Evan
Une semaine que Candice intervient chez moi. Ou plutôt fait acte de présence. Elle et Lina ont un double des clés de chez moi à présent, elles connaissent déjà le code de la porte de l'immeuble. Elles m'ont montré que je pouvais leur faire confiance.
Charly vient m'aider à me mettre sur mon fauteuil roulant. Candice pourrait très bien s'en charger mais j'ai pris cette habitude avec mon ami. J'arrive à tolérer que Charly me voit vulnérable mais je ne l'accepterai pas de quelqu'un d'autre. Charly vient de partir. La sonnette se fait entendre. Je regarde l'heure. Il est 6h55. Ponctuelle comme toujours. Je ne prends même plus la peine de l'attendre pour éviter les faux semblant de bienséance. Aujourd'hui , je suis attablé à la cuisine en train de boire mon café.
— Bonjour Evan. Comment allez-vous ?
— Ne vous donnez pas la peine de me poser la question tous les jours, la réponse sera toujours la même.
— Et bien ! Vous vous rendez compte que c'est la première fois depuis plusieurs jours, que vous faites une phrase complète ? Tout n'est donc pas perdu pour vous !
Je fais demi-tour pour rejoindre le salon sans répondre à sa provocation quand je la vois sortir un livre de son sac.
Clairement ce n'est pas le travail que je lui demande qui l'étouffe depuis une semaine. Elle ne me propose même plus la douche. Après plusieurs jours de tentative, elle a fini par déclarer forfait. Elle se sert un café et attend que ses heures passent avec un bouquin. Ce matin, elle ne déroge pas de ses habitudes. Elle n'insiste pas. C'est quelque chose que j'apprécie chez elle. Candice ne me traite pas comme un enfant capricieux. Elle me laisse mon libre arbitre et le loisir d'accepter ou de refuser. Mes anciennes infirmières ne se comportaient pas ainsi. Certaines insistaient, me réprimandaient et me faisaient la morale. Ça m'exaspèrait. Les suivantes n'en ont pas eu le temps. Au fur et à mesure, j'ai développé une tactique pointue, l'attaque par méchanceté. C'est satisfaisant et extrêmement efficace pour faire fuir les parasites. Mais, Candice est résistante et répond coup pour coup à mes offensives. J'ai donc battu en retraite dans le salon. En temps normal je la laisse dans la cuisine. Je dois dire qu'elle fait preuve de discrétion.
Mais ce matin, l'envie de la taquiner me titille.
— Attrapez moi dont les céréales dans le placard Candice sans en déguster la moitié.
— La seconde moitié finira dans votre barbe de toute façon. Au moins moi, je leur rendrai justice.
Elle attrape le paquet et poursuit.
— Vous n'avez jamais pensez à manger autre chose pour vos repas ? Vous qui étiez un homme qui aimait prendre soin de lui et de son apparence.
— Qu'est ce qui vous fait dire ça ?
— J'ai vu des photos de vous avant votre accident chez vous. Et aussi, vous avez une salle de sport accolée à votre salon. Tout le monde n'a pas les moyens et surtout l'espace d'avoir ce genre de matériels . J'en déduis donc que vous étiez un homme sportif, qui même encore aujourd'hui voue un culte à la maigreur et aux corps sans défaut.
Elle bluffe. J'ai retiré toutes les photos qui pouvaient me rappeler ma vie d'avant. Celles qui restent se trouvent à l'étage. Elle n'est jamais sortie de la cuisine. La question est : Pourquoi bluffe-t-elle ?
Je reviendrai dessus plus tard. En attendant, j'ai un duel à gagner. Je rétorque aussitôt :
— Ce qui n'est pas votre cas quand je vous regarde Big Mama. Je vous autorise d'ailleurs à utiliser ma salle de sport lors de vos visites. Vu que vous n'avez rien à faire, autant mettre ce temps là à profit.
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La peur ne se fuit pas ... {terminée}
RomanceCandice vit à Paris. Evan vit à New York. Une rencontre fortuite dans un avion plein de promesses mais manquées... ils ne se sont plus jamais revus. Quatre ans plus tard, leurs chemins se recroisent. Les épreuves de la vie les ont changées. Candice...