-Je suis venue te parler, mais je te trouve en train de danser seule sur le corps presque inerte de ta fille. Alors, je me demande si...-Non, parle. Dis-moi ce dont il s'agit. Je fêtais un événement important !
- Oui, Adamou vient de sortir d'ici, et il m'a offert huit mille francs. Je danse, je danse parce que je suis heureuse: cet argent m'est tombé du ciel.
- Mais ce n'est tout de même pas jusque sur ta fille malade que tu vas te permettre de..
- Ecoute, débite ce que tu as à me dire.
- Je suis venue justement te voir à propos de Maïmou. Ce que je vais te dire ne te plaira pas, mais j'aime autant te le dire parce que tout le monde le pense, mais personne ne peut te le dire.
Ta fille aime Garba, il faut t'incliner et accepter leur mariage.- C'est tout ce que tu as à me dire ? C'est ce qui t'a fait te déplacer ? Eh bien ! Ou c'est Adamou, ou c'est personne d'autre. Voilà ma décision. Le mariage de ma fille, ce n'est pas ton affaire. C'est la mienne. Et maintenant, bonne journée.
- Bien ! Je te remercie au moins d'avoir été franche dans tes propos. Mais réfléchis mûrement à ce que tu fais. Cette pauvre enfant, ton sang, que tu es en train de faire souffrir de la façon la plus inhumaine, Dieu saura lui rendre justice. Elle aime Garba, Garba l'aime, pourquoi veux-tu t'opposer à leur mariage ? Sache que le monde change à grands pas, que les choses évoluent dans ce pays, et que de nos jours, on ne peut plus obliger une fille à prendre un mari qu'elle n'aime pas. Tu dois comprendre cela et changer toi aussi. Il fallait bien que je te dise ce que je t'ai dit, même au prix de notre longue amitié et des liens de parenté qui nous unissent.
- Ah ! Ça, c'est vraiment ce que l'on appelle de l'audace. Venir jusque chez moi pour me menacer, et pour une affaire qui ne regarde que moi, voilà ce que l'on appelle de la provocation.
Eh bien ! Maïmou est ma fille et non la tienne. Ce qu'elle fait actuellement n'est que de l'enfantillage.
Elle finira par revenir à des meilleurs sentiments quand elle s'apercevra que son bonheur dépend de son mariage avec Adamou et non avec Garba; ce garçon prétentieux qui se prend pour ce qu'il n'est pas, et de surcroit incapable en une semaine de visite de faire la moitié du cadeau qu'Adamou nous a offert en une seule fois, aujourd'hui même.- Salmou, n'as-tu pas honte de vendre ta fille contre son gré à Adamou, tout simplement parce qu'il est riche ?
- Nos grands parents le faisaient en leur temps.
Ce sont donc des choses que nous avons trouvées.- Mais aujourd'hui, les choses ont changé, et les filles ont le droit d'être consultées et de choisir en toute liberté leurs futurs conjoints.
- Je ne me sens pas du tout liée à cette règle qui donne droit à une fille de se rebeller contre ses propres parents.
- Eh bien ! Dans ces conditions, fais comme tu l'entends.
Ramatou s'en retourna chez elle, déçue et pleine d'amertume. Elle informa ses voisins qui furent scandalisés par le comportement de Salmou.
Tous décidèrent de ne plus adresser la parole à Salmou, de ne plus rendre service à Salmou. Leur unique souci resta dès lors le prompt rétablissement de Maïmou. Ils parlèrent même d'alerter l'autorité administrative de la région.Le lendemain, dès la pointe du jour, Garba, comme à l'accoutumée, était au chevet de sa bien-aimée.
Pour la première fois, il la trouva assise, souriante.
Ils se saluèrent, puis se
regardèrent longtemps avant d'engager la conversation qui porta tour à tour sur les commentaires du village, sur leurs misères à eux, et sur tout ce qui les unit.
Ils jurèrent de ne pas se laisser abattre par cette épreuve si difficile et de lutter jusqu'au bout, jusqu'au jour où Salmou se verrait contrainte de céder à leur projet.
Garba s'en retourna à la maison fier, heureux et confiant en l'avenir.
Quelques instants après son départ, Adamou arriva à son tour richement vêtu.
Il salua respectueusement Salmou, puis se rendit auprès de
Maïmou:- Ma chère, je suis heureux de voir que ton état de santé s'améliore de plus en plus. Quelle chance Nous allons donc pouvoir nous entretenir de choses sérieuses engageant ton avenir et le mien, à la lumière de la conversation que j'ai eue avec ta maman.
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MAÏMOU ou Le drame de l'amour
No FicciónJe suis une jeune Nigérienne passionnée de lecture et récemment j'ai eu l'incroyable idée de vous faire part de nos romans ici au Niger Ps : Certains parti seront en langue.