je demande, alors qu'il regarde un tableau suspendu au mur.

— Rien, dit-il avant de continuer à marcher.

Je jette un rapide coup d'œil à la peinture. Une femme brune, le regard rivés vers le jardin qu'elle voit à travers la fênetre de sa chambre, prend la quasi-totalité de la toile. Tout ce qui se trouve autour d'elle est assombri sauf la fenêtre qui est le seul point de lumière.

N'entendant presque plus les pas du mercenaire, j'interromps mon observation de l'œuvre d'art et trottine jusqu'à lui. Mon bras s'enroule autour du sien une fois à son niveau.

— Tu es de mauvaise humeur on dirait, lancé-je à son intention.

Ses yeux noirs trouvent mes iris verts tandis que sa main saisit la mienne, comme pour me rassurer.

— Non, c'est juste que j'aurais préféré rester à la maison avec toi.

— Tu dois juste parler à l'ami de ton père, non ?

Il acquiesce, alors que nous pénétrons dans la salle de banquet. Un éclat doré illumine la pièce où les convives profitent de l'allégresse des festivités.

— On partira à vingt et une heures, pour l'instant on subit ça.

Il m'attire jusqu'à un coin assez isolé, évitant les convivialités avec d'autres invités. Malgré moi, je ne peux m'empêcher de remarquer qu'il est toujours aussi taciturne, Arès n'est pas du genre bavard. Une grande partie du temps, il observe en silence les faits et gestes de chacun sans émettre de jugement.

Heureusement, depuis quelque temps il s'ouvre plus, tout autant que moi au final. Je n'arrive pas à me l'avouer mais je suis comme lui en apparence. Froide et taciturne. Pourtant, je m'ouvre rapidement aux personnes qui souhaitent échanger avec moi contrairement à lui.

C'est ce qui nous différencie.

— William est là aussi.

Je suis son regard jusqu'à tomber à mon tour sur une chevelure blonde et une carrure imposante de l'autre côté de la salle de réception. Entouré d'une dizaine de personnes, il sourit et les charme comme il sait bien le faire, et tous tombent dans le piège.

ROSE | 1 & 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant