Chapitre 20

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Evan

Candice est face à moi. Les larmes aux yeux. Tentant de retrouver une contenance. Elle ne s'est jamais faite prier pour me dire les choses. Mais elle m'a prise de court. Elle m'a envoyé en pleine figure ce que je m'efforce de ne pas dire à voix haute. J'ai peur. Cette dernière ma paralyse. Mes décisions ne sont plus rationnelles. La preuve. J'ai tenté de mettre fin à mes jours. Quand elle est là, l'image de mon paternel lui est presque associée.  

« Tu n'es qu'un bon rien. Un minable. Repenser à ses paroles me procure des tremblements ».

La présence de Candice me ramène à la réalité. Elle a dû sentir mon trouble. 

   — Tout va bien ? me demande t-elle.

Je la regarde tel un petit oisillon abandonné. J'ai l'impression d'étouffer. Ma bouche est sèche. Candice part me chercher un verre d'eau. Je lui arrache presque des mains quand elle me le tend. Je le bois d'une traite. Le liquide frais apaise ma bouche asséché. Candice vient plus prêt et me prend la main. Elle la serre. Je ne lis  pas de pitié, ni de jugement dans ses yeux. Mais de la compréhension. Nous restons comme ça un moment. Dans le silence. Les minutes passent et ma panique s'apaise. Candice n'a pas bougé. Elle tient toujours sa main dans la mienne. Soudain, sans réfléchir, les mots que j'ai si peur de prononcer sortent :

   — Oui j'ai peur. Peur d'espérer à nouveau. De m'y accrocher. Pour qu'on me dise que ce n'est pas possible. Ou que l'opération ne marche pas. Je ne veux pas être brisé de nouveau. Je ne veux pas décevoir mon entourage. 

Tel un tsunami, je déverse toutes mes angoisses, mes peines. Candice ne dit rien. Elle me laisse parler et m'écoute avec attention. Mais mes derniers mots la font réagir.

   — Pourquoi tu décevrais ton entourage ? Je ne comprends pas.

Evidemment, je ne lui ai jamais parlé de mon père. Difficile pour elle de comprendre.  

   — Mon enfance n'a été que brimade, dénigrement. Pour mon père, je n'ai jamais été à la hauteur. Il m'a toujours reproché d'être faible, qu'un bon à rien. Je me suis plié en quatre, pour être un jour, digne de porter son nom. Mais en vain. La dernière fois que je l'ai vu, il m'a reproché d'avoir perdu l'usage de mes jambes. Tu comprends, avoir un fils handicapé n'est pas bon pour son image. C'était la honte assuré selon lui.

   — C'est à cause de lui ? Ta fixation sur le physique des gens ?

Je sais pas très bien à quoi elle pense. Le magnifique surnom que je lui ai affublé. Avec le recul, je me rends compte de mon comportement. Un bel enfoiré. Le digne fils de son père.

   — C'est difficile à croire, mais quand on t'as mis en tête toute ta jeunesse, que seul les gens beaux réussissent, il est compliqué de penser autrement. Mon père a essayé de me formater depuis ma naissance. Pour être le fils parfait.

   — Et ta mère ne s'est jamais opposée à lui ?

   — J'ai pu garder les pieds sur terre grâce à elle. Il faut savoir que mon père n'était pas tendre avec elle non plus. Il n'a jamais été violent physiquement mais ces paroles étaient très dures. Il lui reprochait souvent de trop me couver.

J'entends encore la voix de mon père réprimander ma mère.  

« A trop le couver, tu vas en faire une chiffe molle. Il a besoin de s'endurcir. Ce n'est pas avec des câlins et des bisous que l'on éduque un enfant ».

   — Certaines insultes étaient plus virulentes.

   — Ton enfance n'a pas dû être facile. Je comprends mieux tes angoisses. Ta mère et toi avez eu du courage pour supporter ce comportement.

La peur ne se fuit pas ... {terminée}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant