Chapitre 11

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Candice

   Charly nous a convoqué chez Evan, pour préparer son retour à domicile. C'est imminent ! Il va beaucoup mieux. Son séjour à l'hôpital lui a visiblement fait du bien. J'espère que ses séances avec le psy sont aussi salvatrices que les miennes. Je ne me sens pas vraiment, de revivre une nouvelle tentative de sa part. 

    Une part de moi est stressé de revoir Evan, je ne peux pas m'empêcher de voir l'homme que j'ai rencontré dans cet avion, quatre ans plus tôt. Je ne suis pas vexée qu'il ne m'ait pas reconnu... bon... peut-être un peu, pour être totalement honnête. J'ai tellement changé, à tous niveaux. Je n'étais pas du tout la même personne avant de rencontrer mon mari. J'étais insouciante, lumineuse, ambitieuse et je croquais la vie à pleine dent. Mais j'étais surtout plus mince. Mon visage s'est arrondi et mes joues sont moins saillantes. Il m'arrive de ne pas me reconnaître moi-même, alors comment aurait-il pu le faire. Je me regarde dans le miroir de l'entrée. Il me renvoie les vestiges de mon passé, avec mon mari. Au-delà de mes kilos en trop, je me rends compte surtout, que mon regard a changé. Comme s' il avait perdu son éclat. Ses coups ont érigé une forteresse d'épines et de cendres autour de mon âme. Je lui en veux pour ça. Je m'en veux encore plus, de m'être laissé faire. Mais, ces derniers temps, je dois admettre que je me sens plus forte. J'arrive à sortir plus facilement de ma zone de confort. À croire qu' Evan y est pour quelque chose. Il a éveillé en moi une force et une envie que je pensais avoir perdu. La force de lui faire face, l'envie de l'aider dans son désastre intérieur. 

   Cette autre part de moi qui a envie de le revoir, pour constater qu'il va mieux. Mais surtout, pour revoir l'homme qui m'a marqué, il y a quatre ans. C'est fou comme certaines rencontres vous marquent au fer rouge, pourtant nous n'avons pris qu'un vol et n'avons que très peu discuté. Je l'ai observé tout le long de ces huit heures. Sa mâchoire carré, son nez droit et son regard concentré m'ont attiré comme des aimants. Incapable de prendre les devants avec un homme qui me plait. J'ai espéré échanger nos numéros jusqu'à ce qu'on quitte l'aéroport. Visiblement, ce n'était pas dans ses projets. Je l'ai regardé jusqu'à ce qu'il monte dans sa voiture. Il m'a bien proposé de m'amener en centre ville mais Lina allait arriver et me retrouver seule avec lui m'a angoissé. Une vraie ado. J'ai raconté ma rencontre à ma meilleure amie, elle m'a presque engueulé de ne pas avoir accepté son invitation. Je l'entends encore me dire "par moment, je te mettrai des claques".

   La porte claque et me fait sortir de mon introspection. Lina passe la tête dans le salon et lance joyeusement.

       — J'ai nos repas ! J'espère que tu as faim, j'en ai pris pour un régiment.

       — Je meurs de faim !

       — Alors à table !

      Lina étale la nourriture sur la table basse, je constate qu'elle a dit juste. Un vrai festin !

       —  Prête pour notre rendez-vous avec Charly ?

   Nous avons rendez-vous à 14h. Il n'a pas été évident de trouver un créneau convenant à Charly, Lina et moi. Je réponds.

       —  Oui, je suis contente qu' Evan puisse rentrer chez lui.

       —  Même s'il me tape clairement sur le système avec ses vannes, je dois admettre que c'est rassurant. Je vais pouvoir recommencer mes séances de torture. Je me suis ennuyée pendant trois semaines. 

   On se regarde avec de gros yeux ronds. Surprise par nos paroles. Lina lance.

       —  Je ne pensais pas dire ça un jour. Ça ne doit pas sortir de chez nous. D'ailleurs on va tout de suite arrêter d'en parler avant de dire des choses qu'on regretterait.

La peur ne se fuit pas ... {terminée}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant