Chapitre 7

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Candice

    Je quitte l'appartement d'Evan. J'inspire l'air comme une droguée en manque de sa dose. Je positionne mon casque, il est, comme de nombreuses fois, depuis que je suis arrivée à New York, mon indispensable. Je n'ai plus aussi peur d'écumer le bitume qu'avant mais mon fidèle compagnon m'a tellement aidé à stopper mes crises d'angoisse. Il me coupe du monde, une bulle paisible et calme. Je n'entends pas le bruit autour de moi grâce à ce dernier. La première fois que je suis sortie de l'appartement, sur recommandation de mon thérapeute, j'étais avec Lina. J'ai entendue la voix d'un homme qui hurlait un taxi, non loin de moi, ajouté aux bruits de fond d'un chantier, j'ai commencé à ressentir des sueurs froides et l'incapacité à respirer. Lina avait eu la bonne idée de poser son casque sur mes oreilles, la musique douce et la voix délicate de Billie Eilish m'avait aidé à m'apaiser. Depuis, il est devenu mon deuxième meilleur ami. J'active mon spotify et lance Happier Than Ever, comme pour me rappeler, l'évolution de ma vie.

   Une semaine que je travaille avec Evan, notre relation n'a pas trop évolué. J'étais donc surprise, ce matin, qu'on puisse avoir une conversation presque normale . Puis, il a suffit qu'il est un énième propos dénigrant sur mon corps, pour m'envoyer six mois en arrière. J'en ai eu la chair de poule. Le soleil n'était pas là pour me réchauffer et me renvoyer sa lumière. J'ai essayé de me calmer, mais mon angoisse l'a emporté, une fois de plus. Je n'ai pas réussi à rester professionnelle, j'ai préféré prétendre un rendez-vous, pour lui échapper. Je n'aurai pas supporter une remarque supplémentaire, la peur de fondre en larme et lui exposer tous mes tourments m'était impossible. Je continue à flâner, quand la pluie vient me frapper. Je m'arrête pour contempler les gens se précipiter pour s'abriter sous un pont, dans le hall d'un magasin ou sortir leur parapluie coloré. J'observe ce manège et je me rappelle cette phrase que mon père me disait souvent « derrière chaque nuage gris se cache une lueur de soleil ». La pluie fouette mon visage, je la laisse me laver de ma noirceur.

   Une heure après, j'arrive au centre, trempée, apaisée et prête à commencer ma journée, de meilleure humeur. Je me sèche avec une serviette prise sur un des chariots du service et enfile ma tenue. Lina entre dans le vestiaire. Elle me sonde de son regard émeraude et crache.

— Vas y, balances ce qui trotte dans cette jolie tête.

— Comment ça ?

— Je vois bien que quelque chose ne va pas.

Rien ne sert de lutter, je me résous à lui parler de notre incident. Nous sommes seules dans le vestiaire.

— J'étais en train de discuter avec Evan, ce matin.

— Wooooh ! Attends ! Une minute ! Tu discutais ? Avec Evan ? Me coupa Lina,  tout en se changeant. Il avait de la fièvre ?

— C'était la première fois en une semaine, je te rassure, jusque là, j'étais toujours dans la cuisine et lui dans son salon. J'en étais la première surprise, crois-moi. Et pour une fois, la conversation était courtoise.

— Incroyable ! Se moque t'elle. Elle s'assoit pour enfiler sa paire de basket. Et à quel moment ça a déconné ?

— Quand il a fait une éternelle réflexion sur mon poids.

— Ok, je vais me le faire, dit-elle en se levant.

Je la rattrape par sa blouse pour la rassoir.

— On ne tue personne !

— Tu n'es vraiment pas drôle ! souffla-t-elle, agacée. Tu l'as bien remis à sa place, j'espère.

La peur ne se fuit pas ... {terminée}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant