Chapitre 9

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Candice

   Je suis partie une heure en avance de chez evan, hier. C'est la deuxième fois en peu de temps. C'était si rapide, j'en ai oublié mes affaires. Il m'a fallu m'armer de courage, pour revenir, tant je ne sais pas comment justifier mon comportement. Je ne suis pas enclin à raconter ma vérité mais je ne suis  pas à l'aise avec les mensonges. Je ne me vois pas non plus, ne rien dire. J'entre, sans sonner, ce n'est pas mon habitude, dans l'appartement d'Evan. Une boule se loge au creux de mon ventre. Je dois avouer que c'est pratique d'avoir la clef. Est-ce un signe de confiance ou la tranquillité de ne plus avoir à subir nos courtoisies matinales ? Peu importe, je m'en fiche totalement. Une aubaine de l'avoir mise dans la poche arrière de mon jean, quand je suis arrivée. Je prie pour qu'il ne m'attende pas derrière la porte. Je m'avance à pas feutrées. Je pivote, mes affaires sont toujours là, sur le comptoir de la cuisine. Quand j'observe quelque chose d'inhabituel.

   Mes yeux ne croient pas à ce qu'ils voient. Des boîtes de médicaments ça et là jonchent la table. Les blister ouverts ne présagent rien de bon. Je détourne la tête. Il est en train d'ingurgiter la totalité de la poignée qu'il a en main. Je crie. Je m'élance pour l'arrêter. Il est trop tard. Il a tout gobé. Il me fixe avec un regard vague et emplit de tristesse. Mais que lui est-il arrivé ? J'attrape mon téléphone afin d'appeler le 911. Il attrape mon bras. L'adrénaline en moi, ne me fait ni reculer ni raccrocher. Je me fige. Mon tyran me supplie du regard de mettre fin à mon appel. Je ne le fais pas. Je l'observe d'un air interrogateur et d'incompréhension. Il attrape ma main, en retire mon téléphone et le jette sur le comptoir. Je me m'élance pour le reprendre mais Evan se met à crier.

   — Ne faites pas ça ! N'appelez pas !

   — Vous venez de prendre une poignée entière de médicaments, il faut que j'appelle!
Je rattrape enfin le téléphone et le déverrouille. Mes mains tremblent.

   — S'il vous plaît... me supplie Evan.

   — C'est dangereux et non professionnel de ma part. Je ne peux pas faire comme si je n'avais rien vu. Vous vous rendez compte de ce que vous me demandez ?

   — Je sais. Excusez-moi.

   Son corps s'affaiblit, je le constate à sa voix pâteuse.

   — Que ça vous plaise ou non, je vais appeler les secours. C'est mon devoir d'infirmière, je suis désolée.

   Ma voix n'a pas la véhémence que j'aurai aimé. Je suis désolée de dévoiler ses faiblesses. Les miennes me brûlent l'épiderme bien trop souvent. Et je comprends ce sentiment de honte qu'il ressent. Je secoue la tête pour m'éclaircir les idées. Il me fixe toujours. Je compose le 911, il ne m'en empêche pas ce coup-ci. Son regard est vaseux et son corps ramolli. Il perd connaissance. Je le rattrape in extremis. Le téléphone posé sur la table en haut parleur, j'attends qu'on me réponde. Une voix féminine se fait entendre à l'autre bout du fil.

   Les secours arrivent quelques minutes après mon appel.  Je suis restée tout ce temps pour le maintenir et vérifier son pouls. Je suis inquiète par son état et par ce qu'il a conduit à commettre cet acte de désespoir qui m'a tendu les bras tant de fois. Il faut croire que mon envie de vivre était plus forte que la sienne. Les ambulanciers prennent ses paramètres vitaux. Sa tension est très basse. Il faut le surveiller. Il est dangereux que la tension d'un paraplégique ne soit pas stable et contrôlée. Je l'accompagne dans l'ambulance. Nous traversons la ville et arrivons à l'hôpital. Evan est pris en charge par les médecins. Je reste dans la salle d'attente. Je regarde l'horloge. Il est 8h45! De tout évidence, je ne pourrai pas aller travailler au centre. J'appelle pour les prévenir, prétextant un problème personnel. J'essaie d'appeler Charly et Mme Mckenna, dans la foulée mais en vain. Je leur laisse un message à chacun, leur demandant de me rappeler, dès que possible.

La peur ne se fuit pas ... {terminée}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant