Chapitre 26 : Je ne comprends pas

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Juillet | Sorrente, Italie

Depuis quelques jours, mes conversations avec Elio par message rythment mes journées. On s'envoie des SMS sur tout et n'importe quoi, ce qui m'apporte une sorte de plénitude. À la maison, l'ambiance a complètement changé. J'ai de plus en plus l'impression de ne pas être à ma place. Mon père, depuis leur annonce, se comporte comme un enfant, planifiant chaque détail du mariage. Tout ça, c'est trop. Beaucoup trop.

Heureusement, Illona partage mon sentiment, ce qui me rassure.

En entrant dans la cuisine ce matin, je trouve Giuseppa, déjà installée, en train de siroter son café tout en feuilletant un magazine de robes de mariée. Je l'ignore délibérément et attrape une bouteille d'eau dans le frigo.

— Alors, c'est comme ça que tout va se passer maintenant ? Tu vas m'ignorer ?

Je me retourne lentement vers elle, la fixant droit dans les yeux.

— Depuis combien de temps ?

— Quoi ? me demande-t-elle avec un air interrogateur.

— Depuis combien de temps tu es au courant de ta grossesse ?

Elle marque un temps de pause, puis répond :

— Depuis mi-juin.

— Eh bien, vous n'avez vraiment pas perdu de temps, dis-je, d'un ton sec.

— Eve, ce que ton père et moi faisons ne regarde que nous. Tu n'as pas ton mot à dire sur nos décisions, réplique-t-elle en attrapant sa tasse.

— Pas mon mot à dire ? Tu crois vraiment ça ? demandé-je en posant agressivement ma bouteille sur le plan de travail. C'est MON père. Je suis SA fille unique, alors oui, j'ai mon mot à dire surtout quand je le vois foncer droit dans le mur.

Elle me fixe, posant sa tasse de café avec une lenteur exaspérante.

— Nous sommes des adultes. C'est un choix que nous avons fait à deux. Il va falloir que tu t'habitues à cette nouvelle vie.

— Tu vois, au début, je me suis dit : écoute papa, laisse-lui une chance de rattraper ses erreurs et de se reconstruire. Et maintenant, je regrette de ne pas l'avoir empêché de venir ici, expliquai-je.

— Il l'a fait parce qu'il en avait besoin.

— Mais tu es qui pour savoir ce dont il a besoin ? Tu étais là quand il est devenu alcoolique après que maman soit partie ? Tu étais là quand j'ai dû arrêter mes études pour m'occuper de lui ? Non, tu ne connais que le Joseph "cool" que tu as rencontré en France. Tu n'as pas connu son autre version. Tu n'es qu'une échappatoire pour lui. Quand une nouvelle merde arrivera, il replongera. Alors quand je dis que cette grossesse et ce mariage vont trop vite, c'est que je le pense vraiment. Car je sais comment tout cela va se terminer.

Je me délecte de pouvoir enfin dire ce que j'ai sur le cœur.

— Je sais bien plus de choses sur Joseph que tu ne l'imagines. Que crois-tu ? Que nous nous sommes mis en couple sur un coup de tête ? Tu parles sans savoir, Evelyne.

Je croise les bras et fixe ma belle-mère. À cet instant, le cuisinier entre dans la cuisine, portant une cagette de légumes. Il nous salue rapidement avant d'énumérer à Giuseppa le menu du soir. Je soupire et sors de la cuisine. Sa remarque me fait réfléchir.

En remontant dans les couloirs de l'étage, je remarque la porte de la chambre d'Illona entrouverte. Je l'aperçois sur son lit, écoutant de la musique. Je frappe à sa porte, attirant son attention.

— Hey, dis-je en levant légèrement la main.

Elle retire un écouteur et me sourit :

— Hey, entre.

Dis-moi que tu m'aimes [ TERMINÉ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant