Chapite 20 : Je suis désolé

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Tandis que l'ambulance file à toute vitesse vers l'hôpital, un silence pesant règne dans le véhicule. La sirène hurlante à l'extérieur contraste avec le calme tendu à l'intérieur. Mon esprit est encore embrouillé par le choc de l'agression, et une sensation d'irréalité m'enveloppe. Depuis que j'ai mis les pieds dans ce pays, ma vie semble avoir pris un tournant cauchemardesque. J'avais espéré que ces vacances seraient une bouffée d'air frais, et me voilà de nouveau en plein chaos.

Lorsque les portes arrière de l'ambulance s'ouvrent, je réalise que nous sommes arrivés à l'hôpital. Les ambulanciers me parlent en italien, mais leurs mots se perdent dans le brouillard de mon esprit traumatisé. Illona, toujours à mes côtés, prend les devants et descend du véhicule. Je reste assise sur le brancard, épuisée et engourdie, puis on me demande de m'allonger. Sans opposer de résistance, je m'exécute, trop fatiguée pour continuer à me battre. Je veux juste sortir d'ici et trouver un peu de repos.

L'ambulancière, avec ses cheveux tirés en un chignon soigné, me regarde avec des yeux pleins de compassion. Sa voix douce et rassurante rappelle celle de ma mère quand j'étais petite, déclenchant un serrement de cœur et des larmes qui menacent de couler. Je retiens un sanglot, mes pensées dérivant vers des souvenirs plus paisibles. Le brancard se met en mouvement, et le ciel étoilé fait place à un plafond blanc illuminé de néons éblouissants, presque douloureux pour mes yeux fatigués.

Illona marche à côté de moi, sa main serrant la mienne. Un médecin approche et engage la conversation avec Illona en italien avant de désigner une jeune femme pour me prendre en charge. Cette infirmière, aux traits délicats et aux yeux d'un brun réconfortant, s'adresse à moi avec une douceur professionnelle.

— Ok, je vais m'occuper de ton admission, d'accord ? commence Illona. Tu as des allergies ? Des antécédents médicaux ?

— Non, aucun, réponds-je d'une voix faible.

— D'accord, dit-elle avant de s'éloigner.

Je lui attrape le bras, la forçant à me regarder, une lueur d'inquiétude dans les yeux.

— Je ne veux pas que nos parents soient au courant, dis-je fermement.

— Quoi ? Eve, tu t'es faite agresser.

— Écoute-moi bien. Je suis tombée, cette agression n'a pas eu lieu, tu entends ?

— Qu'est-ce qui te prend ? demande-t-elle, déconcertée.

— Si nos parents apprennent ce qui s'est réellement passé, cela va retomber sur Dante. Mon père lui avait confié de veiller sur nous. Alors tu fermes ta bouche et tu ne leur dis rien.

Elle capitule finalement et se dirige vers l'accueil pendant que la jeune infirmière examine ma plaie avec soin.

— Avrete bisogno di punti di sutura, dit-elle doucement. (Vous allez avoir besoin de points de suture.)

— Hum, murmuré-je en réponse.

Elle effectue divers examens pour s'assurer que je n'ai pas de traumatisme crânien, et chaque geste est précis et professionnel. Quand elle désinfecte la plaie, une grimace de douleur me traverse le visage. Elle me fait une injection anesthésiante pour atténuer la douleur des sutures à venir. Lorsque Illona revient de l'accueil, l'infirmière termine les points.

Illona s'assied à côté de moi, son expression pleine de culpabilité.

— Quoi ? demandé-je doucement.

— Je m'en veux, j'aurais dû t'accompagner jusqu'aux toilettes. Je le sais pourtant qu'on ne doit pas se déplacer seule. Putain de merde, qu'est-ce que j'ai pu être conne sur ce coup, dit-elle en cachant son visage dans ses mains.

— Hey, tu ne dois pas t'en vouloir. Ce n'est pas de ta faute, j'ai frappé ce gars en premier.

— Et alors ? Cela lui donnait la permission de t'envoyer à l'hosto ? Je ne crois pas.

— Ils sont là ! résonne la voix de Gigi dans le couloir.

Elle entre subitement dans la chambre et me serre contre elle, me coupant presque le souffle. Je ne m'attendais pas à une telle étreinte. Je la repousse gentiment et croise son regard plein d'inquiétude. Mon médecin réprimande Gigi en italien pour son entrée brusque. Je remarque l'absence de quelqu'un.

— Dante n'est pas là ? demandé-je.

— Il est parti se chercher un café. J'ai eu du mal à le calmer pendant le trajet.

— Comment ça ?

— Quand votre ambulance est partie, l'autre guignol s'est mis à nous provoquer et Dante a voulu lui faire sa fête. Les policiers ont dû le menacer de l'arrêter s'il ne se calmait pas, explique Gigi.

Je soupire et reste immobile lorsque mon médecin applique un pansement sur mes points de suture. Elle explique à Illona qu'il faudra désinfecter régulièrement la plaie sans la toucher avec nos doigts. Elle ajoute que mon front risque de me démanger, mais qu'il ne faut surtout pas gratter.

— Grazie, murmuré-je.

La médecin s'éloigne pour préparer ma feuille de sortie. Gigi se lève subitement et fixe Illona.

— J'ai besoin d'une clope, tu m'accompagnes ?

Illona me regarde un instant.

— Vas-y, je ne vais pas me volatiliser, dis-je pour la rassurer.

Je les regarde s'éclipser, et une fois seule, je m'allonge sur le lit en fixant le plafond. La solitude fait tomber mes défenses, et les larmes coulent librement. La porte s'ouvre, attirant mon attention. Dante est là, un gobelet à la main. Il reste immobile dans l'encadrement de la porte, me regardant avec inquiétude.

— Je pensais que les filles étaient avec toi, dit-il doucement.

J'essuie rapidement mes larmes.

— Elles sont sorties fumer une clope.

Il entre dans la pièce et ferme la porte derrière lui.

— Je t'ai pris un chocolat chaud, je me suis dit que cela te ferait du bien.

Je prends le gobelet encore chaud.

— Merci.

Il s'assied sur la chaise d'Illona et soupire. Je bois une gorgée de mon chocolat, savourant la chaleur réconfortante. Nos regards se croisent, ses yeux bleus me fixent avec intensité.

— Gigi nous a dit ce qui s'est passé sur la plage, déclaré-je le regard dans le vide.

— S'il n'y avait pas eu les flics, j'aurais fait qu'une bouchée de ce fils de pute.

Il se lève et tourne en rond dans la pièce comme un lion en cage.

— Ton père m'a confié une mission, une seule. Et je n'ai pas été capable de la réussir.

— Effectivement, si tu ne t'étais pas amusé à bécoter Gigi, je n'en serais pas là, craché-je.

— Je suis tellement désolé, murmure-t-il.

La colère en moi n'arrive pas à redescendre. Je suis tellement déçu de son comportement. J'ai l'impression que je ne suis qu'un pantin dans cette histoire.

La porte s'ouvre à nouveau. Le médecin entre avec ma feuille de sortie. Elle me tend le papier et me souhaite une bonne soirée. Les filles reviennent au même moment.

— C'est bon ? Nous allons pouvoir partir ? demande Gigi avec impatience.

— Oui, dis-je en la regardant.

— Cool !

Dante se place près de la porte. Gigi entoure son bras et lui dépose un baiser sur la joue. Mes yeux oscillent entre eux, et ma gorge se serre. Je n'ai qu'une envie : retrouver mon lit.

Dis-moi que tu m'aimes [ TERMINÉ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant