La peur ne se fuit pas ... {terminée}

Chapitre 8

Evan

Il est déjà 19h, je suis épuisé. L'image de Candice accroupie se couvrant la tête pour se protéger de moi me hante. Elle ne peut pas avoir peur de moi. Je ne peux pas m'y résoudre. J'ai refait la scène plusieurs fois dans ma tête. Mais rien y fait, je n'arrive pas à comprendre. Il manque des pièces au puzzle. J'ai besoin de réponse. La seule à pouvoir m'en apporter est mon tyran quotidien. Lina. Il faut que je réussisse à lui soutirer des informations. Mais comment faire pour que ça ne paraisse pas intrusif ? Le bruit des clefs m'indique qu'elle arrive.

— Bonsoir ! s'exclama Lina en passant la porte. Mais ... Evan ? Pourquoi restez-vous dans le noir ?

Elle allume la lumière pour accompagner ses paroles. Obnubilé par Candice et les milles questions qui l'accompagnent, je n'avais pas remarqué que la pièce était assombrie par le ciel couvert. La luminosité me fait plisser les yeux. Ça fait des heures que je suis dans le noir, dans tout les sens du terme.

— Bonsoir Lina !

— Vous vous sentez bien ? Vous êtes pâle.

Elle a beau me maltraiter, je ne peux pas lui enlever son sens de l'observation. Ce qui a tendance à m'agacer aussi.

— Je me sens un peu fatigué. Mis à part ça, tout va bien.

— Vous avez mangé ?

Je me rends compte que je n'ai rien avalé de la journée. A croire que mon cerveau est connecté à mon estomac. Ce dernier produit un gargouillement bruyant.

— Je crois que j'ai ma réponse. Vous devez manger Evan. Votre traitement ne vous permet pas de sauter des repas. Même si je ne considère pas les bols de céréales comme un véritable repas, c'est toujours mieux que rien.

— Ça va Lina. Épargnez-moi la leçon. J'ai passé l'âge. Préparez-moi un bol, si vous voulez bien.

— Non, vous êtes peut-être buté mais moi aussi.

— Au cas où vous n'auriez pas remarqué je ne suis plus un enfant.

— Alors, cessez de vous comporter comme si vous en étiez un... Ok ! On va changer de stratégie. J'ai une proposition. J'écourte votre séance d'aujourd'hui et je vous commande un repas. Un vrai repas ! Je peux même vous accompagner.

— D'accord !

Lina m'offre un sourire satisfait. Elle se gonfle de fierté. Elle ouvre la bouche pour ajouter quelque chose mais je la coupe dans son élan.

— Si je peux écourter ma séance...

Il y a du vrai dans ma réponse. Mais j'ai surtout une enquête à mener et ce repas peut être une ouverture. Elle souffle de lassitude.

— Bien, je fais la commande. Thaï ? Ça vous va ?

— Commandez ce que vous voulez. Je ne suis pas difficile.

Nous commençons la séance. Lina me demande que très peu d'efforts aujourd'hui. L'interphone résonne. Elle revient avec un sachet kraft et dépose notre repas sur la table de la cuisine. Lina m'observe avec un regard inquisiteur et penche la tête sur le côté.

— Ok ! Qu'est ce qui s'est encore passé avec Candice? Elle a fait à peu près la même tête que vous toute la journée mais elle n'a rien voulu me dire. Et vous n'avez fait aucune remarque piquante. Je ne peux pas m'empêcher de croire qu'il y a un lien.

Putain, comment elle fait ?
Sa moue moralisatrice renforce mon sentiment de culpabilité. Mais j'ai besoin de savoir.

— Avant de me torturer, sachez que je n'ai rien fait ou dit de méchant.