Chapitre 10

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Evan

Je regarde par la fenêtre, agacée par ma conversation avec ma mère. Je déteste sa façon de m'imposer cette opération. Je n'ai pas la moindre envie de fonder de faux espoir à remarcher. Je ne supporterai pas un nouvel échec. J'entends le grincement de la porte de ma chambre accompagné de pas. Je ne m'attendais pas à la revoir de suite. Je n'étais pas prêt à l'affronter. Je n'ai pas envie de rencontrer son regard emplit de pitié. Malheureusement, je ne vais pas pouvoir me défiler plus longtemps. Je me tourne et lève les yeux sur elle.
Candice reste là. Figée à me regarder à l'entrée de ma chambre d'hôpital. Ses yeux bleus ronds comme des billes. Je commence à regarder tout autour de moi pour voir s'il  n'y a pas quelque chose d'anormal mais rien. C'est bien moi qu'elle observe. Je suis décontenancé par son regard et me permet une boutade. Je ne sais pas quoi faire d'autre.

   — Je sais que la coupe n'est pas franchement réussie et qu'il va falloir que je fasse venir un barber mais vu votre tête, j'ai l'intime conviction que c'est pire que ce que Charly m'a dit. On dirait presque que vous avez vu un fantôme.

Elle cligne plusieurs fois des yeux et son regard s'adoucit. Elle ne me regarde pas avec pitié ou avec jugement. Elle entre dans la chambre et dépose un sac sur la chaise.

   — Je dois bien avouer que je préfère cette transformation à la façon Henry Cavill que l'ancien Sébastien CHABAL

   — Qui çà ?

Elle rigole puis s'approche du lit. Je suis rassuré qu'elle n'est pas perdu son sens de l'humour malgré l'incident d'hier. J'apprécie qu'elle n'en parle pas.

   — Sébastien CHABAL. Un joueur de rugby célèbre en France.

Cette boutade m'arrache un rictus, en voyant la photo qui s'affiche sur mon téléphone.
Elle contourne mon lit et vient s'asseoir à côté de moi. Sa proximité me tire un frisson.

   — Comment vous sentez-vous Evan ?

   — Comme une personne qui vient d'essayer de mettre fin à ses jours. 

J'essaye de dédramatiser la situation dont je suis peu fier. La honte m'envahît. Je me reprends.

   — Ce n'est pas ce que je voulais dire ....

   — Peut être mais au moins, c'est vrai ! Vous êtes encore là et c'est tout ce qui compte. Me répondit-elle avec un ton qui semble être de la compassion.

Elle s'est inquiétée pour moi ? Bien sûr, abruti! Elle t'a retrouvé en train de gober des médocs pour aller retrouver satan.

L'enfer étant l'option inévitable pour moi.  Je n'arrive pas à comprendre comment je peux lui susciter autant de compassion alors que mon comportement envers elle à vraisemblablement dépassé les bornes. Mais je me sens attendrie par ce qu'elle dégage. Je finis par ajouter un peu penaud.

   — Finalement, votre ponctualité m'a sauvé la vie.

Je pose ma main  sur celle de Candice. Elle imite mon geste. Un courant chaud, électrique passe à travers ma peau. Elle me regarde avec douceur. Mon pouls s'accélère. Candice s'empourpre mais ne relâche pas ma main pour autant. Elle se contente de baisser la tête. Nous restons ainsi un instant. Son geste à l'effet d'un calmant et apaise ma honte. Elle ne me juge pas. Elle ne me fait aucun reproche, aucune morale. Elle se contente juste d'être présente. Les silences ont pour habitude d'être pesant mais pas à ce moment précis. Parfois, il n'y a rien à dire, la seule présence de quelqu'un suffit. C'est exactement ce qu'il me fallait. Un doux regret inexplicable s'immisce en moi. Je regarde sa main et remonte sur sa bouche puis ses yeux. Le regard de Candice se fait plus intense. Elle se reprend et rompt la tension immédiatement.

La peur ne se fuit pas ... {terminée}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant