Chapitre 28

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Evan

   Mes doigts parcourent l'entièreté de son corps. Sa peau est douce et chaude. Elle sent délicieusement bon. Ses cheveux blonds sont éparpillés sur l'oreiller comme un champ de blé. À cet instant, elle ressemble à un ange. Elle dort à point fermé mais je peux quand même imaginer son regard. CE regard. Il m'avait déjà captivé il y a quatre ans. J'ai pensé à elle pendant des mois après notre rencontre. À plusieurs reprises, j'ai pensé la retrouver. Mais courir après les filles n'était pas mon genre. Elles avaient tendance à venir d'elles même. Encore une fois, j'étais tellement obnubilé par mes problèmes que je ne lui ai pas prêté attention. Quand je l'ai vu arriver hier, mes souvenirs se sont débloqués. Revoir Candice et découvrir qui elle était, ma belle agresseuse de l'avion, m'a rempli de joie. Mon envie de prendre soin d'elle et de la protéger comme elle a fait avec moi n'était que plus forte. Ma main passe par-dessus ses hématomes. Certains sont plus prononcés que d'autres. Je n'ose imaginer ce qu'elle peut endurer. Chaque marque sur sa peau éveille ma colère et ma haine envers son bourreau. Mais ne la rendent pas moins belle pour moi. La honte l'a empêché de parler. Je ne connais que trop bien ce sentiment. 

   Se sentir vulnérable aux yeux des autres est un sentiment humiliant. Avec le recul, je me rends compte que nos histoires sont différentes mais tellement similaires sur certains aspects. Nos routes sont étroitement liées. Elle m'a sauvé. De toute les façons possible dont on peut sauver une personne. Candice se met à gigoter. Elle sort doucement de son sommeil. Je suis réveillé depuis un bon moment mais je n'ai pas pu me résoudre à me lever. La savoir avec moi me rassure. 

    — Ce que vous voyez vous plait Monsieur McKenna ? 

   Je retrouve cette chaleur quand ses yeux me scrutent. La même impression que dans l'avion.

    — Si mon infirmière l'apprend, elle risque de ne pas être contente.

Elle me met une petite tape sur l'épaule et s'étire paresseusement. J'aime qu'elle se sente en sécurité avec moi, qu'elle ne me voit pas comme un prédateur.

    — Depuis quand tu m'as reconnu ? me demande-t-elle.

    — Ne me frappe pas mais j'ai honte pour le coup. C'est en te voyant hier. J'ai eu du mal à y croire. 

    — Nous avons beaucoup changé tous les deux en quatre ans. Je ne t'en veux pas.

    — Et toi ? À quel moment as tu compris qui j'étais ?

    — À l'hôpital. Quand l'infirmière t'as forcé à te raser et te couper les cheveux. Tu te cachais bien sous cette tonne de poil.

    — Cette vieille chouette d'infirmière m'avait presque menacé de m'attacher au lit. J'en fais encore des cauchemars. Je n'aurai jamais pensé avoir marqué ton esprit dans cet avion.

— Moi, non plus, je n'aurai jamais imaginais que tu te souviennes de moi.

   L'entendre rire à nouveau apaise mes angoisses. Dans deux heures, je dois me rendre au tribunal. Candice ne m'accompagne pas mais je veux qu'elle reste à l'hôtel à m'attendre. Elle voit bien que je suis pensif et arrive à lire en moi à coup sûr. D'ailleurs sa question n'est pas anodine.

    Du coup ? Quelle est la suite des évènements ? 

   Je reste allongé à ses côtés mais la rapproche de moi.

    — Je vais partir au tribunal. Toi tu vas m'attendre ici. La première chose à faire est de demander une mesure d'éloignement. Comme ça, personne ne pourra te reprocher d'avoir quitté le domicile conjugal et j'enchainerais avec ta demande de divorce. Ton avocat sera là aussi.

La peur ne se fuit pas ... {terminée}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant