Chapitre 22

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Evan

   La nuit est tombée depuis un moment. Télécommande à la main, je zappe inlassablement de chaîne en chaîne. J'attrape mon téléphone pour regarder l'heure. 02h20. Dans un souffle de désespoir, je bascule ma tête contre mon oreiller et jette la télécommande. Il n'y a rien à faire, le sommeil ne viendra pas cette nuit. Mon stress a littéralement pris possession de moi. Dans un peu moins de cinq heures, ma vie va peut-être basculer. Ma confiance et mon espoir se tiennent la main. Ils sont là. En train de grandir d'heure en heure. Mais au loin, mes démons me disent bonjour. Jamais loin ceux-là. 

   Je pèse encore le pour et le contre. Je mérite des claques. Il est trop tard pour reculer. Voilà des jours que ma tête est en surchauffe à force de réfléchir. Comme si la vérité allait me frapper tout à coup. Quelqu'un toque à la porte de ma chambre et une infirmière entre. Je suis presque déçu que ce ne soit pas Candice, on aurait pu discuter. Depuis quelque temps, j'ai constaté que ça ne me dérangeait pas de parler avec elle. Bien au contraire! J'apprécie nos échanges et elle arrive bien souvent à m'apaiser. L'infirmière me demande si tout va bien et doit sentir mon stress qui grandit. Elle me propose un calmant. J'hésite quelques instants mais au vue de l'heure, je dois vraiment trouver le sommeil. Hors de question que je passe la nuit à me faire des nœuds au cerveau. Pas besoin de parler. L'infirmière a déjà posé le comprimé à côté de moi. Je ne perds pas de temps et avale le comprimé. Au bout d'une vingtaine de minutes, le sommeil me gagne enfin.

   Il est encore tôt quand le brancardier vient me chercher. Le réveil a été difficile. Il m'a fallu l'aide de l'infirmière pour ma douche. Les effets du somnifères n'étaient pas tout à fait dissipés. Il en restait juste assez pour m'éviter de trop penser. Des coups retentissent et la porte s'ouvre sur le brancardier et l'infirmière. Elle est bien plus souriante que lui. Pendant qu'il commence à enlever les freins de mon lit, l'infirmière s'approche de moi, mon dossier dans les mains. 

    — Prêt Monsieur McKenna ?

    — Je suis prêt ...

   Mon ton est peu convainquant mais il commence à faire rouler mon lit. Malgré l'heure matinale, tout le monde s'active dans les couloirs. Une vraie fourmilière. Nous nous arrêtons devant les ascenseurs. Mon coeur va bientôt transpercer ma poitrine. Je n'ai jamais ressenti un tel niveau de stress. Nous nous engouffrons dans la cage métallique. Je m'accroche aux barrières de mon lit comme si nous allions chuter. J'essaye de me concentrer sur ma respiration pour apaiser les battements de mon cœur. Le sonnerie de l'ascenseur nous indique que nous sommes arrivés. Quand les portes s'ouvrent, je ressens le froid qui règne dans cette partie de l'hôpital. J'en ai la chair de poule. Le brancardier n'a toujours pas dit un mot et l'infirmière est occupée au téléphone. Je pense à Candice. Elle n'aurait pas pu m'accompagner jusqu'au bloc mais la savoir proche de moi m'aurait rassuré. Ma mère et Charly m'ont assuré qu'ils seraient là à mon retour. J'espère que Candice pourra se libérer aussi. Nous franchissons les dernières portes battantes avant la salle d'opération. La température dans le bloc est glaciale. Mon angoisse n'arrange rien car je me met à trembler. Respires Evan. Tout va bien se passer.

   C'est l'effervescence dans le bloc. Tout le monde s'active et se prépare. A peine arrivé, on m'enfile une charlotte sur la tête. Je ne sais pas où regarder. Des machines bipent de partout, des personnes me parlent mais j'ai l'impression que les voix sont lointaines. L'anesthésiste s'approche de moi et pose sa main sur mon épaule. Son sourire est chaleureux.
Bonjour Monsieur McKenna. Je finis de me préparer et je suis à vous. Tout ira bien.
Aucuns mots ne sort de ma bouche. Je lève le pouce. Il se dirige vers une autre salle où j'aperçois le docteur De Paragaise. Les deux hommes se saluent et se mettent à discuter. Tout le monde dans la pièce à l'air serein. Chacun sait ce qu'il a à faire. Comme une chorégraphie parfaitement maîtrisée. Plusieurs d'entre eux m'ont préparé. Mes paramètres vitaux sont désormais affichés sur le moniteur. Une infirmière s'approche de moi et dit d'une voix calme et douce.

La peur ne se fuit pas ... {terminée}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant