La peur ne se fuit pas ... {terminée}

Chapitre 27

Candice

   J'arrive au rendez-vous que Lina m'a indiqué. Son message avait l'air urgent. Je suis paniquée et je la cherche du regard mais ne la trouve pas. Mes yeux finissent leur course sur une silhouette familière au comptoir du bar. Je me rapproche le cœur à l'agonie. Il ne peut pas être là. Je suis en train de rêver. L'immense silhouette se retourne et je peux apercevoir son visage. Il m'aperçoit et se lève de toute sa hauteur. Il est là ! Debout ! Il me regarde comme s'il avait vu un fantôme. L'intensité de ses yeux me transperce. Evan marche vers moi. Je ne peux réprimer mes larmes. Je suis si heureuse de le voir marcher, je n'aurai jamais cru pouvoir le faire un jour. Il m'enlace dans ses bras et je blottis naturellement mon visage sur son torse. Il resserre ses bras autour de moi et caresse mes cheveux. Il me guide vers l'ascenseur et nous montons. Son air est grave. Je me rends compte que nous ne nous sommes toujours pas adressé un mot. Mais je n'ose pas parler. Il sort de l'ascenseur en premier et je le suis. Il ouvre la porte de sa chambre. 

Evan rompt le silence le premier.

   — Je suis content de te voir, Candice.

   — Moi aussi Evan ! Je suis heureuse de te revoir. Tu marches ! C'est incroyable!

   Il reprend son air sévère et se racle la gorge pour éclaircir sa voix.

   — Je voulais être au calme pour pouvoir te parler. Pourquoi es-tu venue à Paris ?

Je ne comprends pas sa question. Il le sait très bien. Il ne connaît pas la vraie raison mais pourquoi ne me croirait-il  pas ? Il ne doit pas connaître la vérité.

   — Ma mère ne va pas b...

— Candice ! Je sais tout ... Lina a eu ta mère au téléphone. Je peux t'aider ! Parle-moi !

   J'avale ma salive avec difficulté. Il ne peut pas savoir. Il ne doit pas savoir.

   — Qu'est ce que tu sais ?

   — Tout ! Ton mariage ! Mon chirurgien est ton mari. Je sais pour sa violence. Lina m'a tout raconté !

   —  Elle n'aurait jamais dû ...

   Ma voix n'est plus q'un souffle. Je suis désemparée qu'il connaisse toute ma sombre histoire et qu'il se doute pourquoi je suis revenue à Paris.

   — Tu as tort ! On s'inquiète pour toi. Je voulais venir dès que j'ai appris que tu étais dans le même vol que lui. 

   — Comment ? Comment l'as-tu su ?

   — Je me suis rapprochée de ton avocat grâce à Lina. Je l'ai aidé à constituer un dossier en béton pour ton divorce. J'ai des contacts, Candice. Je peux t'aider à divorcer. Laisses moi t'aider !

   — Pourquoi ? Il ne me laissera jamais tranquille ! Tu ne sais pas de quoi il est capable !

   — Expliques-moi !

   — Je ne peux pas ...

   — Pourquoi ?

   — C'est ... humiliant ! Et puis, Lina t'a déjà tout raconté.

   — Est ce qu'il te frappe encore ?

   Mon silence en dit long. Evan me regarde avec inquiétude. Il se doute de ma réponse. Il attrape ma main avec tendresse.

   — Tu n'as pas à avoir honte. Tu as vu toutes mes blessures. Laisses moi voir les tiennes.

   Il relève la manche de mon tee-shirt avec délicatesse en me demandant la permission de son regard azur et observe mes ecchymoses. Elles sont nombreuses, certaines sont d'un bleu vif et d'autres plus violacées. Il relève la tête sur mon visage. Je suis en larmes. Il est horrifié par ce qu'il voit et je sens la colère qui gronde mais il reste calme.

   — Il t'a fait du chantage pour que tu reviennes ? C'est ça ?

   — Il ne t'aurai jamais opéré si je n'étais pas revenue.

   — Tu n'aurais jamais dû accepter.

   — Tu devais remarcher.

   — Pas à ce prix pour toi, Candice ! Pas comme ça !

  Il se retourne et commence aller-retour dans sa chambre d'hôtel en se tenant la tête.

   — Il n'y avait pas d'autres issues ... je devais le faire ...

   — Je vais t'aider ... tu vas divorcer ... ton dossier est solide. Tu vas obtenir le divorce, Candice ! Je remarche grâce à toi ... Je ne peux pas te laisser dans les mains de ce connard ! Laisses moi t'aider ! Fais moi confiance !

   Ses mots sont pleins de détermination et de promesses. Mes larmes dévalent sur mes joues et je remercie ma bonne étoile de m'avoir envoyé des personnes aussi belles sur ma route. Evan s'approche de moi pour me consoler dans ses bras. Je déverse toute ma peine sur sa chemise blanche. Il me rassure et me réconforte par ses mots. Je murmure un merci contre son torse. Je le sens se raidir et s'éloigner de moi. Par habitude, je baisse le regard. Il attrape mon menton et me pousse à relever la tête. Je m'exécute. Il me regarde avec tendresse et souffle.

   — C'est moi qui doit te remercier ! Je suis désolé ...

   Il me sourit avec gratitude et j'en fais de même. Nous n'avons pas besoin de parler, nos yeux le font pour nous. Il m'a tant manqué. Nous nous regardons avec force. Notre gratitude se transforme en attraction. Nos corps sont si près et en même temps si loin. Je n'ai plus envie de me retenir. Je ne veux plus ressentir ce vide que j'ai en moi depuis que j'ai quitté sa chambre avant son opération. Je veux le combler au plus vite. Je veux retrouver la chaleur de ses mains. Je le veux lui. Plus que jamais. Je finis par me rapprocher de lui pour l'embrasser. Evan me rend mon baiser. Il est vorace et doux à la fois. J'aime retrouver cette sensation. Elle soigne mes blessures de ces derniers mois. Je lui retire sa veste et il attrape mon visage plus anguleux à cause de ma perte de poids dans ses mains et appuie notre baiser. 

   Il attrape les pans de mon tee-shirt et le soulève. Son regard s'arrête net en voyant mon buste couvert de bleu. Je tente de me cacher avec mes mains mais il les retire avec toute sa bienveillance et commence à embrasser chacun de mes bleus. Des larmes coulent à nouveau sur mes joues. Il retire mon large pantalon et descend le long de mes cuisses et continue à embrasser mes ecchymoses. Il remonte et déverse sa frustration dans un baiser torride. Je recule et déboutonne sa chemise avec avidité. En couchant avec lui une seule fois, mon  coeur a su que ça ne suffirait pas. Il en voulait plus et j'ai ignoré tant de fois son appel. Evan m'allonge sur le lit blanc et me fait l'amour avec la même dévotion que la première fois. Je sens son coeur battre sur moi. Notre ébat est intense et rempli de promesses silencieuses. Il a un goût d'interdit et notre jouissance n'en est que plus grande. Mon orgasme se déverse dans mes veines avec fracas. Il me cloue sur place. Evan me regarde avec adoration. J'ai l'impression d'être la huitième merveille du monde. Il me sourit et murmure à mon oreille.

   — Mlle Boyer, je te retrouve enfin ...

*