Chapitre 5

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Candice

   Après 25 min de trajet en ferry et 10 min de marche, j'arrive enfin à notre appartement. Je n'ai toujours pas décoléré. Je passe la porte de l'appartement et la referme en la claquant. Ma coloc arrive en catastrophe et m'observe. Elle éclate de rire en voyant ma mine renfrognée.

    — Il est charmant, n'est ce pas ? lança-t-elle avec un sourire hypocrite.

    — Charmant ? Vraiment ? T'appelles ça, charmant ?

    — Je t'avais prévenue. Disons qu'il est quelque peu... particulier.

    —  Lina... Il m'a appelée Big Mama !

Elle me regarde, penche la tête sur le côté, avec un sourire narquois et ajoute.

    — Ok, c'est un connard. Promis, demain je te vengerai quand je lui ferai faire ses exercices de rééducation. Il se plaint tout le temps que je suis trop dure, je vais lui en donner pour son argent. Si ça peut te remonter le moral.

    — Tu es sérieuse ?

    — Comme dit Patrick : "on laisse pas Bébé dans un coin". Hors de question qu'on blesse mon amie. Ça te va ?

   — Ça me remonte le moral de savoir qu'il va en baver demain. Je hoche la tête pour dire oui.

   — Il est toujours comme ça ? Genre ...

    — Grincheux ? Insupportable ? Sans savoir vivre ?

    — Con !

    — Ehhh !!! Ce n'est pas toi qui me réprimandais, l'autre jour quand je l'ai appelé la bête ? me lança- t-elle en me faisant une tape sur le bras. Allez, viens t'asseoir et raconte moi. Ton entretien a été si terrible que ça ?

    — Lina, c'était pire que ça. J'ai été accueillie par un rigolo qui a commencé par me chanter les paroles de Hello d'Adèle. J'ai gardé la face et bizarrement, je l'ai suivi dans sa connerie. Même si on m'a déjà fait la vanne un milliard de fois. Puis, Fred Pierrafeu m'a fait une remarque sur mon poids. J'ai lancé une pique. Puis, réflexion sur mon poids, puis repique. C'était pas un entretien ça, c'était un combat de boxe verbal.

    — Je t'ai toujours dit que tu avais des airs d'Adèle. Mais je t'en supplie, dis-moi que tu as gagné le combat.

    — Bien sûr ! ... enfin peut-être pas. Je tourne en rond dans l'appartement. Mais le pire, c'est que j'avais l'impression que ma jumelle maléfique parlait à ma place. Je ne me suis pas reconnue. J'aurais jamais pensé être capable de tenir tête à quelqu'un, après tout ça. Je finis par m'arrêter de marcher et réaliser ce qui m'attends. Mon dieu... il va me détester.

  Lina me regarde avec fierté et avance vers moi pour me prendre dans ses bras.

    — Mon bébé a tellement grandi. Je suis tellement fière de toi.

    — Ce n'est pas drôle. Il m'a blessée et j'étais furieuse.

    — Je sais. Mais, moi ce que je vois ...

   Elle me tourne vers le miroir, accroché à notre porte d'entrée, et poursuit.

    — ... c'est que tu reprends confiance en toi. Et ça, c'est une bonne chose.

   — Je ressemble vraiment à Big Mama ? lui demandai-je, en observant mon reflet dans le miroir.

Elle me fixe dans ce dernier.

La peur ne se fuit pas ... {terminée}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant