Chapitre 18

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Evan

Nous sommes de retour chez moi. Candice est restée silencieuse sur le trajet. Son comportement est étrange. Elle semble préoccupée. Ma convocation a fait les frais de nervosité. Il a même fallu que je la rassure alors que le patient c'est moi. Elle m'a assuré que ce n'était rien. Qu'elle était contente pour moi que les choses bougent enfin. Dans un sens ça me touche. La voir autant stressé pour moi montre qu'elle se sent concerné. Une partie de moi se dit qu'elle tient peut-être à moi. Comme je le pensais, elle n'a pas essayé d'interférer dans mes choix. Elle m' a laissé prendre en main cette rencontre. Sa présence m'a donné une certaine confiance et sérénité. 

Nous sommes dans ma cuisine. Je roule vers la table du salon pendant qu'elle nous prépare des cafés. J'ai en main tous les documents et informations nécessaires à ma prise de décision. Je sens mon portable vibrer dans ma poche. Depuis que nous sommes sortis de l'hôpital, ma mère et Charly se passent le relais pour me harceler. Même si je comprends leur insistance, je ne préfère pas leur parler de suite de ce qui a été. Ne sachant toujours pas quoi faire, je veux d'abord en discuter avec Candice. Connaître son ressenti pour voir si je ne m'engage pas sur le mauvais chemin.
J'ouvre les messages et en envoie un commun : 

Maman et Charly:
Je viens de rentrer. Tout s'est bien déroulé. Je vous contacte quand ma décision sera définitive 😉 

Candice arrive avec nos cafés quand je pose mon téléphone. Elle s'assoit à côté de moi.  Son regard se perd sur New York. Elle remue son café alors qu'elle ne met jamais de sucre. Son teint est livide. Sa mâchoire est crispée et j'ai l'impression qu'elle a du mal à déglutir. Le docteur De Paragaise a voulu s'entretenir seul avec elle suite à notre rencontre. Soit disant pour le suivi post opératoire. J'ai de sérieux doutes sur la teneur de leur tête à tête. Je ne pense pas que donner des consignes pour des pansements nécessite l'absence du patient. Ce gars à l'air d'être du genre à draguer toutes les infirmières avec sa tête de gendre idéal. Je ne remets pas en cause ses compétences. Il connaît son sujet. Les mots qu'il emploie sont clairs, net et précis. Il a su être rassurant. C'est ce qu'il me fallait. Mais j'ai bien vu comment il regardait Candice. Elle ne l'a pas laissé indifférent. Il passait son temps à la déshabiller du regard. Son comportement m'a pas mal dérangé. J'espère que Candice l'a bien recalé. Vu le répondant qu'elle a avec moi, je ne m'inquiète pas. Je relis les documents que m'a fourni le médecin tout en buvant mon café. Candice reste toujours dans son mutisme. Je me tourne vers elle pour l'interroger.

   — Tu es bien silencieuse. Quelque chose ne va pas

Elle sursaute presque. Comme si elle avait oublié ma présence.  

   — Excuse-moi, j'étais dans mes pensées. Je suis fatiguée en ce moment et parfois je suis ailleurs.

Elle ne compte pas en dire plus. Il faudra donc me contenter de cette réponse. Je commence à la connaître et elle n'aime pas quand les gens sont insistants ou posent des questions trop indiscrètes. Concentrons nous sur le sujet principal. Je reprends la parole :

   — Alors ? Qu'as tu pensé du rendez-vous ? Ce toubib a l'air calé dans son domaine.

Elle me répond sans me regarder.

   — Oui. Il sait de quoi il parle. Ce rendez-vous est très positif.

Sa réponse me fait rire. Ce qui a le mérite de la faire réagir et de me regarder.  

   — Pourquoi tu rigoles ?

   — Je dois dire que ta réponse est bien courte. Je m'attendais de ta part à un power point m'expliquant pourquoi je dois accepter cette opération. Thèse, antithèses.

La peur ne se fuit pas ... {terminée}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant