La peur ne se fuit pas ... {terminée}

Chapitre 23

Candice

Evan :
Ma mère vient de m'annoncer ton départ. En espérant que ta mère se rétablisse vite. L'opération s'est déroulée à merveille. Et une magnifique surprise m'attendait à mon réveil. Ne tarde pas trop à revenir. On va commencer à prendre du retard sur ta remise à niveau cinématographique. Au regret de ne pas t'avoir à mes côtés. Je t'embrasse 😘

   Mon cœur se serre en lisant ses mots dans le taxi qui me conduit à l'aéroport. Je souris en regardant la vidéo de ses orteils qui se plient. Je suis heureuse pour lui, il le mérite tant. Cette conclusion ajoute un poids à mon âme. Je ne serais jamais témoin de ses nouvelles facultés. Je ne pourrais jamais l'accompagner dans sa progression. Malheureusement, je ne serais plus là pour lui. Bien sûr ça me crève le cœur, j'ai conscience que mon mari a des qualités incroyables quand il agit au bloc. Son calme olympien, ses étirements et son assurance dans un bloc force l'admiration. Ses résultats encore plus. Je me suis laissée happer. Il est à la fois le sauveur de ses patients et mon bourreau. Une fois de plus son chantage m'éloigne des personnes que j'aime. 

   J'arrive devant l'aéroport! Il est déjà là ! Classe et beau avec un sourire magnifique aux lèvres mais je ne peux m'empêcher une inspiration désespérée. Je force un sourire pour lui répondre. Il s'approche de moi en écartant ses bras. Je n'ai aucune envie de m'y glisser, pourtant je m'exécute et une larme glisse sur ma joue. Il s'écarte et s'en aperçoit. Il l'écrase avec son pouce. Son geste n'est pas doux et son regard est dur.

    — Ressaisis-toi ! Tu ne vas pas te donner en spectacle devant tout le monde.
Il tire sa valise derrière lui et m'attrape par le bras.
    — Allons nous enregistrer !

   Ma valise est lourde et ralentit mon pas. Je sens sa pression sur mon bras plus grande pour me signaler de me presser. J'accélère le pas malgré moi comme guidée par mon marionnettiste. Mon corps ne peut s'empêcher de lui obéir. Je baisse la tête et avance jusqu'à ce qu' il s'arrête. Nous sommes au guichet. Je donne mon passeport et il tend mon billet. Il repart et je le lui suis. Il est le maître et moi le chien. Je ne ressens rien. J'exécute ! C'est le prix à payer pour que tout se passe au mieux. Je reprends mes anciens réflexes comme s'ils ne m'avaient jamais quitté. Nous sommes installés en première classe et je ne peux réprimer le douloureux souvenir de ma rencontre avec Evan. Le regard vicieux de François me ramène à la réalité. Ce n'est pas Evan mon voisin de voyage. François pose sa main sur mon genou et murmure à mon oreille.

    — J'ai tellement hâte d'arriver à Paris, pour recommencer notre vie là où nous l'avions laissée.

   Je relève la tête et lui offre un sourire résigné. Je pose ma main sur la sienne et la retire et l'entoure de mon autre main. Je feins la reconnaissance.

   Le vol s'est plutôt bien passé. J'ai dû simuler un sommeil profond pendant les trois quart du vol pour éviter les contacts insistant de François. Nous sommes sur le sol parisien et arrivons dans l'allée de ce qui été autrefois ma prison. Je fixe ses murs qui m'ont étouffé tant de fois. Je ressens la douleur comme si je n'étais jamais partie. François avance jusqu'au perron avec nos valise et se tourne vers moi.

    — Tu verra, j'ai fait quelques changements après ton départ. J'espère que tu aimeras.

   Il essaie de se montrer sous son meilleur jour et fais des efforts pour me le prouver mais ma raison me souffle : pour combien de temps ...

*